Depuis une quinzaine d’années, le phénomène de mode des nouveaux animaux de compagnie exotiques ne se dément pas. Présents dans 5 % des foyers français, ils représenteraient 10 % de la population animale (3,5 millions de petits mammifères et 1, 5 millions de serpents, tortues, lézards, araignées…). Sauvages, aux besoins et à la dangerosité méconnus, une partie de ces animaux seraient prélevés illégalement et/ou en voie de disparition. Cette mode s’avèrerait néfaste pour les écosystèmes déjà fragilisés et la biodiversité.
Qu’entend-on par NAC??
Les NAC sont des animaux de compagnie non conventionnels détenus par l’homme pour son agrément, autres que le chat et le chien.
Cela comprend à la fois :
–les animaux domestiques tels que le lapin, le cochon d’Inde, la souris, le furet et certains espèces d’oiseaux et de poissons d’aquariums?;
– les animaux non domestiques n’ayant pas subi de modifications par une sélection millénaire humaine, tels que les reptiles, les arachnides, les amphibiens, les singes, les fauves.
Il peut s’agir d’espèces capturées dans la nature, issues d’élevages, détournées de leur emploi utilitaire ou alimentaire ou génétiquement modifié.
D’où vient cet intérêt pour les NAC??
Avec l’évolution des modes de vie, l’acquisition d’un petit animal semble de prime abord moins contraignante et moins couteuse. L’effet de nouveauté et d’exotisme passé, il semble aussi plus facile de s’en débarrasser, tel un objet jetable.
Phénomène majoritairement urbain, le propriétaire de NAC a entre 20 et 35 ans, recherche la nouveauté, l’exotisme et à se distinguer, outre les grands passionnés. Lors de leur acquisition, le futur prioritaire est bien loin de se douter des obligations et de la dangerosité liées.
Quelle législation s’applique??
Selon leur dangerosité, leur caractère protégé, les risques invasifs, leur détention peut nécessiter une autorisation préfectorale ou un certificat de capacité.
Les animaux venimeux doivent être déclarés à la Direction des services vétérinaires. Une détention illégale est un délit qui peut conduire à des sanctions pécuniaires et pénales. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) classifie les espèces autorisées au commerce international. Cette convention est diversement appliquée suivant les pays.
Que nécessite l’acquisition d’un NAC??
Sauvages et peu sociables, leur assurer de bonnes conditions de vie signifie :
- un environnement adéquat (reconstitution de leur milieu naturel, endroit réservé)?;
- une alimentation adaptée (insectes, petits mammifères, poissons vivants, fruits, plantes,…)?;
- et un suivi sanitaire spécifique : peu de vétérinaires sont spécialisés dans les NAC.
Quels sont les risques et les effets pervers liés à la détention d’un NAC??
- les dangers pour la santé : certains animaux sont porteurs de maladies transmissibles à l’homme (zoonoses) ou sont dangereux par nature, pouvant provoquer morsures, griffures ou empoisonnement. Certaines espèces de reptiles étant croisées par leur propriétaire, il n’existe pas de sérum disponible?;
- les dangers pour l’environnement : relâchées dans un nouvel écosystème, certaines espèces deviennent invasives, supplantant les espèces indigènes (tortues de Floride, perruches à collier, écuries de Corée boa ou anacondas en Floride…)?;
- les dangers pour l’animal lui-même : les conditions de transport et les conditions de vie chez leur propriétaire (stress, mauvaise alimentation…) conduisent à une véritable hécatombe (75 % des reptiles serpents et amphibiens capturés à l’état sauvage survivrait moins d’un an)?;
- la préservation des espèces : un tiers des oiseaux et des mammifères seraient menacés par le commerce souvent illégal des NAC, les primates ou les mygales étant particulièrement en danger?;
- l’encouragement du trafic illicite : plus un animal est rare, plus il est convoité, accélérant son extinction et dynamisant le trafic qui s’accroit de 10 % par an.
Loin d’être bon enfant, le phénomène des NAC s’avère particulièrement dévastateur pour les équilibres écologiques, la santé publique et les écosystèmes.
De fait, sortir de son milieu naturel un animal sauvage et se l’approprier pour son agrément ponctuel paraît à la fois irresponsable et condamnable lorsqu’il conduit à sa perte et l’extinction de son espèce.