Edvard Munch est né le 12 décembre 1863 à Ådalsbruk en Norvège et mort le 23 janvier 1944 à Oslo. Peintre norvégien, il est considéré comme le pionnier de l’expressionnisme et un artiste peintre majeur.
Sa vie résumée
Edvard Munch naît avec une constitution fragile. Son père, médecin militaire, est issu d’une famille bourgeoise, prestigieuse et puritaine. Très religieux, mystique, il est très tourmenté. Sa femme, de vingt ans sa cadette, vient d’une famille de riches agriculteurs. Par goût personnel, elle initie très tôt sa fille aînée à la peinture. À la suite de cinq grossesses successives éprouvantes, elle meurt à l’âge de trente ans de tuberculose.
La sœur cadette d’Edvard, Karen, qui n’a pas de dot et veut sortir de sa condition paysanne, s’empresse de reprendre le rôle maternel et encourage ses frères et sœurs à s’exprimer sur le plan artistique. Très tôt, Edvard est accablé par les bronchites chroniques. Sa sœur aînée, Sophie, artiste de la famille, meurt à l’âge de 15 ans de phtisie. Tourmentée par différentes névroses, la benjamine, Laura Catherine, sera internée à l’âge de vingt ans et y demeurera toute sa vie. Quant à son frère Andreas, une fois devenu médecin, il mourra d’une pneumonie quelques mois après son mariage.
Munch est ainsi marqué très jeune par le malheur, la tristesse, la maladie et la mort de ses proches.
À seize ans, il décide de devenir peintre mais, son père l’oblige à suivre des études d’ingénierie. Après deux années passées à l’école technique, il choisit de s’investir à plein temps dans l’art.
Il étudie les grands maîtres avec un groupe d’étudiants en peinture, suit des cours de dessin à l’école royale de dessin et assiste le plus grand artiste naturaliste norvégien de l’époque, Christian Krohg. Imprégnées par le réalisme français, ses premières œuvres révèlent déjà son grand talent. Il obtient une bourse d’études et est admis en 1885 à l’école royale de design.
En 1885, Munch travaille sur un de ses tableaux majeurs, l’Enfant malade, représentant sa sœur ainée. Il dira plus tard que : « La plupart de mes œuvres ultérieures doivent leur existence à ce tableau ». Il est à la recherche d’une « première impression », d’une expression picturale transcrivant une expérience personnelle douloureuse. Il opte pour une composition rappelant une icône. La critique sera très négative.
Durant la seconde moitié des années 1880, il commence une vaste autobiographie littéraire assortie de dessins exprimant ses motivations centrales. Il y retranscrit les affres et les ennuis de la vie moderne. Il décrit en mots et en dessins sa propre vie.
À l’automne 1889, il obtient une bourse d’artiste qu’il passe en partie à Paris, où il s’imprègne d’expériences anti-naturalistes et de la « décadence » des dernières années du XIXe siècle. Dans le tableau Nuit (1890), peint après avoir appris la mort de son père, il représente un intérieur sombre dominé par les tons bleus, la silhouette de son père à la fenêtre.En 1892, il réalise les premières esquisses de son œuvre la plus connue, Le Cri, obnubilé par les impressions de l’âme.
À l’automne 1892, Munch expose les œuvres de son séjour français à Berlin qui font scandale, vues comme une provocation anarchiste. Élisant domicile à Berlin, il fréquente des écrivains et des artistes qui discourent assidument sur la philosophie de Nietzsche, l’occultisme ou la psychologie de Freud.
En décembre 1893, Munch présente le début du cycle La Frise de la Vie, «un poème sur la Vie, l’Amour, la Mort?» comportant des motifs saturés d’ambiance, comme la Tempête ou la Nuit étoilée. D’autres tableaux portent sur le côté nocturne de l’amour ou sur la mort, le plus marquant étant La Mort dans la chambre de la malade.
L’année suivante, il poursuit avec La Peur, Cendres, Madone, Sphinx ou Les Trois Âges de la femme, un tableau monumental dans l’esprit du symbolisme.
En 1894, la première publication sur l’œuvre de Munch le qualifie de « réaliste psychique ».
En 1896, Munch abandonne Berlin pour Paris et se concentre sur les moyens graphiques, aux dépens de la peinture. Il s’adonne avec brio à la lithographie en couleurs et à la gravure sur bois. Durant la Belle Époque, il peint une série de nouveaux tableaux à l’orientation métaphysique de l’époque dans un style décoratif et vif influencé par les nabis comme Maurice Denis.
