Faisant référence à la nature des victoires obtenues par le roi Pyrrhus d’Épire (IIIe siècle av. J. C.) lors de sa campagne d’Italie, l’expression une « victoire à la Pyrrhus », initialement utilisée dans un contexte militaire, est à présent reprise par analogie en économie, politique, justice, littérature ou sport.
Sa signification
Une victoire à la Pyrrhus est une victoire difficile, trop chèrement acquise, au résultat terrible pour le vainqueur. Coûtant cher au vainqueur, matériellement ou humainement, elle s’avère ruineuse par la suite, obérant le résultat final.
Son origine
L’expression est une allusion directe aux « victoires » du roi Pyrrhus Ier d’Épire, dont l’armée connut d’irremplaçables pertes après avoir vaincu les Romains à la bataille d’Héraclée en 280 av. J.-C. et à celle d’Ausculum en 279 av. J.-C.
En 280 av. J.-C., la République romaine étend progressivement son influence à toute la botte italienne. Seule la cité de Tarente, à l’extrême sud de l’Italie lui résiste. Cette dernière fait alors appel à Pyrrhus, roi de Macédoine et d’Épire, lointain cousin d’Alexandre et prétendu descendant d’Achille par son père, pour la défendre des armées romaines.
En 280 av. J.-C., Pyrrhus débarque dans le sud de l’Italie à la tête d’une armée de plus de 30.000 hommes et d’une dizaine d’éléphants de guerre.
Il remporte coup sur coup deux victoires, à Héraclée en 280 av. J.-C. et à Ausculum en 279 av. J.-C.
Selon les historiens romains (Plutarque,…), Pyrrhus, légèrement blessé durant la bataille d’Ausculum, aurait subi de lourdes pertes (la moitié de ses hommes), affaiblissant durement son armée, le contraignant à se retirer malgré la victoire. Il aurait déclaré, à la fin de la bataille alors qu’on le félicitait pour sa victoire : « une autre victoire sur les Romains et nous sommes ruinés ».
Selon Plutarque reprenant Denys d’Halicarnasse, Pyrrhus perdit « une grande partie des forces qu’il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n’avait aucun moyen d’avoir de nouvelles recrues (…). Tandis que, comme une fontaine s’écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d’hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre. »
C’est de cet épisode d’Ausculum qu’est née l’expression de « victoire à la Pyrrhus », devenue proverbiale, « retirant de cette victoire plus de gloire que de satisfaction ». Pyrrhus demeura ensuite inactif durant un an. Après quelques autres victoires en Sicile, Pyrrhus fut vaincu par les Romains en 275 av. J.-C. Avec une armée réduite à peau de chagrin, Pyrrhus fut contraint de rentrer en Épire, laissant derrière lui ses rêves de gloire et de conquête.
Reconnu comme un des plus grands généraux de l’Antiquité, il inspirera Hannibal et Cicéron.
Citation sur Pyrrhus :
« Que si Pyrrhus se faschoit de vivre, il avoit assez de chemins ouverts pour aller à la mort. »
Jacques Amyot