Le réchauffement climatique se traduit par une multiplication des évènements caniculaires (fortes chaleurs parfois accompagnées d’un fort taux d’humidité). Se pose alors la question du type de climatisation à privilégier entre les options naturelles neutres sur un plan environnemental et les options réfrigérantes électriques nuisibles pour le climat. Avec la hausse du niveau de vie, des milliards de nouveaux appareils devraient être installés dans le monde entre 2016 et 2050 (notamment dans les pays émergents au climat étouffant) et entraîner un doublement des émissions de CO² accélérant le réchauffement de la planète…
Qu’est-ce que la climatisation ?
La climatisation consiste à modifier, contrôler et réguler les conditions climatiques (température, humidité, niveau de poussières, ) d’un local pour des raisons de confort ou techniques (laboratoires médicaux, salles informatiques, etc.) par le biais d’appareils de climatisation réfrigérants ou des moyens naturels.
Il existe aujourd’hui environ 1,6 milliard de climatiseurs installés dans le monde, dont environ la moitié aux États-Unis et en Chine. Les États-Unis et le Japon ont un taux d’équipement des foyers de 90 %, contre à peine 8 % dans les pays les plus chauds du monde (4% en Inde). La demande explosant, l’on pourrait d’ici 2050 passer de 1,6 milliard à 5,6 milliards de climatiseurs installés dans le monde.
Les limites et les dangers de la climatisation réfrigérante électrique actuelle
Si la climatisation permet de vivre dans des zones aux conditions climatiques extrêmes ou de faire face à des événements caniculaires ponctuels, elle présente des dangers conséquents :
- Une consommation électrique importante (10% de la consommation électrique mondiale) nécessitant le fonctionnement de centrales majoritairement au charbon ou au gaz émettant des gaz à effet de serre et réchauffant le climat. Près d’un milliard de tonnes de CO² environ par an seraient ainsi rejetés dans l’atmosphère.
- Le danger des fuites de fluides frigorigènes au fort pouvoir de réchauffement : les hydrofluorocarbures (HFC), contenus dans les appareils qui fuient régulièrement, lors de leur fabrication ou en cas de défaillance au cours de leur vie ont un potentiel réchauffant 1 000 à 9 000 fois supérieur au CO2.
- L’enclenchement d’un cercle vicieux, dit d’îlot de chaleur urbain dans les grandes villes : plus les températures augmentent et plus on a recours à la climatisation; plus on rejette de la chaleur dans l’air. L’impact de la climatisation sur la hausse de la température urbaine serait de 0,5°C (Paris) à 2°C (Tokyo).
- Le risque de développer des maladies respiratoires avec des appareils mal entretenus, nids à bactéries, ayant tendance à conserver de l’eau qui stagne où se développent certains organismes pathogènes, comme la légionellose.
- Les systèmes de refroidissement peuvent créer des chocs thermiques, à cause de la différence de température entre extérieur et intérieur supérieure à 10 °C
Le remplacement des fluides actuels par des fluides à impact environnemental faible tels que le CO2 (!), l’innovation technologique pour assurer de meilleurs propriétés thermodynamiques et une moindre consommation énergétique pourraient limiter les effets néfastes de la climatisation électrique aux fluides réfrigérants.
Les alternatives de climatisation naturelle
Il existe de nombreuses possibilités de climatisation naturelle faisant appel à un savoir ancestral négligé ou à des innovations technologiques.
Conçues avec des parois de pierres épaisses, comportant peu d’ouvertures et des volets de types persiennes, bénéficiant des ombres portées de l’immeuble voisin (ruelles très étroites), disposant d’un patio intérieur avec un bassin rafraichissant, les constructions anciennes permettaient d’offrir une réelle fraîcheur en été !
Les préalables à toute climatisation naturelle, bien que difficiles à obtenir dans les ilots urbains actuels, sont souvent réalisables dans une maison :
- une très bonne isolation thermique (murs épais en pierre, doubles vitrage…);
- une très bonne protection solaire (filtres solaires, stores, végétation, ombres portées, stores, auvents…);
- une bonne conception intérieure (pièces traversantes, hauteur de plafond,…);
- une bonne inertie thermique des murs et dalles intérieures (isolation extérieure: couleur des terrasses et des murs, tenir compte des vents dominants et de l’orientation )
- une faible consommation de chaleur par les appareils électriques : éclairage basse consommation, appareils ménagers classes A ou A+, extinction des veilles (ordinateurs, télévision…).
