Château de la Loire situé en Touraine, Chenonceau, avec sa célèbre galerie à deux étages dominant le Cher, est l’un des fleurons de l’architecture du Val de Loire.
Construit, aménagé et transformé par différentes personnalités féminines, il est surnommé le château des Dames. Appartenant à la famille Menier depuis 1913, le château et le parc sont classés au titre des monuments historiques.
Son histoire
Le premier château édifié à Chenonceau remonte au XIIIe siècle, ainsi qu’un moulin fortifié de 1230, aux mains de la famille Marques. Le pont n’existe pas encore. Le château sert à gérer le trafic fluvial sur le Cher. Durant la guerre de Cent Ans, le château est brûlé et rasé.
En 1432, Le château est reconstruit à un autre emplacement. Au bord du Cher, entouré sur les trois côtés de fossés d’eaux vives, il possède alors quatre tours rondes. De ce château féodal ne subsiste aujourd’hui que la tour sud-ouest ou « tour des Marques ».
Thomas Bohier, secrétaire et chambellan de Charles VIII prend possession du domaine le 10 février 1512. Sa femme et lui vont conduire d’importants travaux de 1513 à 1521. A leur mort, un contrôle des comptes publics mettant en évidence des détournements de fonds, François Ier impose une forte amende à ses héritiers les forçant à lui céder le domaine qui devient ainsi propriété de la Couronne. Le château est délaissé jusqu’à la fin de son règne.
Trois mois après la mort de François Ier en mars 1547, son fils Henri II offre Chenonceau à sa favorite Diane de Poitiers qui fait aménager un jardin sur la rive droite du Cher, protéger le château des inondations par une levée de terre, construire des fossés et des murs en pierres. Elle confie à l’architecte Philibert Delorme la construction d’un pont reliant le château à la rive gauche afin d’y créer de nouveaux jardins et d’accéder à de plus grandes chasses. Les travaux s’achèvent en 1559
A la mort d’Henri II, Catherine de Médicis contraint sa rivale Diane de Poitiers, à restituer Chenonceau à la Couronne. Reine-mère après l’accession au trône de son fils aîné, François II, puis « gouvernante de France » après le décès de ce dernier deux ans plus tard et l’accession au trône de son enfant mineur Charles IX, elle décide d’embellir sa résidence des bords du Cher. Elle fait aménager le parc de Francueuil, le parterre de Diane est modifié. Elle fait créer son propre jardin. La fontaine du Rocher voit le jour ainsi que le « jardin vert ». Le nouvel édifice atteint une longueur de soixante mètres pour une largeur de six mètres. L’élévation du bâtiment des Dômes et la Chancellerie sont réalisés de 1580 à 1585.
Après la mort en 1589 de Catherine de Médicis et l’assassinat du roi Henri III, son épouse Louise de Lorraine reçoit Chenonceau en héritage. Choquée par cette disparition brutale, elle en fait un lieu de recueillement, devenant la « Dame blanche de Chenonceau ». Le château se couvre de motifs funèbres, sa chambre et un oratoire, au second étage du château, sont peints en noir avec une décoration lugubre, faite de larmes et d’ossements. Cet environnement funèbre restera en place durant plus d’un siècle. Louise de Lorraine accueillera douze capucines dans une partie du château. Le 15 octobre 1598, elle fait donation de Chenonceau à sa nièce Françoise et son neveu César de Vendôme mais, en conserve l’usufruit jusqu’à sa mort.
Marie de Luxembourg, duchesse de Mercœur, mère de Françoise et César fait l’acquisition du château de Chenonceau en 1606. Elle fait réparer les toitures du château, restaurer les bassins, les bâtiments agricoles, les arches du pont, la chapelle Saint-Thomas. A sa mort, César de Vendôme en hérite et cède à son tour la propriété de Chenonceau à son fils Louis-Joseph. Sans postérité, le château revient à la mère de son épouse, la princesse de Condé qui le vend à son petit-fils, le duc Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, premier ministre de Louis XV de 1723 à 1726 et propriétaire du château de Chantilly.. Le duc ne s’y rend qu’une seule fois et le vend en 1733 au fermier général, Claude Dupin, le château sortant du cercle des princes de sang renouant avec les débuts de son histoire.
