MI-FIGUE MI-RAISIN

Sa définition :

  • mitigé, ambigu, ambivalent, double, duplice, imprécis, incertain, indéterminé,  entre contentement et la contrariété.
  • d’un air à la fois sérieux et en plaisantant ; en demi-teinte ; ni excellent ni déplorable ; plaisant d’un côté mais désagréable de l’autre ; mitigé ; qui affiche deux attitudes opposées.
  • être en même temps de bonne et de mauvaise humeur; avoir un air contradictoire, allusion faite à tout ce qui présente simultanément deux caractères opposés.

Son utilisation :

Elle s’utilise pour qualifier l’attitude ou le trait de caractère de quelqu’un en demi-teinte, dual, cyclique. Par extension, elle désigne une action réalisée à la fois de gré et de force, un résultat ou un constat mitigé face à quelque chose à la fois plaisant et déplaisant.

Son origine :

Cette expression a connu des sens différents au cours des siècles.

  •  Au XIVe siècle, les figues et les raisins étaient les fruits secs préférés au moment du carême, ce qui peut expliquer leur association dans une locution, mais non leur opposition. Par ailleurs, l’aspect des figues renvoyait alors à celui d’une crotte, alors que le raisin était caractérisé par un goût sucré et agréable, ce qui évoquait deux états contraire à savoir le bon et le mauvais, le bien et le mal.
  • Au XVe siècle, l’expression, avec « moitié » au lieu de « mi », signifiait « mêlé de bon et de mauvais » ou « tant bien que mal ». Selon certains, cette expression française puiserait ses racines dans le commerce des Corinthiens et des Vénitiens. En effet, les Corinthiens auraient par supercherie mêlés des figues aux raisins de Corinthe de grande valeur qu’ils vendaient aux Phéniciens qui eurent un sentiment partagé en découvrant cette supercherie.
  • Au XVIe siècle, elle comportait une idée de réciprocité lors de tâches partagées pour une réalisation commune, l’un s’occupant de la figue, l’autre du raisin.
  • C’est au XVIIe siècle que le sens utilisé aujourd’hui apparaît : « moitié forcé, moitié consentant ».
  • La substitution de « mi » à « moitié » daterait du XVIIIe siècle.


Les exemples :

  • « C’est en ces termes que Georges Hardy présentait en 1925 un bilan mi-figue mi-raisin des premières décennies de recherches. » Sophie Dulucq, Écrire l’histoire de l’Afrique à l’époque coloniale (XIXe-XXe siècles), Éditions Khartala, 2009
  • « Un long convoi de camions encombre la grand-rue, la place : tout le personnel français d’un aérodrome qui partait dans le maquis, avec le patron mi-figue, mi-raisin. » — (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 343)