MÉTHODE ANALOGIQUE ou SYNECTIQUE : une technique favorisant la créativité

Plus les innovations sont radicales, plus elles sont performantes. Favoriser l’émergence d’idées de rupture nécessite de penser autrement, de façon originale. Outre la pensée latérale (méthode des six chapeaux), la synectique, est une technique de pensée analogique particulièrement efficace en terme de résolution de problèmes, de créativité et d’innovation. 

De quoi s’agit-il ?

Développée dans les années 1960 par William Gordon?, la synectique est une méthode de créativité améliorée par rapport au brainstorming, recourant à la pensée analogique.

L’analogie est un processus de pensée par lequel l’esprit établit une ressemblance, fait une association d’idées, entre deux ou plusieurs objets de pensée essentiellement différents. Dans le discours, une analogie explicite est une comparaison et une analogie implicite, une métaphore.

Composé du préfixe  » syn  » (ensemble) et du suffixe  » ectos  » (externe), le terme  » synectique  » désigne la réunion d’éléments hétérogènes dans le but de  » rendre l’insolite familier  » (rendre le nouveau familier et retrouver sa capacité d’étonnement).

Il s’agit d’aller chercher des idées dans des domaines déjà explorés pour résoudre des problèmes. Concrètement, un problème est transposé dans un champ d’application opposé en vue de l’envisager sous des angles différents et de générer de nouvelles idées et de stimuler la créativité. 

Quelles en sont les différentes phases ?

  • Analyse du problème : il est procédé à l’étude du problème et est répondu aux différentes questions posées par le groupe.
  • Proposition de solutions spontanées : il s’agit de trouver spontanément des solutions et de les noter.
  • Reformulation du problème : il est demandé aux participants de reformuler le problème et de le voir sous un autre point de vue. Le but est de s’éloigner un peu du problème et de procéder à une réflexion abstraite.
  • Analogies directes : il s’agit d’effectuer les premières analogies directes à partir d’un domaine spécifique bien maîtrisé par chaque participant.
  • Analogies personnelles : tous les participants doivent développer et proposer une analogie personnelle. 
  • Analogies symboliques : les participants sont incités à choisir une analogie traitée de façon inhabituelle, symbolique ou paradoxale.
  • Une seconde analogie directe : il s’agit de trouver des analogies directes issues du même domaine thématique.
  • Analyse de l’analogie directe : étude de ses traits caractéristiques et de ses principes de fonctionnement .
  • Application au problème : mise en rapport des analogies et du problème.
  • Formulation des solutions : formulation de solutions en se basant sur les idées identifiées.

À la différence du brainstorming,  la synectique requiert une sélection préalable et une formation prolongée des participants.  En effet, les participants doivent :

  • être curieux,
  • avoir le goût de la résolution de problèmes complexes,
  • disposer d’une bonne intuition et d’une confiance dans leur propre jugement,
  • être autonomes et avoir le goût du risque,
  • disposer d’une grande flexibilité de pensée (adapter son raisonnement à des informations variées, faire des associations, avoir des facilités métaphoriques, une pensée originale et une bonne expression verbale),
  • avoir des compétences dans le domaine créatif et une bonne connaissance de l’environnement socio-économique, technologique, politique ou réglementaire,
  • être motivés (volontaires et encouragés par des incentives).

La composition du groupe (diversité fonctionnelle des participants) et son mode de fonctionnement (peu formalisé, collaboratif, dépourvu d’urgence immédiate) sont très importants.

Quelles en sont les limites ?

La synectique ne convient pas aux projets qui nécessitent une réponse créative rapide, car elle recourt à un grand nombre d’étapes. Il faut parfois surmonter des blocages dans la phase d’analogies personnelles. De plus, elle demande un temps de formation et beaucoup d’entraînement avant d’être maîtrisée. 

“Les chocs culturels stimulent la créativité.”

Lindsay Owen-Jones

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