L’usage des «?produits phytosanitaires?» dits « pesticides » s’est généralisé au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour lutter contre les vecteurs de maladie et augmenter les rendements. La France est devenue le premier consommateur européen de pesticides et le troisième mondial. Leur toxicité sur l’environnement (phénomènes de résistance, trouble sur la reproduction…) et la santé humaine (maladies respiratoires, génétiques…?) est de plus en plus avérée. Cela nécessite la mise en oeuvre d’urgence d’alternatives naturelles utilisables à grande échelle.
De quoi s’agit-il ?
Les pesticides appartiennent à la famille des biocides (produits de désinfection, de protection ou de lutte contre les «?nuisibles?») qui ont une action chimique répulsive ou destructrice sur les organismes vivants.
Nécessitant une autorisation de mise sur le marché, ils sont composés d’un principe actif et d’additifs permettant d’en augmenter l’efficacité ou la rémanence, et par voie de conséquence, la toxicité.
Ils sont classĂ©s en fonction de leur cible principale, bien que pouvant avoir des effets mortels sur d’autres organismes et l’environnement : herbicides, fongicides (contre les champignons parasitaires), insecticides…Â
Quelle est leur toxicité ?
- directe : ils détruisent non seulement l’organisme visé, mais aussi un ensemble d’espèces d’un groupe visé voire d’autres groupes, car adressant des processus fondamentaux du métabolisme (reproduction, croissance…)?;
- indirecte : libérés dans l’environnement, peu ou pas dégradés, ils ont une incidence sur l’écosystème, détruisant les milieux naturels, diminuant les ressources alimentaires, faisant disparaître les espèces en début ou milieu de chaine et empoisonnant à terme les espèces en bout de chaine, dont l’homme.
Les insectes butineurs (abeilles, …) et coprophages, les oiseaux et les mammifères sont en première ligne de l’intoxication létale ou sublétale.
Les produits de l’agriculture traités aux pesticides tels que les fruits et légumes comportent des résidus à plus ou moins forte dose.
Quelles sont les alternatives généralisables ayant démontré leur efficacité, leur impact positif sur l’environnement?
Alternatives aux insecticides de synthèseÂ
- la lutte biologique ou l’utilisation de prédateurs pour prévenir ou réduire les dégâts des ravageurs;
- la lutte culturale:
- les barrières physiques telles que des filets étanches, bandes collantes ou voiles de protection,
- la pratique des semis ou plantation à un moment où le ravageur est absent,
- le broyage et l’enfouissement des résidus de récolte
- le mélange de variétés au sein de la même parcelle
-  la diffusion d’odeurs (phéromones), les biopesticides, le compagnonnage (association de plantes variées).
Alternatives aux fongicides
- l’usage de fumures équilibrées : la potasse renforçant la résistance contrairement aux excès d’azote?;
- la réduction des souches de micro-organismes précédant les champignons (inoculum);
- les alternatives au cuivre comme le sucre;
- l’utilisation d’organismes vivants pour diminuer les dégâts des ravageurs (bactéries tueuses);
- le bio contrôle (développement d’organismes contrôlant les pathogènes).
Alternatives aux herbicides
- la fertilisation (agir sur la texture du sol, l’enrichir d’éléments nutritifs naturels);
- les cultures intercalaires, pièges à nitrate;
- les cultures associées (légumineuses et graminées);
- l’agro-foresterie (association arbres et cultures ou animaux),
- les engrais organiques (fumier, déchets verts)
Le recours à ces alternatives respectueuses de l’environnement et de la santé humaine n’est pas forcément synonyme de retour à l’agriculture du siècle dernier, d’expérimentation bio, ni de chute drastique des rendements et de qualité incertaine.
Les pratiques d’agriculture biologique se perfectionnent depuis les années 1970. Les biotechnologies ont pris leur essor. Recourir à grande échelle à ces alternatives naturelles est non seulement possible mais fortement souhaitable pour l’environnement et la santé humaine.
Cela nécessite un changement radical de paradigme. Au lieu de combattre, de détruire la Nature pour mieux la soumettre, il s’agit de la préserver, de s’en inspirer et d’en stimuler les capacités autorégulatrices malmenées par des décennies d’usage intensif de biocides chimiques. La survie d’une majorité d’espèces de la flore et de la faune, dont l’homme, est en jeu.