BAOBAB DE GRANDIDIER : un arbre mythique en voie de disparition

Le Baobab de Grandidier est une espĂšce de baobabs, rendue cĂ©lĂšbre par l’avenue des baobabs dans le sud-ouest de Madagascar, comptant quelques centaines de spĂ©cimens, derniers survivants de forĂȘts primaires en voie de disparition.

Ses caractéristiques

Le baobab de Grandidier ou Adansonia grandidieri est une espùce d’arbre de la famille des Bombacaceae, famille d’arbres tropicaux, incluant des espùces remarquables tels que les baobabs, les fromagers ou les balsas.

Les baobabs ont un tronc massif et appartiennent au genre Adansonia en l’honneur du naturaliste français Michel Adanson (1727-1806). Ils sont parfois appelĂ©s arbres-bouteille.

Le nom spécifique de Adansonia grandidieri rend hommage au botaniste et explorateur français, Alfred Grandidier (1836-1921).

Naturaliste et explorateur français, il dĂ©couvrit presque par hasard Madagascar en 1865, et se consacra Ă  l’étude de l’üle avec le soutien du MusĂ©um national d’histoire naturelle de Paris et de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie. Il rĂ©alisa un vaste projet de 30 volumes sur Madagascar : L’Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar prĂ©sents dans le Fonds Grandidier Ă  Antananarivo.

Le baobab de Grandidier est la plus grande des six espĂšces de baobabs endĂ©miques de Madagascar. Certains individus atteignent jusqu’à 30 m de hauteur et 7,5 m de diamĂštre.

Ils sont recouverts d’une couronne de branches horizontales qui forment une cime aplatie. L’écorce est douce et Ă©paisse, chez les adultes jusqu’à 10-15 cm et gris rougeĂątre. Entre octobre et mai, l’arbre est rempli de feuilles palmĂ©es vert-bleu, composĂ©es de 6 Ă  9 folioles elliptiques-lancĂ©olĂ©es, recouvertes de poils denses.

Les fleurs apparaissent de mai à août, avec des pétales de couleur blanc crÚme au jaune chez les adultes. Elles sont trÚs aromatiques et éclosent aprÚs le coucher du soleil.

Les fruits sont ovoĂŻdes, recouverts d’un tĂ©gument rougeĂątre, riches en vitamine C.

L’odeur intense des fleurs attire de nombreuses espĂšces de mammifĂšres (en particulier les mĂ©ga-chiroptĂšres et les lĂ©muriens).

Cette espĂšce est classĂ©e en danger d’extinction et figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, l’une des principales organisations non gouvernementale mondiale consacrĂ©es Ă  la conservation de la nature.

L’allĂ©e ou avenue des baobabs de Morondava Ă  Madagascar

Ce groupe de quelques dizaines de baobabs Adansonia Grandidieri de 30 m de hauteur borde la route de terre entre Morondava et Belon’i Tsiribihina dans la rĂ©gion de Menabe dans l’ouest de Madagascar. Ces baobabs, ĂągĂ©s de plus de 800 ans, connus localement sous le nom de renala (ou « mĂšre de la forĂȘt » en malgache), sont un hĂ©ritage des forĂȘts tropicales denses qui ont prospĂ©rĂ© Ă  Madagascar et qui sont aujourd’hui en voie de disparition (90 % des forĂȘts primaires ont disparu). Avec l’augmentation de la population, les forĂȘts ont Ă©tĂ© abattues pour mĂ©nager des espaces pour l’agriculture, laissant ici et lĂ  quelques baobabs par respect et pour leur valeur.

La conservation de cet ensemble spectaculaire  fait l’objet d’efforts locaux avec notamment une protection temporaire adoptĂ©e en juillet 2007 par le ministĂšre de l’Environnement, des Eaux et ForĂȘts, premiĂšre Ă©tape vers la classification de « monument national » Ă  Madagascar.

MenacĂ© par la dĂ©forestation, les effluents des riziĂšres et des plantations de canne Ă  sucre, les feux de broussailles et de forĂȘt, les arbres de ce site ne bĂ©nĂ©ficient sur place d’aucune protection particuliĂšre. Il ne s’agit pas d’un parc national et n’est pas clĂŽturĂ©. Il ne fait pas l’objet de droits de visite et ne profite pas Ă  la population.

Conservation International, en partenariat avec Fanamby, une ONG malgache, a lancĂ© un projet d’écotourisme pour conserver ce site est l’un des plus visitĂ©s de la rĂ©gion et faire en sorte que la communautĂ© locale en retire quelques bĂ©nĂ©fices.

