PLANTES CARNIVORES : une adaptation remarquable à un milieu hostile

Environ 700 espèces de plantes carnivores ont été identifiées à ce jour. Devenues carnivores pour s’adapter à des environnements pauvres en nutriments, ces plantes remarquables sont en régression dans le monde entier.

Qu’est-ce qu’une plante carnivore ?

Une plante carnivore est une plante en mesure d’attirer, de capturer des proies (insectes, acariens, petits invertébrés) et de les assimiler, entièrement ou en partie, afin de subvenir en partie à ses besoins.

Si un grand nombre d’espèces se situent dans les régions tropicales, des spécimens existent sous toutes les latitudes.

En 1763, Arthur Dobbs, gouverneur de Caroline du Nord, découvre une plante « attrape-mouches sensible » qu’il appelle « plante carnivore ». La carnivorie de cette plante appelée par Linné « Vénus attrape-mouche » sera démontrée par Charles Darwin vers 1865 la décrivant comme « l’une des plantes les plus merveilleuses au monde » .

Parmi les différents genres de plantes carnivores, on peut citer les Aldrovanda; les Byblis (pièges à glu); les Cephalotus (plantes à urnes australiennes); les Darlingtonia (la plante-cobra, apparentée aux Sarracenia); les Dionaea (avec ses pièges à mâchoires); les Drosera (pièges à glu); les Genlisea (pièges carnivores souterrains); les Heliamphora (plantes à urnes sud-américaines); les Nepenthes (plantes à urnes asiatiques); les Pinguicula (telles les grassettes de montagne en France); les Sarracenia (plantes à urnes américaines) ou les Utricularia (aux pièges racinaires).

D’où vient la carnivorie ?

Les plantes carnivores poussent généralement dans des sols pauvres en azote et en phosphore (tourbières,…). La carnivorie leur permet de s’adapter à des environnements pauvres et de disposer de nutriments additionnels indispensables à leur survie et à leur développement, favorisant la colonisation. L’apparition de la carnivorie est un exemple unique d’écologie évolutive.

Le régime alimentaire des plantes carnivores peut comporter des insectes, des protozoaires, des mollusques, des geckos, des oisillons ou des souris.

Ces plantes émettent des composés volatils (acides gras, terpènes, benzénoïdes) à l’odeur mielleuse qui attire les insectes, trompant les phéromones sexuelles des coléoptères ou les phéromones de recrutement ou de trace chez les fourmis.

Comme les autres plantes supérieures, les plantes carnivores fixent le dioxyde de carbone de l’air en présence de lumière et absorbent l’eau et sels minéraux par leurs racines. Les proies qu’elles capturent ne sont que des compléments alimentaires d’azote et de phosphore.

Des pièges plus ingénieux les uns que les autres

Si les pièges sont généralement des feuilles modifiées, leur diversité morphologique et fonctionnelle est stupéfiante :

  • outres de capture (Utriculaires), 
  • urnes (Népenthès), 
  • mâchoires (Dionées), 
  • poils gluants (Rossolis). 

Lorsqu’ils sont mobiles, ils sont dits « actifs »; s’ils ne le sont pas, on parle de pièges « passifs ». Certains mouvements sont visibles à l’œil nu (fermeture du piège de la Dionée).

Parmi les pièges définis comme « actifs », on peut citer les pièges à machoires (Dionae,…), les pièges à gouttelettes collantes (Drosophyllum,…), l’aspiration par des outres (Utricularia,…).

Parmi les pièges passifs ou immobiles, certaines plantes disposent de pièges au centre de la plante dans lequel les proies se noient (Brocchinia,…), d’autres de pièges à glu (Drosera,…) et certaines de pièges à urnes (Nepenthes, Darlingtonia,…).

Des plantes en forte régression dans le monde

Malgré une implantation dans des environnements pauvres en nutriments, les plantes carnivores sont en forte régression dans le monde du fait de :

  • la  déforestation et de la fragmentation de leurs milieux naturels (recul des tourbières ou artificialisation des forêts tropicales) ;
  • la collecte d’espèces rares recherchées par les collectionneurs ;
  • la pollution, la consommation d’insectes contaminés par des métaux lourds ou toxiques entraîne un déclin général des plantes carnivores.
  • le mythe tenace de la plante anthropophage voire de l’ « arbre anthropophage » à éradiquer.

Phénomène d’adaptation aussi remarquable que l’apparition des yeux chez les êtres vivants, la carnivorie chez les plantes a permis de coloniser des milieux naturels a prirori hostiles. Leur préservation représente un enjeu écologique important.

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