Au début du XXe siècle, Munch présente pour la première fois l’intégralité de la Frise de la vie à l’exposition de la Sécession à Berlin.Sa vie personnelle est faite d’excès d’alcool, de prostituées et de jeux. Il achète un premier appareil photographique de marque Kodak et expérimente les diverses techniques adaptées à la reproduction graphique, des matériaux supports aux langages artistiques. Il fréquente depuis plusieurs années le laboratoire d’Auguste Clot, où il a pu croiser Henri de Toulouse-Lautrec.
Il multiplie alors les portraits, souvent en pied. Le portrait Les Quatre Fils du docteur Max Linde (1904) est considéré comme un des plus grands chefs-d’œuvre du portrait moderne.
En 1906-1907, les œuvres Les Revenants ou La Mort de Marat illustrent sa hantise de la mort. De 1914 à début 1917, il réalise seul les immenses peintures à l’huile ornant l’aula de l’université de Kristiana à Oslo (frise à base d’allégories des disciplines universitaires et de paysages de nature).
En 1916, Munch achète une propriété près d’Oslo. Bien qu’apaisé et honoré, il y mène une existence solitaire. Fortune faite, il ne cesse de multiplier les achats fonciers de terres situées à proximité des rivages du fjord d’Oslo. Les nazis, assimilant son œuvre à de l’« art dégénéré », retirent en 1937 ses œuvres des musées allemands. Antifasciste, considérant l’Allemagne comme sa seconde patrie, il est profondément meurtri par la montée du nazisme. Il meurt à l’âge de 80 ans dans sa propriété près d’Oslo, faisant don de son immense collection personnelle (des milliers de tableaux, dessins, …), de ses propriétés, de plus de treize mille pages manuscrites mêlés de couleurs, dessins et esquisses à la mairie d’Oslo qui créera par la suite le musée Munch.
Un chef d’œuvre : le Cri
Probablement son œuvre la plus connue, Le Cri est une pièce de la série La Frise de la Vie. Il en a peint 5 versions entre 1893 et 1917, possédées aujourd’hui par des collectionneurs.
Le personnage principal de la toile serait Edvard Munch effrayé par un hurlement qui ne provient pas de sa bouche. Squelettique, il se prendrait la tête entre les mains, pour empêcher un cri perçant et glacial d’atteindre ses tympans.
Œuvre à la dimension autobiographique, les pages de son journal associées au « Cri » précisent : « Je me promenais sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d’un coup le ciel devint rouge sang je m’arrêtai, fatigué, et m’appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville — mes amis continuèrent, et j’y restai, tremblant d’anxiété — je sentais un cri infini qui se passait à travers l’univers et qui déchirait la nature. »
Toile à la puissance troublante, le visage du personnage principal en est l’élément le plus déroutant. En 1889, Munch vit à Paris. Se tient alors l’Exposition Universelle, à l’occasion de laquelle il aurait vu exposées des momies du peuple péruvien Chachapoya. Celles-ci présentent des similarités frappantes avec le personnage du Cri : position foetale, couleur de la peau, mains encadrant le visage, traits…
Par ailleurs, en 1883 eut lieu la violente explosion du Krakatoa à l’origine de couchers de soleil rougeoyants, dont Munch fut peut-être le témoin; ces teintes rouges flamboyantes se prêtant bien à l’allégorie de la douleur.
Une thèse récente invoque l’apparition de « nuages nacrés », qui se forment l’hiver dans la troposphère, à une vingtaine ou trentaine de kilomètres de la surface terrestre. De très petits cristaux de glace se forment et réfléchissent la lumière du soleil couchant. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l’hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l’astronome Robert Leslie dès 1885. Cette vision étant restée pour Munch « une expérience unique », cela semble une autre explication plausible.
Enfin, durant son séjour à Paris en 1889, Munch, apprenant par hasard dans un journal norvégien la mort de son père, se remémora que lors de son départ, positionné sur le haut pont du navire en partance pour la France, il aperçut son père tout en bas sur le quai, minuscule, au crane chauve. Ce dernier aurait alors crié son nom pour lui adresser un ultime salut; attitude assez proche de celle du Cri.
Reproduit un nombre incalculable de fois, le Cri appartient à présent à la mémoire collective mondiale. Le Financial Times l’évoque comme l’œuvre d’art la plus reconnaissable au monde après La Joconde.
Citation sur le Cri :
Je me promenais sur un sentier avec deux amis. Le soleil se couchait.
Tout à coup, le ciel est devenu rouge sang. Je me suis arrêté, épuisé je me suis appuyé sur une clôture; il y avait du sang et des langues de feu au dessus du fjord bleu-noir et de la ville.
Mes amis ont continué, et je suis resté là, tremblant de peur.
J’ai senti un cri infini qui passait à travers l’univers…
Edvard Munch