En vingt ans, le prix moyen des forêts françaises a progressé de 50% en valeur constante (hors inflation). En 2017, le nombre de transactions, les surfaces vendues et la valeur du marché ont atteint des niveaux records. Actif tangible, placement plaisir, valeur refuge et outil de diversification, l’investissement forestier suscite un intérêt croissant. Doté d’incitations fiscales, il présente des risques et des contraintes à considérer attentivement avant de s’engager.
Quelles sont les caractéristiques du marché forestier français ?
La forêt couvre 29,5% du territoire français métropolitain. Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, sa surface a doublé. Sa progression, d’environ 0,7 % par an depuis 1980, est due à la désertification des campagnes, à l’intensification agricole et aux programmes de reforestation.
Les essences principales sont les feuillus à 64% (chênes pour 22 % et hêtres 11 %) et les conifères à 36% (épicéas- pour 8 % et sapins 8 %).
La forêt est détenue au trois quarts par des personnes privées.
Malgré l’étendue de la forêt française, le marché des transactions forestières reste étroit, la demande étant plus forte que l’offre.
En 2017, 130 900 ha de forêts ont été échangés, soit 0,77% de la surface forestière totale. Les transactions (18 500 en 2017) portent sur des forêts de moins de 100 ha (seules 80 ont concerné des forêts de plus de 100 ha pour un total de 18 400 ha).
Les prix s’échelonnent de 630 € à 12 200€/ha avec un prix moyen de 4 110€/ha. Ils dépendent étroitement des régions et de la qualité des biens.
Les personnes morales privées (agricoles, forestières ou institutionnelles) sont les premiers acquéreurs (38 %).
Comment investir dans la forêt ?
L’investissement forestier peut se faire :
-en direct, si l’on souhaite conserver la jouissance et se charger de la gestion des bois ou des forêts ;
-par souscription de parts de groupements fonciers forestiers (GFF). L’investisseur recourt à des professionnels qui assurent la gestion de différents massifs forestiers (meilleure diversification). Il n’a pas la jouissance de la forêt. Les revenus sont de l’ordre de 1 à 2% par an. La part est de l’ordre de 5.000 €. À noter, le lancement prochain de groupements forestiers d’investissement (GFI) dont la responsabilité sera limitée aux apports, l’offre et la documentation viséees par l’AMF.
Quels sont les avantages d’un investissement forestier?
- un actif refuge, de diversification, décorrélé de la volatilité des marchés financiers,
- un bien tangible à transmettre à ses héritiers,
- une fiscalité attrayante en matière d’impôt sur le revenu (réduction d’impôt sur les sommes investies, plafonnées et sous conditions), d’impôt sur la fortune immobilière (IFI), lors d’une donation ou d’une succession (exonération à hauteur des trois quarts pour la forêt et assimilés actuellement),
- un investissement bénéficiant de la demande soutenue pour le foncier et le bois,
- un investissement vert au centre du futur marché des carbones ? Limitées actuellement aux projets visant à créer de nouveaux boisements, les négociations post-Kyoto visent à inclure les forêts, les crédits forestiers, au coeur du dispositif global de lutte contre le changement climatique. Pour réduire la déforestation de 50 % d’ici à 2030, l’investissement nécessaire serait de l’ordre de 17 à 33 milliards de $ par an !
Quels en sont les risques?
L’investissement forestier présente des risques liés à l’évolution des marchés sous-jacents (foncier, bois), aux aléas climatiques, aux contraintes de gestion, à l’instabilité fiscale et à la faible liquidité
- l’évolution du prix du foncier et du bois: la production peut varier en qualité, en volume et en valeur; le prix du bois n’est pas constant dans le temps,
- les aléas climatiques tels que les tempêtes, le gel, la grêle, les incendies et, de manière générale, les catastrophes naturelles, les risques phytosanitaires, les aléas de la sylviculture,
- la responsabilité illimitée des associés dans les groupements fonciers forestiers devraient évoluer avec les GFI (limitée aux apports),
- la situation fiscale particulière: la législation fiscale en vigueur à ce jour est susceptible d’évoluer.
- la liquidité dans le cas d’un GFF est fonction des demandes de souscription ou d’acquisition de parts enregistrées par le gérant. Aucune garantie n’est apportée sur le délai de revente des parts ou le prix de cession. En direct, la revente d’une forêt est également aléatoire.
Quels pré-requis avant de s’engager?
Il s’agit de :
- déterminer son objectif d’investissement: rendement/valorisation ou agrément,
- l’envisager dans une logique de diversification et de long terme,
- recourir à un professionnel disposant d’un savoir-faire et de compétences pointues en gestion financière et en exploitation forestière.
L’évaluation du potentiel d’une forêt, l’analyse des opportunités sylvicoles (nature des sols, essences, climat…), la qualité de la gestion sont primordiales pour la viabilité de l’investissement.
- analyser en détail l’opportunité financière proposée, ainsi que ses incidences fiscales,
- bien intégrer son caractère peu liquide.
Il peut s’avérer utile de recourir à une plateforme telle que assetmarket, la place de marché des actifs non-côtés.
Celle-ci facilite les achats/ventes d’actifs forestiers et la mise en relation avec des professionnels expérimentés de l’investissement forestier.