PRENDRE DES VESSIES POUR DES LANTERNES

Définition :

  • se tromper grossièrement dans ses appréciations ;
  • être naïf, se faire des illusions sur les choses ou les gens, être dupé par les apparences.

Origine :

Cette expression est issue d’une locution du XIIe siècle : « vendre vessie pour lanterne », aux deux interprétations. 

La première concerne une mystification sur le mode d’éclairage. La légende raconte qu’autrefois les vessies de porc ou de bœuf mâles étaient séchées pour servir de récipients ou de lanternes grâce à la fine paroi laissant passer la lumière d’une bougie.

Placer des bougies dans des vessies de porc séchées et gonflées permettait d’obtenir un effet proche de celui d’une lanterne. Celui qui confondait vessie et lanterne placée au plafond était assez naïf, crédules pour se laissait abuser par les supercheries d’un vendeur. 

La deuxième est relative au sens figuré très proche des mots « lanterne » et « vessie ». En ancien français, des lanternes sont des absurdités, des contes absurdes, des balivernes, des récits à dormir debout. La vessie ferait alors référence à l’air ou au vent. Selon le sens de ces mots, vendre vessie voudrait donc dire « vendre du vent » c’est-à-dire rien du tout, du fait de l’air qui gonfle la dite vessie, enveloppe de très peu de valeur.

Exemples :

  • Ainsi l’on se mit à dire, par antiphrase, des propos et des renommées, vrai, sincère, garanti comme une blague à tabac. Au lieu de jabots, il y eut des vessies, soigneusement attifées et gonflées, que les marchands d’herbe à la reine suspendaient dans leurs boutiques, avec bouffettes et pendeloques en soie, à la façon des lanternes chinoises ; de là peut-être aussi le proverbe : Prendre des vessies pour des lanternes. — (Auguste Luchet, Les mœurs d’aujourd’hui, Coulon-Pineau, Paris, 1854, page 82)
  •  Ce jour ma vie a basculé de manière irréversible. Je prends des vessies pour des lanternes, les enfants du bon dieu pour des canards sauvages. Je ne fais plus la part du réel et de l’imaginaire.— (Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit, J.-C. Lattès, 2011)

Citation sur la langue française :

« Défendre la langue française est un devoir pour moi. »

Charles Aznavour