MERVEILLE DE L’ANTIQUITÉ : le colosse de Rhodes

Le colosse de Rhodes était une statue du dieu Soleil Hélios en bronze d’une hauteur de trente mètres érigée sur l’île de Rhodes vers 292 av. J.-C. Renversée en 227 av. J.-C. par un tremblement de terre, la statue brisée resta en place jusqu’au VIIe siècle ap. J.-C. Considérée dans l’Antiquité comme la sixième des Sept Merveilles du monde, il n’en reste plus aucune trace aujourd’hui.

Son histoire

Après la mort d’Alexandre le Grand, ses généraux se partagèrent son empire.

Alors que Ptolémée 1er, général macédonien d’Alexandre le Grand, occupait la position de satrape d’Égypte, Antigone, autre général d’Alexandre le Grand, roi de Macédoine, mit sur pied une armée et une flotte pour attaquer l’Égypte. Il en confia le commandement à Démétrios, qui, en 305 av. J.-C. essaya de prendre le contrôle de Rhodes favorable à Ptolémée. Le siège de Rhodes dura une année. Démétrios, échouant du fait de la résistance acharnée des Rhodiens, finit par conclure un traité de paix.

Charès de Lindos, sculpteur grec, fut sollicité par les Rhodiens pour ériger un colosse représentant le dieu Soleil Hélios, dieu tutélaire de Rhodes, afin de commémorer la résistance de Rhodes au blocus de Démétrios. Il établit un premier devis. Lorsque les Rhodiens lui demandèrent une nouvelle estimation pour une statue deux fois plus grande, il se contenta d’en doubler le montant. La commande lui fut confiée, mais il tomba rapidement à court de fonds (le coût des travaux ayant été largement sous estimé) et se suicida de honte.

La construction du Colosse

Malgré le suicide de Charès de Lindos, la construction laborieuse du colosse fut menée à son terme. Le colosse était constitué d’un squelette de bois, recouvert d’immenses plaques de bronze et lesté de pierres. Construire une statue d’une pareille taille étant impensable à cette époque, cette prouesse technique lui valut d’être placée sur la liste des Sept Merveilles du monde.

L’hypothèse apparue à la Renaissance d’une statue aux jambes écartées sur le grand port de Rhodes, telle un « porte d’entrée » permettant aux bateaux de passer sous elle, parait pour des raisons techniques hautement improbable aujourd’hui.

En revanche, la statue aurait pu se situer sur les hauteurs de l’île surplombant l’archipel ou à l’entrée du port militaire de Rhodes figurant un « Hélios saluant » de la main droite.

Sa destruction

Vers l’an 227/226 av. J.-C., le colosse fut détruit par un tremblement de terre qui le soumit à une torsion au niveau des genoux. Les morceaux de bois et de bronze demeurèrent sur place, un oracle interdisant de redresser la statue.

Au VIIe siècle, les Arabes (Sarrasins) s’emparèrent de Rhodes et pillèrent tout ce qui était monnayable. Le colosse n’était plus que deux jambes rompues en dessous du genou comme le racontent Pline et Strabon, confirmant l’hypothèse d’une statue sur les hauteurs de l’ile aux pieds non écartés.

Au XIIe siècle, Michel le Syrien dans sa Chronique (Extrait 573-717) raconte comment les Arabes renversèrent en 654 ap. J.-C. les morceaux encore debout du colosse et vendirent le métal à un marchand d’Émèse. « De son côté, Maui se rendit dans l’île de Rhodes qu’il prit et saccagea. Ayant vu là une statue de bronze, qui était une des sept merveilles du monde, il entreprit de la renverser, à l’aide de cordes, par des efforts prolongés, pendant un grand nombre de jours ; il n’y parvint qu’avec la plus grande peine. La hauteur de cette statue était de 107 coudées. Ayant allumé du feu par-dessous, les broches qui en reliaient les diverses parties furent détruites. Il la vendit à un marchand de Hêms qui en fit trois mille charges [de chameau], qu’il emporta chez lui»

Les morceaux du colosse (13t de bronze, 7t de fer et 10 t de bois) furent ainsi vendus et recyclés en Syrie. L’œuvre de Charès de Lindos, anéantie, entra dans la légende.

En 2015, un fonds d’investissement émirati proposa de reconstruire le colosse de Rhodes à partir des données existantes, essuyant un refus de la part du gouvernement grec, la région étant sismique et le projet étant jugé décalé par rapport aux besoins urgents du pays.

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