SKI en général et SKI ALPIN en particulier: quelles en sont les origines ?

Apparaissant dès la préhistoire en Europe du Nord et en Asie, le ski est d’adoption relativement récente en Europe occidentale. Le ski sous sa forme alpine s’est quant à lui démocratisé à compter des années 1970 avec le développement de stations de ski et le retentissement des exploits des skieurs français. Bien que sport particulièrement exigeant à haut niveau, entré au programme des Jeux olympiques en 1936, il est devenu un des sports de loisir les plus appréciés.

Quelles sont les origines du ski  ?

La pratique du ski serait née dans les pays nordiques (Scandinavie ou régions montagneuses de l’Altaï en Asie Centrale).

L’étymologie du mot «?ski?» est commune à différents dialectes de peuplades d’Asie et d’Europe du Nord, la même racine linguistique désignant des skis (skidth, suski,  suksildae…).

L’origine du ski est généralement attribuée aux Finnois de Baltique et aux Toungouzes de Sibérie orientale, deux tribus vivant dans une zone comprise entre le lac Baïkal et le mont Altaï.
Dans le Grand Nord canadien, on utilisait aussi ces outils pour se déplacer, tandis que plus au nord, les Esquimaux utilisaient le traîneau pour transporter le produit de la chasse sur la glace. Les Lapons se servaient quant à eux des skis pour poursuivre les troupeaux sur les grandes étendues de neige.

L’usage des skis restera pendant plusieurs millénaires réservé à quelques rares endroits de la planète : Europe du Nord, Chine… Les premières gravures rupestres datant de 4000 ans avant J.C décrivent des hommes chaussés de longues planches (plus de 4 m) et équipés d’un grand bâton. 

Les restes de ski datant de la même époque retrouvés dans des tourbières scandinaves sont des skis moins longs donnant à penser que les techniques pouvaient différer selon les régions.

Quels étaient ses premiers usages ?

Il s’agissait le plus souvent d’une pratique de guerre ou de chasse, permettant de gagner en vitesse sur la neige. Le ski pouvait également être pratiqué sous forme de loisir voire de façon sportive lors de compétitions, au nord-est de la Chine.

En Norvège, au milieu du Moyen-âge, on mentionne l’existence d’une course à skis, la Saga du roi Harald, qui tend à prouver l’usage très répandu de ce mode de locomotion.

À partir du Xe siècle, l’usage du ski semble se propager en Norvège et en Suède.
En 1552, le ski joue un rôle déterminant dans le soulèvement organisé par Gustav Vasa pour la libération de la Suède alors envahie par les Danois. Vasa ayant abandonné momentanément la lutte pour se réfugier en Norvège, pour l’engager à combattre, les habitants de la province du centre de la Suède lui dépêchèrent des émissaires qui parcoururent plus de 90 km à ski en un temps record. Le soulèvement massif des Suédois remit Vasa sur le trône royal. Cet épisode de l’histoire suédoise est célébré chaque année depuis 1922 par la plus grande course de ski de fond au monde : la «?Vasalopet?».

Les premiers manuels d’apprentissage du ski et de son utilisation militaire sont rédigés en Scandinavie au cours du XVIIIe siècle.

En Europe de l’Ouest, la pratique du ski tarde à s’implanter. Il faut attendre l’exposition internationale de 1878 pour qu’elle arrive en France.

Visitant l’exposition universelle de Paris, l’alpiniste de renom Henri Duhamel y découvre de longues et étroites planchettes «?d’un emploi fort recommandable pour le parcours sur la neige?». Il les achète et les essaye à Chamrousse. En 1895, il fonde à Grenoble le Ski Club des Alpes.

À la même époque en Autriche, Mathias Zdarsky adapte la méthode scandinave au ski alpin. En 1896, il met au point des skis plus courts (1m80) et fait breveter des fixations métalliques qui diminuent le flottement des attaches traditionnelles en osier.

A la fin du XIXe siècle, l’utilisation du ski à des fins militaires se développe en France avec la création de l’armée des Alpes chargée de surveiller les hautes vallées. L’état-major, inquiet de l’isolement des garnisons, préconise l’usage des skis.

Le ministère de la Guerre crée en 1904 une école de ski normale à Briançon qui formera jusqu’en 1914 plus de 5000 skieurs militaires contribuant à répandre la pratique du ski aux populations montagnardes, cédant gratuitement des paires de skis aux villageois des hautes vallées. Nombre de militaires se transformeront en «?moniteurs?» bénévoles.

