FORÊTS PRIMAIRES : la déforestation proche du point de non-retour

50 % des forêts primaires ont été détruites durant le siècle dernier, 10 % depuis le début du XXIe siècle. Ces dernières ne représentent plus qu’un tiers des forêts du monde. Exceptionnelles en termes de biodiversité, d’intérêt scientifique et pédagogique, ces dernières niches écologiques sont en train de disparaître. La déforestation des forêts primaires renforce l’aggravation des maladies et des catastrophes naturelles, la désertification et le réchauffement climatique. 

Qu’est-ce qu’une forêt primaire??

Il s’agit d’une forêt vierge qui n’a jamais connu d’activité humaine au cours de son existence et dont les processus écologiques n’ont pas été perturbés.

Jamais exploitée, fragmentée ou défrichée par l’homme, elle est restée intacte ou originelle depuis des siècles. Forêt contenant des espèces indigènes, elle présente un sous-bois clairsemé et de grands arbres centenaires.

Les forêts à forte naturalité sont un patrimoine dont on connaît mal les modes de reconstitution. Une fois coupée, on ne sait pas combien de temps il faudra pour retrouver une forêt primaire : des centaines, des milliers d’années, peut-être jamais.

Quels rôles jouent-elles??

  • une biodiversité unique : les relations entre les êtres vivants résultent de millions d’années d’évolution. La forêt tropicale primaire (6 % des terres émergées) abrite 75 % de la biodiversité mondiale (70 % de la faune vivant dans la canopée)?;
  • une forte captation du CO2 : jusqu’à 6 tonnes de CO2 par an et par hectare. La déforestation renforce l’effet de serre?;
  • une fixation des maladies infectieuses issues des insectes et de la faune?;
  • la reconstitution des nappes phréatiques, si cruciales pour l’eau potable?;
  • un intérêt scientifique et pédagogique sans égal.

Où se situent les dernières forêts primaires??

Il ne reste plus que quelques forêts originelles :

–en région tropicale (deux -tiers des forêts vierges) : au Brésil en Amazonie (dont 90 % de la Guyane), en République démocratique du Congo (bassin du Congo), en Indonésie ;

– en région tempérée : en Patagonie, en Tasmanie, en Colombie-Britannique et dans l’État de Washington à l’extrême nord-ouest des États unis.

En Europe, des forêts décrites par les auteurs de l’Antiquité ne subsistent que quelques massifs en Pologne (Bialowieza), en Bosnie, en Russie et dans l’extrême nord de la Russie. Malgré un patrimoine forestier important, la France ne comporte pas de forêts primaires en métropole, seulement des forêts anciennes. La réserve du Ventron dans les Hautes-Vosges est une forêt ancienne de 300ha où la sylviculture est interdite, les espèces invasives éliminées (réserve biologique intégrale). 

Quelles sont les raisons de la déforestation des forêts primaires??

Elles sont détruites par :

  • les exploitations forestières dans les zones tropicales, à des fins de chauffage, de commerce des essences exotiques ou pour libérer des terres pour l’agriculture et l’élevage ;
  • les incendies, au Canada et aux États-Unis?;
  • les forages et les exploitations minières, en Russie et en Australie?;
  • l’élargissement des villes, la construction d’autoroutes… le «?développement?».

Quelles initiatives existent pour ralentir la déforestation des forêts primaires??

 Elles sont officiellement protégées par la Convention sur la diversité biologique, signée lors du Sommet de Rio en 1992, qui est inégalement appliquée par les pays signataires. 

Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), ainsi que plusieurs ONG  (Forest Stewardship Council,…) se sont regroupés au sein d’une initiative baptisée « Nature4Climate ». Ils ont lancé un appel à préserver les forêts à forte naturalité, ressource quasi non renouvelable, dont la durée d’exploitation risque d’être très courte.

En Asie, il est pratiquement trop tard pour sauver la forêt primaire.

En Afrique et en Amérique du Sud, c’est encore possible, mais le temps presse.

Le danger réside dans la disparition totale de forêts qui détiennent une biodiversité exceptionnelle (où les relations entre les êtres vivants résultent de millions d’années d’évolution) et jouent un rôle vital pour l’équilibre écologique de la Terre. 

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