Claude Dupin, riche fermier général, propriétaire du prestigieux Hôtel Lambert à Paris épouse en secondes noces une de ses filles naturelles, célèbre pour son esprit et sa beauté : Louise Guillaume de Fontaine. Elle tient un salon et reçoit notamment Voltaire, Marivaux, Montesquieu, Buffon et Rousseau. Jean-Jacques Rousseau est le secrétaire particulier de Monsieur et Madame Dupin.
Les appartements de la reine Louise de Lorraine sont refaits et perdent leur décoration funèbre. Le couvent des Capucines est réaménagé et le pont-levis qui sépare le monastère de l’habitation disparaît. La galerie du premier étage est distribuée en chambres desservies par un long couloir qui mène à son extrémité, à une petite salle de théâtre. L’achat d’un nouveau mobilier vient compléter celui racheté à l’ancien locataire. La bibliothèque s’accroît de nombreux ouvrages rares. Les jardins en friche sont débroussaillés, des ormeaux sont plantés le long de la grande avenue et les vignobles sont reconstitués. Les digues sont consolidées et les douves nettoyées. Laissé à l’abandon durant cent ans, le château retrouve sa splendeur d’antan.
Durant la Révolution française, Mme Dupin s’installe à Chenonceau. Elle sauve la chapelle du château en la transformant en resserre à bois, consent à laisser détruire des dizaines de portraits royaux et seigneuriaux du château, soustrait de la fureur révolutionnaire les plus importantes archives du château. Prouvant sa qualité de bien privé, Mme Dupin n’est pas inquiétée dans la possession de Chenonceau.
A sa mort en 1799, son petit-neveu René Vallet de Villeneuve, hérite du château. Il fait effectuer des réparations pour effacer le vandalisme sous la Révolution. Un inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée, imagine alors un classement pour gérer ses fonds et ses interventions, une première liste est établie en 1840 comportant le château de Chenonceau. La célébrité de la demeure et la notoriété de ses hôtes attirent les visiteurs de choix dont leur cousine George Sand et Gustave Flaubert accompagné de son ami Maxime Du Camp.
A la mort de René de Villeneuve, le château revenant à ses deux enfants est mis en vente en avril 1864. Il est acquis par Marguerite Wilson héritière du fortuné ingénieur écossais Daniel Wilson. Elle fait appel à l’architecte Félix Roguet, disciple de Viollet-le-Duc, pour diriger un pharaonique projet de restauration : l’intérieur du bâtiment des Dômes est refait, la façade Nord modifiée par Catherine de Médicis est rétablie dans son état initial. Le grand balcon et sa balustrade de fer sont remplacés par des balustres et pilastres en pierre. Les menuiseries, sculptures, peintures, sols, sont restaurés ou reconstitués. Le théâtre de Madame Dupin disparaît et les salles du couvent des Capucines sont reconstituées. Les murs des douves sont redressés et consolidés. La Tour des Marques, la chancellerie et l’orangerie sont également restaurés. Un port pour les embarcations de pêche et de plaisance est créé. Les jardins et parterres sont aménagés, les parcs replantés et les allées élargies.
Mme Wilson érige Chenonceau en Académie des Arts et des Lettres où elle accueille des écrivains, historiens, musiciens, peintres et sculpteur recevant hospitalité, encouragement et travail. La restauration de Chenonceau et son train de vie fastueux l’obligeant à recourir aux emprunts, elle en vient à ne plus pouvoir rembourser ses créditeurs.
Le château de Chenonceau est adjugé aux enchères en 1889 par le Crédit foncier qui en décide l’exploitation commerciale en l’ouvrant à la visite avant de le revendre trois ans plus tard à M. Terry, député de La Havane aux Cortes espagnols.
En 1913, il est mis en vente et acquis par l’industriel Henri Menier, homme de la grande bourgeoisie industrielle, issu de la famille des chocolatiers Menier qu’il offre à sa jeune épouse Thyra Menier.
Son frère Gaston Menier en hérite à sa mort un an plus tard. Durant la Première Guerre mondiale, Gaston Menier va installer au château un hôpital militaire en confiant la gestion à son fils Georges et sa belle-fille Simone, infirmière en chef.