En février 1907 à Montgenèvre, le Club alpin français organise le premier «?concours international de ski?» entre militaires français et italiens. Les Scandinaves organisent «?Les Jeux Nordiques?» dès 1913.

Le ski devient un loisir plus répandu à partir des années 20 et 30.

La Fédération internationale de ski (FIS) et la Fédération française de ski (FFS) sont créées en 1924, et les premiers Jeux olympiques d’hiver ont lieu à Chamonix. Toutefois seul le ski nordique est reconnu par ces instances. La première «?classique?» de ski alpin a lieu en 1928 : c’est l’Arlberg-Kandahar. L’année 1932 voit la création à Chamonix de l’École de haute montagne (EHM), première école mondiale de formation des cadres des troupes de montagne.

Le Comité international olympique met finalement le ski alpin au programme des Jeux olympiques d’hiver de 1936, et Émile Allais, originaire de Megève y remporte la médaille de bronze du combiné.

La fin des années 30 marque l’essor du ski en France, avec la création de l’École du Ski français, fondée en 1937 par Émile Allais, Paul Gignoux, et Charles Diebold, avec le soutien de Léo Lagrange. Les victoires françaises d’Emile Allais et James Couttet au Championnat du monde de ski alpin participent à la diffusion du ski français, et la FFS passe de 7000 adhérents en 1930 à quelque 50 000 en 1939.

D’abord ouverts l’été, quelques palaces commencent à s’équiper du système de chauffage central pour ouvrir l’hiver. On y rencontre surtout des rentiers, des aristocrates ou des bourgeois oisifs.
La mode du ski va se développer durant l’entre-deux-guerres. C’est la Baronne de Rothschild qui en 1922 choisit Megève pour y installer sa station avec cinq hôtels. Elle possède en 1933 le premier téléphérique (Rochebrune) destiné aux seuls skieurs. 

La neige étant la matière première indispensable pour l’exercice de ce qui deviendra «?les sports d’hiver?», il faut la conditionner pour la rendre apte aux besoins des skieurs. On aménage donc dans le domaine skiable des itinéraires où les descentes sont exemptes de dangers objectifs. Ceux-ci sont alors signalés, balisés et surveillés. On les appelle «?les pistes?».

«?Nous devons aux Scandinaves le ski à la spatule recourbée et effilée, mais ce sont les Alpins qui l’ont métamorphosé pour l’adapter à la descente et à la vitesse?» explique J.-J. Bompard, secrétaire général des établissements Rossignol.

En 1932, l’adjonction de carres métalliques sur les arêtes inférieures du ski évite une usure des parties tendres du bois et apporte une plus grande précision dans la conduite du ski.

Après la Seconde Guerre mondiale

L’évolution et le développement du ski nécessitent la création d’infrastructures pour en permettre la pratique optimale.

Le Plan Neige mis en place par l’État français visant au développement du tourisme de montagne marque la naissance des premières stations.

Ces dernières furent d’ailleurs, à l’exception de Chamonix, des centres de thermalisme dotés d’un accès par chemin de fer (Saint-Moritz, Saint-Gervais, Aix-les-Bains, Cauterets, Bagnères).

Ce sera d’abord la création de moyens d’accueil et d’hébergement puis la construction de remontées mécaniques. Ces aménagements consistent en l’équipement de villes ou villages ou la création de toutes pièces de stations villages sur des terrains vierges.Il faut attendre les années 1960 pour voir le ski français s’imposer à nouveau, avec des champions comme Jean Vuarnet, Jean-Claude Killy, ou Marielle Goitschel…Les Jeux olympiques de Grenoble en 1968 voient l’apogée de l’industrie française du ski, avec Salomon, Dynamic et Rossignol qui ont mis au point l’essentiel du matériel que l’on utilise encore aujourd’hui. Les carres métalliques sont cachées, les chaussures délaissent le cuir pour le plastique et le laçage pour le serrage par crochets. Enfin, le noyau en bois des skis se trouve entre des couches de fibre de verre et de résine.

La démocratisation de l’accès aux stations s’accompagne d’un élargissement du nombre de pratiquants s’essayant aux nouvelles disciplines (snowboard,…) en complément du ski traditionnel toujours plus perfectionné (skis paraboliques, chaussures sur mesure plus confortables).

La pratique rudimentaire de locomotion des premiers âges des peuples du Nord est devenue une pratique pour tous dépendante d’un enneigement mis en danger par le réchauffement climatique…

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