Sa vie en résumé
Arthur Rimbaud est né en 1854 à Charleville dans les Ardennes. Son père est capitaine d’infanterie, sa mère d’origine paysanne. Après la naissance de sa troisième sœur, ses parents se séparent. Sa mère se déclarant veuve, déménage dans un quartier ouvrier de Charleville. Rigide, attachée à la respectabilité, veillant sur ses enfants, le climat familial devient vite étouffant.
Arthur Rimbaud s’avère un excellent élève. Il obtient de nombreux prix d’excellence en littérature, version et thème latins…En classe de rhétorique, il se lie d’amitié avec son professeur qui l’initie à Hugo. À l’âge de quinze ans et demi, il écrit au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville pour se faire publier, sans succès.
Rimbaud arrive dans la capitale fin septembre 1871 où il rencontre les grands poètes de son temps, logé par Verlaine, Charles Cros, André Gill, Ernest Cabaner et Théodore de Banville. Il a tout juste dix-sept ans. Il lit au dîner ses chefs-d’œuvre Les Premières communions et Le Bateau ivre. Il entame une liaison amoureuse et une vie agitée avec Verlaine de juillet 1872 à juin 1873 jusqu’au « drame de Bruxelles » : Verlaine, ivre, tire sur Rimbaud à deux reprises avec un revolver, le blessant légèrement au poignet.
Fin juillet 1873, Rimbaud s’isole à la ferme familiale pour écrire Une saison en enfer. Les volumes d’Une Saison en enfer sont imprimés à Bruxelles à compte d’auteur, en octobre 1873. Rimbaud remet à Verlaine en 1875 le manuscrit des Illuminations, afin qu’il le remette à Germain Nouveau, pour le publier.
Son parcours littéraire s’achève fin 1875 à vingt et un ans par l’irruption de « la réalité rugueuse à étreindre ».
Sa vie d’après la poésie ne sera plus qu’errances, aventures, expédients et problèmes de santé à répétition jusqu’à son décès à Marseille en 1891.
Son apport poétique
Arthur Rimbaud s’avère un versificateur hors pair jusqu’à « déglinguer » la mécanique ancienne du vers dans Tête de faune , Derniers Vers, ou Vers nouveaux et chansons.
Attiré par l’hermétisme, Rimbaud démontre un génie des images fortes et des associations uniques. Cassant la forme lyrique traditionnelle, il utilise un langage technique et populaire, recourant à la dérision.
Inventeur du vers libre (vers ne rimant pas nécessairement, inégaux dans le nombre de syllabes et n’obéissant pas à une rythmique fixe) dans Marine et Mouvement, il a ouvert la voie à la poésie du XXe siècle (Alfred Jarry, Antonin Artaud, René Char, Henri Michaux).
Son exceptionnelle œuvre et son parcours ont inspiré de nombreux artistes dans différents domaines (musique, peinture…).
Un poème
Voyelles est un sonnet en alexandrins écrit début 1872, publié le dans la revue « Lutèce » par Verlaine, qui a suscité de nombreuses interprétations, de l’influence des abécédaires enfantins aux visions du « voyant » de l’Alchimie du Verbe créant un nouveau symbolisme, à l’ésotérisme ou à la fascination pour la science et la synesthésie (association de deux ou plusieurs sens à l’image du poème de Baudelaire Correspondances).
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,Golfes d’ombre?; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles?;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes?;U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtes semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux?;O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
– O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux?!