Dans les années 2000, un ingénieur de Google, Chade Meng Tan, en charge des ressources humaines, a inventé le poste de « Jolly Good Fellow » (Bonhomme Joyeux). Il cherchait à enrichir les esprits et ouvrir les coeurs ». Autrement-dit, il souhaitait améliorer le bien-être au travail des collaborateurs.
Son approche « happy » fut confortée par de nombreuses études universitaires. Un collaborateur heureux serait « en moyenne deux fois moins malade, six fois moins absent et neuf fois plus loyal ».
Ce nouveau métier, renommé « Chief Happiness Officer » ou CHO, adopté par les start ups de la Silicon Valley, gagne actuellement les entreprises de la « vieille économie ».
Que recouvre concrètement cette nouvelle fonction?
Le CHO recherche à améliorer le bien-être des collaborateurs.
Il se situe à la frontière des ressources humaines, de la communication interne et de l’évènementiel.
Multitâches, il interagit avec les collaborateurs, la Direction et différentes fonctions de l’entreprise (DRH, CHSCT, médecine du travail, communication).
Quelle sont ses missions ?
Il doit, tout à la fois :
- procurer aux collaborateurs un environnement de travail agréable (personnalisation des espaces, salles de détente…) et de meilleurs outils de travail;
- prêter attention à chaque individu, quel que soit son échelon dans l’entreprise. Il doit écouter, répercuter les besoins et les idées, valoriser, donner le plus de flexibilité possible dans l’organisation du travail (autonomie dans la gestion de son temps) ;
- prévenir les conflits entre les collaborateurs et les tensions avec l’encadrement. il doit faire en sorte que les les relations soient fluides et efficaces entre tous, proposer à la Direction des actions à mener et suivre la mise en oeuvre du plan d’action;
- réguler la tension des collaborateurs dans les périodes exceptionnelles de suractivité ou de changement (rachat, nouvelle stratégie…;
- mettre en oeuvre une culture de travail positive porteuse des valeurs de l’entreprise. Il organise des moments festifs ou des événements de nature à assurer la cohésion et le partage.
Le CHO est un grand communicant maîtrisant l’évènementiel ainsi qu’un médiateur.
Quelles qualités doit-il posséder?
Pour arriver à inspirer le bonheur aux autres, déceler les problèmes et créer une culture de travail positive, il doit :
- faire preuve d’empathie (écoute, altruisme) et de convivialité,
- être doté d’un esprit positif, être aimable voire marrant,
- déborder d’énergie et être très organisé pour jongler avec tous et les différentes fonctions de l’entreprise.
Comment devient-on CHO ?
Il n’existe pas à proprement parler de formation.
Cette fonction transversale exige à la fois des qualités intrinsèques et une grande expérience de l’humain.
Alors que l’aménagement des conditions de travail était remisé au second plan, les nouveaux managers essaient de rendre leurs collaborateurs plus heureux pour plus d’efficacité.
Pour les détracteurs de cette approche, décréter le bonheur obligatoire serait contre productif, voire une intrusion dans la vie personnelle de chacun.
En tout état de cause, mettre en place un super-médiateur pour amortir les conflits ne doit pas exonérer l’entreprise de résoudre d’éventuels problèmes de management. L’exemplarité humaine des dirigeants, leur mode de management sont clés.
Pour aller plus loin:
Pour :Leah Messinger – « Is a chief happiness officer really the best way to increase workplace happiness ? » – The Guardian – 26 août 2015Contre :Josh Kovensky – « Chief Happiness Officer Is the Latest, Creepiest Job in Corporate America » – The New Republic – 23 juillet 2014