PÈRE NOËL : quelle est sa fabuleuse histoire ?

Le père Noël est un personnage mythique et folklorique lié à la fête de Noël. Il est apparu dans sa forme actuelle au milieu du XIXe siècle, bien qu’issu de croyances et de rites très anciens.

L’évêque canonisé Nicolas de Myre (IVe siècle) est considéré comme le saint à l’origine du père Noël, personnage syncrétique de multiples traditions, contes, légendes ou folklores.

Selon la légende, Saint-Nicolas aurait ressuscité des enfants découpés par un boucher, devenant depuis le saint protecteur des jeunes enfants. Personnage populaire de la chrétienté, Saint-Nicolas voit son culte se développer en Europe au début du XIe siècle avec l’arrivée de ses reliques en Italie (Bari). En sa mémoire, dans les pays d’Europe du Nord et de l’Est, le 6 décembre (à la Saint-Nicolas), un personnage habillé comme Saint-Nicolas (barbe longue, crosse d’évêque, mitre, grand vêtement à capuche) se déplace de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages. Il est souvent suivi par le père Fouettard qui punit les enfants désobéissants.Lors de la Réforme, les luthériens, rejetant le rôle patronal des saints, remplacent Saint-Nicolas par l’Enfant Jésus personnifié au début par une jeune fille suivie par Hans Trapp (le père Fouettard). La date du 24 décembre est fixée pour la remise des cadeaux ou des punitions.Aux Pays-Bas, sous l’influence des huguenots, Saint-Nicolas devient un personnage semi-laïc, « Santa Klauss ».

Au XVIIIe siècle, les souverains allemands remplacent les figures chrétiennes par d’anciens symboles germaniques (petit peuple des fées, elfes et un vieil homme de Noël distribuant en traîneau des sapins décorés de cadeaux).

Outre la référence forte à Saint-Nicolas, l’historiographie du père Noël est très complexe, car liée :

  • à la mythologie nordique : les dieux Thor, vieillard habillé en rouge et à la barbe blanche voyageant sur un char tiré par des boucs ou Odin chevauchant son cheval à huit pattes (avatar du traîneau du père Noël, tiré par huit rennes)?;
  • au «bonhomme Hiver» remontant au Moyen Âge : cet homme usé qui venait se réchauffer au feu nouveau (la grosse bûche consacrée) et à qui l’on offrait des présents ;
  • au «father Christmas» anglais et ses mascarades au moment du solstice d’hiver dans les îles Britanniques.

Au XVIIIe siècle, l’idée de Noël comme jour sacré de la famille se répand dans l’aristocratie, la bourgeoisie et le milieu des artisans. 

De fait, le père Noël dans sa représentation actuelle résulte de l’américanisation, de l’uniformisation des pratiques de Noël et de la déchristianisation.

Il est popularisé dans la deuxième moitié du XIXe siècle aux États-Unis, par cette nation d’immigrants majoritairement protestants ayant apporté avec eux les traditions européennes et les légendes des pays froids, leurs rennes, leurs lutins et leurs sapins.

Prenant le nom de Santa Claus, directement inspiré du Saint-Nicolas néerlandais (les Hollandais ayant fondé La Nouvelle-Amsterdam, l’actuelle Manhattan, au XVIIe siècle), la construction du personnage du père Noël actuel est étroitement liée à l’histoire des immigrants new-yorkais.

C’est un personnage migrant riche d’emprunts culturels divers ayant pris un peu de tous les pays où il est passé. Au début du XIXe siècle, « Old Santeclaus » est décrit à New York comme un vieil homme apportant des cadeaux aux enfants sur un traîneau tiré par des rennes.

En même temps, Saint-Nicolas est présenté comme un lutin sympathique, dodu et souriant, distribuant des cadeaux dans les maisons et se déplaçant sur un traîneau volant tiré par huit rennes. La barbe blanche, les vêtements rouges et la hotte sont présents. La mitre, la crosse et l’âne de Saint-Nicolas sont remplacés par un bonnet rouge, un sucre d’orge et un traîneau.

Au milieu du XIXe siècle, le père Noël devient un joyeux vieillard dodu à la barbe blanche, au pantalon bouffant retenu par un ceinturon noir, à la vareuse bordée de fourrure blanche, au bonnet rouge et à la hotte remplie de jouets.Au Royaume Uni, le passage de Saint-Nicolas à Noël est du à Charles Dickens et ses «Livres de Noël»(1850) très largement diffusés. Au même moment, le Harper’s Weekly new-yorkais représente «Santa Claus» vêtu d’un costume orné de fourrure blanche et d’une large ceinture de cuir. Thomas Nast, son illustrateur et caricaturiste vedette va décliner durant trente ans tous les aspects de la légende de Santa Claus qui sera largement reprise en Amérique du Nord et en Europe.Il va ainsi donner au mythe du père Noël ses caractéristiques visuelles actuelles : un petit bonhomme rond, vêtu d’une houppelande en fourrure, la pipe au coin de la bouche comme un Hollandais. Il lui attribue également une résidence officielle au pôle Nord, équidistante de la majorité des pays de l’hémisphère Nord.

Au cours de la première révolution industrielle, se met en place un processus qui associe cadeaux, commerce et moments de générosité envers les enfants : c’est l’invention de la vitrine de jouets et du mythe de la cheminée, profondément urbaine. Au début du XXe siècle, la fête se laïcise et n’est plus l’apanage des chrétiens.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’iconographie du père Noël actuel (vieillard débonnaire barbu, rondelet et jovial, à la houppelande rouge et au ceinturon noir) arrive en France avec le plan Marshall et Coca-Cola, figeant cette image du père Noël populaire aux États-Unis depuis les années 1930.Reconnu et célébré dans la plupart des pays européens et nord-américains, le père Noël est désigné sous le vocable «Papá Noël» en Amérique latine. En Asie, de nombreux pays catholiques ont adopté cette tradition occidentale (Philippines, …), célébrant Noël et le père Noël durant les vacances de fin d’année.

Dans certains pays n’ayant pas de tradition chrétienne, telle que la Chine, le père Noël est utilisé le 25 décembre comme une occasion d’offrir des cadeaux, de décorer la ville et de réunir la famille.

De fait, l’image actuelle du père Noël, personnage mélangeant de multiples traditions et légendes, est le fruit d’une mondialisation des imaginaires aux repères quelque peu uniformisés à l’image des modes de consommation.

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