Gaston Menier reçoit officiellement Charles Lindbergh à son arrivée en France. Gaston Menier entreprend la réparation des lucarnes de la façade principale et des becs des piles du château, abîmés par le Cher. Son petit-fils Antoine Menier hérite du château en 1935. Réquisitionné en 1939 par le Ministère de la Guerre fuyant Paris, les autorités allemandes interdisent ensuite l’accès à la propriété, excepté pour le régisseur, l’édifice chevauchant, entre 1940 et 1942, la ligne de démarcation avec un côté en zone occupée et l’autre en zone libre. La galerie du premier étage sera utilisée par la Résistance pour faire passer de nombreuses personnes en zone libre.
En 1953, Antoine Menier et son frère Hubert, cogérants de la société familiale, engagent un jeune universitaire agronome, Bernard Voisin, comme responsable du domaine qui va faire du château de Chenonceau l’un des monuments les plus fréquentés de France. A la mort d’Antoine Menier en 1967, le château revient à sa veuve qui le revend par la suite à la belle-sœur de son époux, Odette Menier. Son fils Jean-Louis assure alors la direction artistique du château conjointement avec son épouse Laure. À partir de 2002, Laure Menier gère seule la conservation et la gestion du domaine et lance en 2009 un vaste programme de restauration du château.
La grande allée d’honneur menant au château est plantée de platanes sur plusieurs centaines de mètres. De chaque côté de l’allée d’honneur se trouve la ferme du XVIe siècle à droite (l’ensemble datant du XVIe siècle comprend les écuries de Catherine de Médicis, un potager et un atelier floral), le Labyrinthe et les Cariatides à gauche.
La paire de sphinx du XVIIIe siècle encadrant l’allée d’honneur installée par le comte René de Villeneuve.
Vient ensuite l‘avant-cour du domaine. À droite et bordant l’avant-cour, le bâtiment des Dômes et le musée de Cires. Au centre, devant le château, la Cour d’Honneur avec la Tour des Marques. À gauche, la Chancellerie construite au XVIe siècle qui mène au Jardin de Diane.
Un espace dans la galerie des Dômes est dédié depuis le 14 juillet 2014, à l’hôpital militaire installé dans le monument au cours de la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918.
On compte deux jardins principaux : celui de Diane de Poitiers et celui de Catherine de Médicis, situés de part et d’autre de la tour des Marques, vestige des fortifications précédant l’édification du château actuel.
Le château présente deux parties :
- Un donjon médiéval, la tour des Marques, élevé sur la rive droite du Cher qui fut remanié au XVIe siècle.
- Un corps de logis Renaissance bâti sur la rivière elle-même, constituant l’essentiel du château.
- L’entrée donne sur un vestibule central ouvrant sur quatre pièces de part et d’autre. D’un côté, une salle des Gardes, par laquelle on accède à une chapelle, la « chambre de Diane de Poitiers » et le « cabinet de travail de Catherine de Médicis ». De l’autre se trouve, un escalier donnant accès aux cuisines situées au sous-sol, la « chambre François Ier » et le « salon Louis XIV ». Au bout du vestibule, on accède à la galerie inférieure.
L’escalier, à doubles volées droites, est accessible derrière une porte qui se situe au milieu du vestibule d’entrée.
Il permet d’accéder aux étages supérieurs s’ouvrant chacun sur un vestibule :
- Le premier étage est constitué par le « vestibule Catherine Briçonnet », autour duquel se trouvent quatre chambres : « la chambre des Cinq Reines », la « chambre de Catherine de Médicis » (au-dessus de son cabinet vert), celle de César de Vendôme, et celle de Gabrielle d’Estrées. Au fond de ce vestibule, se trouve une porte donnant aux pièces situées au-dessus de la galerie.
- Le second étage comporte, outre le vestibule, quatre pièces dont seule « la chambre de Louise de Lorraine » est visitable.
Les cuisines sont installées au sous-sol auquel on accède par un escalier situé entre la galerie et « la chambre de François Ier ». Aménagées dans les piles du moulin ayant précédé le château, elles sont composées de plusieurs salles, dont l’office, salle basse aux deux voûtes en croisées d’ogives comportant une cheminée, la plus grande du château. À côté se trouve le four à pain.
L’office dessert la salle à manger du personnel du château, la boucherie, ainsi que le garde-manger. Un pont se tient entre l’office et la cuisine. Un quai de débarquement permettant d’apporter directement des marchandises dans la cuisine.
L’ensemble du domaine, propriété de la famille Menier, accueille annuellement 850 000 visiteurs, faisant de Chenonceau le monument historique privé le plus visité de France.