Il existe différentes techniques de climatisation naturelles innovantes :
- La bio-climatisation ou Rafraîchisseur d’Air Évaporatif (RAE) est une alternative intéressante aux systèmes de climatisation classique. L’appareil de climatisation utilise l’évaporation de l’eau pour rafraîchir l’air de manière naturelle et baisser la température (le rafraîchisseur d’air fait passer l’air chaud à travers un filtre humidifié, et diffuse l’air froid dans la pièce).Ce système, nécessitant un air sec, permet d’atteindre une baisse des température de 2 à 4 ° C et coute de 70 et 200€ pour une pièce de taille moyenne, sans compter les économies d’énergie en raison du bon rendement de l’appareil.
- La climatisation solaire peut être un excellent moyen de rafraîchir l’intérieur d’une maison.Le principe est de récupérer l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques pour alimenter le système de climatisation par effet thermique et vortex, par dessiccation, par absorption et par adsorption. La climatisation solaire présente de nombreux avantages, tels que le production d’air frais grâce aux rayons du soleil (inépuisables et aigris), l’absence de gaz réfrigérant nocif ou encore la basse consommation d’électricité. Elle permet de faire diminuer la température de 3 à 4° C environ. La climatisation solaire reste néanmoins couteuse et non adaptée pour des appartements.
- Le puits canadien ou provençal, bien connu des anciens, repose sur un système simple : il s’agit d’utiliser la fraîcheur du sol pour refroidir la maison. La différence de température entre l’air extérieur et la sol dépasse souvent 10° C. Le principe consiste à enterrer des tuyaux à 1,5m ou 2m de profondeur pour y faire passer l’air qui rentre dans la maison pour l’aérer et la rafraîchir. Le même principe est utilisé l’hiver pour réchauffer l’intérieur en se servant de la chaleur de la terre. Ce système de climatisation naturelle est très bon marché. En revanche, son efficacité est régulièrement remise en cause.
Les gestes simples
- Aérer la nuit pour faire rentrer l’air plus frais et rafraîchir les murs et l’intérieur. Dans le cas d’une maison à étage, ouvrir les fenêtres pour faire monter l’air chaud. Fermer les fenêtres tôt le matin, avant le lever du soleil.
- Fermer les volets, les stores ou les croiser durant la journée. Il s’agit de ne pas laisser entrer les rayons du soleil.
- Couvrir la façade, les balcons et les terrasses de plantes. Les plantes telles que la vigne vierge ou autre plante grimpante contribuent à rafraîchir l’air par l’évaporation. Des végétaux à larges feuilles, comme certaines variétés de ficus, accentuent le phénomène d’évapotranspiration.
- Utiliser l’eau. Les Égyptiens plaçaient des amphores remplies d’eau devant les entrées pour rafraîchir l’air. En s’évaporant, l’eau rafraîchit l’air (gain de 10 °C dans la zone d’échange). Disposer des récipients d’eau devant les entrées ou arroser les terrasses reste néanmoins consommateur d’eau.
- Étendre un drap humide devant les fenêtres.
- Planter des arbres à feuilles caduques devant la maison pour la protéger des rayons du soleil et faire de l’ombre.
- Limiter les cuissons longues à la poêle ou au four en préférant des salades ou des aliments froids.
- Ne pas faire fonctionner les lampes halogènes, préférer des ampoules basse consommation. Veiller à mettre à l’arrêt tous les appareils en mode veille et les dépoussiérer fréquemment.
- Placer des glaçons (bouteille d’eau mise au congélateur) devant son ventilateur ou dans la pièce à refroidir. Un mélange glace pilée-sel de cuisine permet d’obtenir encore plus de froid
- Mélanger rapidement ¾ de glace pilée et ¼ de sel?;
- Attendre 5 min en mélangeant de temps en temps.
- Placer le mélange dans la pièce à refroidir.
- Mais aussi Boire chaud pour adapter son corps à la température extérieure.
- Éviter le café et l’alcool, qui déshydratent, et les sodas ou jus de fruits industriels qui créent une sensation de soif.
- À proscrire les douches froides à répétition qui soulagent sur le moment, mais qui empêchent le corps de s’adapter à la température ambiante. Préférer les brumisateurs, rafraîchissants et hydratants.
- Porter des vêtements amples et légers.
- Éviter les activités sportives trop intenses aux moments les plus chauds de la journée. (À partir de 30 °C, trop bouger devient dangereux : une insolation ou un coup de chaleur sont vite arrivés).
Le paradoxe des climatiseurs réfrigérants actuels est de refroidir les intérieurs, mais de réchauffer l’extérieur et d’enclencher un véritable cercle vicieux. Seules des innovations technologiques permettant de garantir une climatisation neutre sur le plan environnemental, l’adoption de techniques de climatisation naturelles oubliées et l’adaptation à un environnement plus chaud sont de nature à ne pas amplifier le réchauffement climatique.