Qu’est-ce que l’EXPÉRIENCE ÉTUDIANT ?

Au cours de ses études supérieures, l’étudiant est souvent livré à lui-même, enchainant les redoublements, les échecs et les reconversions à la hâte. Délaissé par une orientation pédagogique peinant à suivre la transformation accélérée des métiers, il est confronté à une offre pléthorique de formations onéreuses et de voies de garage. Devenu consommateur de formation, acquéreur de connaissances et de stages à fin d’employabilité, optimiser son expérience s’avère clé. En finir avec un gâchis qui pénalise les étudiants et la société tout entière est en jeu.

De quoi s’agit-il??

L’expérience étudiant, inspirée de l’expérience utilisateur, est la forme première de l’expérience apprenant.

Elle désigne l’ensemble des interactions, émotions et expériences vécues par l’étudiant tout au long de son parcours de formation dans l’enseignement supérieur.

Un gâchis à grande échelle à adresser d’urgence

En dehors d’une minorité d’étudiants suivant la voie royale des grandes écoles ou des formations universitaires cotées, la majorité des étudiants connait une mauvaise expérience dans l’enseignement supérieur. Livrés à eux-mêmes, mal orientés, peu motivés, déresponsabilisés dans leurs études, ils sont ignorés par le monde professionnel.

Cantonnés à des filières générales pléthoriques à l’entrée et très sélectives in fine, un nombre important d’étudiants échoue et doit se réorienter péniblement. Il s’agit bien là d’un gâchis à grande échelle qui perdure depuis de nombreuses années et qui doit être adressé d’urgence.

Comment optimiser l’expérience étudiant??

Il importe de :

  • définir et individualiser les cursus individuels de façon à diminuer le taux d’échec et augmenter les perspectives d’intégration dans la vie active par :
    • la mise en place d’un observatoire des métiers d’avenir,
    • la conception de formations en adéquation avec ces métiers d’avenir, 
    • la définition d’un parcours de formation supérieure individuel,
    • la formalisation d’un projet professionnel tenant compte des talents, des aspirations, et des affinités d’apprentissage?de chacun.
  • replacer l’étudiant au centre de son apprentissage : l’étudiant doit être mis en situation d’être acteur de l’apprentissage de ses savoirs et de ses compétences. Cela nécessite de favoriser :
    • la responsabilisation,
    • la collaboration entre élèves ou avec l’enseignant,
    • la co-création de savoirs (approche de la «?classe inversée?»).
  • apprendre à tout moment, quel que soit l’endroit, les supports : L’étudiant doit pouvoir alterner :
    • des phases de présentiel dans l’établissement d’enseignement supérieur et dans l’entreprise,
    • des phases à distance (blended learning, SPOC ou MOOC).

La formation supérieure doit être omnimodale.

  • accompagner l’étudiant tout au long de son parcours : c’est l’affaire de :
    • toutes les parties prenantes à l’expérience étudiant (enseignants, encadrement, entreprises, tuteurs…)?;
    • un «?SX designer?»?ou «?expérience étudiant designer?».
  • favoriser le développement de communautés étudiantes collaboratives  permettant l’échange, le partage et le tutorat par ses pairs :
    • fab labs,
    • espace de coworking étudiant…
  • disposer, outre le système de notation scolaire, de critères d’évaluation de l’expérience étudiant : critères qualitatifs d’évaluation de l’adéquation du parcours de formation avec le profil d’apprentissage et le projet professionnel.
  • développer des formations qualifiantes collant à la fois au projet professionnel de l’étudiant et aux besoins du marché de l’emploi. La plus forte déconvenue en termes d’expérience étudiant est l’absence de débouchés ou la précarisation.
  • associer le monde de l’entreprise à la démarche éducative pour adapter en permanence les formations aux débouchés :
    • tutorat,
    • parrainage,
    • contrats d’apprentissage,
    • échanges sur l’évolution des métiers et des compétences souhaitées.
  • améliorer les conditions de vie de l’étudiant pour favoriser le bon déroulement des études, la coopération et l’intégration professionnelle :
    • développer des espaces de cohoming ou de coliving,
    • généraliser les outils collaboratifs,
    • renforcer les junior-entreprises,
    • intégrer les jobs étudiants tout au long du parcours de formation,…)

Une mobilisation générale des pouvoirs publics et des maillons de la chaine éducative supérieure et professionnelle devrait être une priorité nationale.

Refonder l’expérience étudiant dans le sens d’une mise en adéquation des parcours étudiants avec les aspirations individuelles et les débouchés professionnels s’avère critique pour l’étudiant et la société dans son ensemble.

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