Comment se cultive-t-il ?

La culture des baobabs de Grandidier est facile, à la condition de reproduire des conditions de type tropical aride


  • Pour le semis, tremper les graines dans de l’eau tiĂšde durant 24 Ă  72 h.
  • Planter ensuite dans des pots remplis de substrat suffisamment profonds pour Ă©viter de devoir rempoter et dĂ©ranger trop tĂŽt la jeune racine pivotante (sauf pour les exemplaires destinĂ©s Ă  devenir des bonsaĂŻs) et mettre Ă  germer Ă  20-23°C.
  • La plantule apparaĂźt gĂ©nĂ©ralement en 15 jours si l’eau de trempage a atteint l’amande, et jusqu’à 2-3 mois dans le cas contraire.
  • Ne pas rempoter avant l’apparition des deux premiĂšres paires de vraies feuilles. 
  • En pĂ©riode de vĂ©gĂ©tation, donner une exposition ensoleillĂ©e, une tempĂ©rature de 20-25°C et des arrosages rĂ©guliers mais sans excĂšs.
  • En pĂ©riode de repos, les feuilles tombent et il peut ĂȘtre hivernĂ© Ă  15°C dans un endroit moins bien exposĂ© avec des arrosages fortement rĂ©duits destinĂ©s Ă  la conservation des racines.
  • Le rempotage a lieu tous les deux ans au printemps juste avant la reprise de vĂ©gĂ©tation. Les racines peuvent ĂȘtre retaillĂ©es pour favoriser le chevelu et rĂ©duire la vigueur de la plante (Ă©viter d’arroser durant une semaine).
  • Les baobabs sont peu sujets aux maladies et risquent surtout de pourrir par les racines en cas d’excĂšs d’arrosage.

Son utilisation

Leur bois est impropre Ă  la construction mais peut ĂȘtre utilisĂ©, du fait de leur faible densitĂ©, pour la fabrication d’embarcations. Dans le sud de Madagascar, le tronc est parfois creusĂ© pour en faire une rĂ©serve d’eau.
Les feuilles sont un appoint de nourriture pour le bĂ©tail, les jeunes branches Ă©tant coupĂ©es et jetĂ©es à terre. Cette pratique d’émondage est catastrophique pour la multiplication des baobabs qui ne peuvent pas fleurir et produire de fruits. Les feuilles sont parfois consommĂ©es par les humains, fraĂźches et bouillies comme des Ă©pinards, ou sĂ©chĂ©es, broyĂ©es et ajoutĂ©es Ă  des sauces, car riches en fer, calcium, protĂ©ines, lipides et vitamine A.

Les jeunes racines peuvent ĂȘtre consommĂ©es comme des asperges. Les fruits Ă©vidĂ©s peuvent servir de rĂ©cipients, ĂȘtre transformĂ©s en savon ou en engrais, car riches en phosphates. La pulpe, riche en vitamine C et B 1, est consommĂ©e directement ou mĂ©langĂ©e avec d’autres ingrĂ©dients pour en faire une bouillie Ă©paisse, ou bouillie avec de l’eau pour en faire une sorte de ‘jus de coco’ au goĂ»t acidulĂ©, ou encore avec du lait qu’elle fait cailler. FumĂ©e, elle sert de rĂ©pulsif contre les mouches. Les graines comestibles sont parfois broyĂ©es pour en faire de la farine, utilisĂ©e pour Ă©paissir les soupes, grillĂ©es, ou pressĂ©es pour en extraire de l’huile.
Les feuilles, la pulpe et les fibres du fruit ainsi que l’écorce sont utilisĂ©es pour soigner diarrhĂ©es et dysenterie.

Son Ăąge

Leur bois spongieux n’ayant pas de cernes de croissance, l’age des baobabs peut ĂȘtre Ă©valuĂ© par une datation au carbone 14 Ă  partir de bois mort issu du centre du baobab (difficile Ă  rĂ©aliser, car le baobab se creuse progressivement). Cette technique de datation a mis en Ă©vidence une forte croissance durant les 270 premiĂšres annĂ©es avec un diamĂštre pouvant atteindre 2 m, puis une croissance plus lente de l’ordre de 2,5 mm par an. Un baobab de 5 m de diamĂštre serait ainsi ĂągĂ© de 1000 ans et de 9 m de diamĂštre de 4000 ans !

En voie de disparition, classĂ© sur la liste rouge des espĂšces en danger, la prĂ©servation de cet arbre mythique, au delĂ  de l’avenue des baobabs de Morondava, s’avĂšre un enjeu Ă©cologique important.

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