CALLIGRAPHIE : le renouveau

La calligraphie (dérivant du grec « belle écriture »), ou l’art de l’écriture raffinée, possède une histoire et un développement millénaires, marqués par l’esthétique, le raffinement, la créativité et la beauté pure. Qu’elle soit occidentale ou orientale, la calligraphie a des règles et des formes strictes (ordre d’alignement géométrique sur la page et de tracé précis des caractères). Sous une forme moderne et peu codifiée, elle connait un renouveau important avec le développement du « lettering » ou « lettrage » esthétique ou ornemental.

La calligraphie classique

Qu’elle soit hébraïque, chinoise, japonaise, latine, islamique, persane, romaine ou anglaise, la calligraphie est le reflet d’une culture. L’invention du papier en Chine va favoriser l’essor et la diffusion de l’écriture et naturellement de la calligraphie.

La calligraphie est la forme d’art la plus caractéristique de l’aire culturelle chinoise, les styles de peinture traditionnels en étant issus ainsi que l’art au sens occidental du terme.

Elle s’est implantée au Japon par la copie des textes bouddhistes, de la poésie et de la littérature. En raison de la différence des syllabaires chinois et japonais, la calligraphie japonaise s’effectue de préférence au pinceau fin alors que la calligraphie chinoise utilise des traits plus épais.

Doté d’une connaissance approfondie des textes spirituels et littéraires, le calligraphe utilise les quatre trésors du lettré : le bâton d’encre composé de suie et de musc, la pierre à encre, le papier de riz et le pinceau, prolongements du corps et de l’esprit du maître ou artiste agissant dans « la voie ».

La calligraphie est liée à l’art de la gravure des sceaux, chaque artiste gravant ses propres sceaux.

La meilleure position pour calligraphier est au sol, avec une feutrine. Pour un Occidental, l’encre est « noire » alors que pour un oriental, les encres en bâton ont chacune des nuances de couleurs. Le répertoire graphique oriental comporte plus de 40 000 caractères.

La calligraphie latine a connu un fort développement à partir du Moyen Age grâce aux moines copistes et aux grands calligraphes chargés de contribuer au prestige des souverains et de l’aristocratie. Il s’agissait alors de réaliser une exécution parfaite pour servir la gloire de leurs commanditaires. On compte de nombreux styles calligraphiques arabes,  qu’ils soient kufiques (caractères angulaires) ou cursifs (caractères déliés).

Le lettering ou lettrage : forme de calligraphie moderne ?

Alors que la calligraphie “classique” impose de suivre des règles de formation des lettres (le ductus) ou d’orientation de l’instrument, la calligraphie moderne permet de s’affranchir d’une partie de ces règles pour obtenir une écriture plus libre. Elle est plus proche ainsi d’une écriture gestuelle. Créer un nouveau style avec une écriture personnelle et dynamique est l’objectif poursuivi.

Alors que la calligraphie est une discipline d’écriture, le lettrage s’apparente à du dessin de lettres ou de mots. Chaque lettre est dessinée individuellement pour construire un mot ou une phrase, pouvant être retravaillée, déformée ou modifiée.

L’enjeu du lettering est de jouer sur la composition d’un mot ou d’une phrase en mélangeant plusieurs styles et tailles.

Outre l’équerre et la règle pour tracer les repères, une gomme, un crayon à papier classique, un stylo à dessin, un bloc à petits carreaux pour calibrer son écriture sont nécessaires.

Meilleurs alliés du lettering, les feutres pinceaux (brush pen), qu’ils soient des feutres noirs ou colorés légèrement pinceaux, réagissent bien à la pression.

Les porte-plumes qu’il soient obliques ou droits associés à des plumes pointues ou des plumes carrées en fonction de l’écriture souhaitée sont des outils classiques mais très efficaces.

Pour écrire à la plume, l’encre de chine, épaisse et visqueuse, possède une bonne adhérence. L’encre colorée est un excellent medium pour les écritures à plumes carrées, étant plus fluide Quant à l’aquarelle, elle permet d’obtenir de jolies couleurs nuancées et des traits ascendants très fins !

C’est la différence d’épaisseur entre les mouvements descendants et remontants qui font le charme d’une phrase en lettering. Les traits descendants nécessitent d’appuyer sur son feutre pinceau, à un angle de 45°,  puis de diminuer la pression et de changer pour un angle de 90° en remontant, afin de tracer un trait plus fin.

Après un petit apprentissage, ajouter de la pression au stylo, en plus de former les lettres, devient un véritable automatisme, permettant de donner libre cours à la créativité de chacun.

Non codifié, reposant sur quelques principes et outils de base, le lettrage ornemental présente de larges possibilités d’expression réhabilitant l’écriture et les caractères dans une civilisation de plus en plus orale et numérique.

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