Dans l’imaginaire collectif, le Pays de Cocagne est un paradis terrestre, une contrée magique où la nature est très généreuse avec ses hôtes. Terre de fêtes perpétuelles, on s’adonne aux plaisirs terrestres, au jeu et à l’oisiveté ; le travail y est absent et l’égalité entre tous est de règle.
Son origine
Le mythe de Cocagne remonterait au XIIe siècle. Il serait une réminiscence de l’âge d’or conté par les poètes grecs tel Ovide narrant un pays rempli de délices , « une terre où l’on vit dans la mollesse ».
« Cocagne » viendrait d’Italie :
- du canton de Cuccagna en Italie ;
- ou du poète Teofilo Folengo, dit Merlin Coccaie, qui aurait décrit ce pays délicieux ;
- ou d’une fête napolitaine de la « Cuccagna« , lors de laquelle le peuple recevait des denrées et du vin du haut d’une sorte de montagne représentant le Vésuve.
Le « Fabliau de Coquaigne » (1235) décrit également un pays de fêtes continuelles, de luxe et d’oisiveté.
Dans le Lauragais et l’Albigeois, les «?coques?» ou «?coquaignes?» sont des petits pains de pastel, dont est extrait une teinture bleue qui fit la fortune de ces régions et furent surnommées le Pays de cocagne.
Ce pays dmiraculeux a un nom similaire dans différentes langues européennes: «?the Land of Cockaigne?» (anglais), «?Cuccagna?» (italien), «?Kokanje?» (flamand).
Les expressions avec le terme Cocagne?
Le « Pays de cocagne » est un pays imaginaire où l’on obtient tout en abondance sans le moindre effort. Il est une aspiration à la prospérité universelle, à la paix et à l’égalité.Cette expression demeure très présente dans l’imaginaire du nord de la France évoquant généralement le Sud-Ouest de la rance, la Provence ou l’Italie.
Le « mât de cocagne » est un jeu consistant à grimper en haut d’un poteau pour y attraper des objets suspendus à une roue de charrette ou de bicyclette (friandises, saucisses, jouets, …). Le poteau très lisse est souvent induit de graisse ou de savon pour compliquer voire rendre impossible l’escalade.
Ce jeu était très pratiqué en Europe, en particulier dans le sud de la France, en Espagne (« cucaña »), en Grande-Bretagne et en Amérique du sud (« palo ensebado » au Chili, « palo enjabonado » en Uruguay, « pau de sebo » au Brésil).
L’expression populaire «?Quand on monte au mât de cocagne, il faut avoir les braies propres?!?» signifie « Quand on s’expose, on s’assure d’être bien propre avant ».
Ses représentations
En 1567, Pieter Bruegel a peint son « Pays de Cocagne » alors que Bruxelles était à feu et à sang, les armées de Philippe II d’Espagne tentant de mater la révolte des Gueux, opposant les révoltés néerlandais à l’Empire espagnol.
Dans ce tableau, trois personnages endormis et repus représentent les trois ordres de la société médiévale : le clergé, la noblesse d’arme et la paysannerie. Ils sont égaux dans l’abondance. Les cailles et les oies tombent du ciel déjà cuites, les cochons lardés ou les œufs à la coque accourent. Les soldats, les agriculteurs, les étudiants ne travaillent plus. Cette trêve perpétuelle est rendue possible par la grande abondance.
La fable de Fénelon « Un voyage dans l’île des plaisirs » décrit un pays de Cocagne.
Le « Roi de Cocagne » est une comédie de Le Grand, où un paysan écoute la description de l’île qui appartient au roi?et ses palais faits en confiture. Un conte de Grimm évoque également le Pays de Cocagne.
Ce pays de Cocagne est une utopie, celle de l’existence d’un jardin d’Éden terrestre, d’un lieu d’abondance, d’oisiveté et d’égalité.
Citation sur la langue française :
« Ma patrie, c’est la langue française. »
Albert Camus