Le Gouffre de Padirac est l’entrée d’une cavité naturelle de grande dimension située sur la commune de Padirac, au nord de Gramat, dans le département du Lot. Plus beau site naturel d’Europe, creusé dans les calcaires jurassiques du causse de Gramat, il est le point d’entrée monumental (35 m de diamètre et 103 m de profondeur) d’une rivière et de galeries souterraines s’étendant sur plus de 40 km et de 250 m de dénivelé.
Sa formation géologique
Après la mise en place du plateau calcaire de la vallée de la Dordogne, le creusement a commencé il y a 1 million d’années durant la période quaternaire grâce à des infiltrations d’eaux dans un réseau de fissures connectées. Une rivière souterraine s’est constituée, creusant à son tour la roche de haut en bas par érosion chimique. La rivière souterraine s’écoule en direction du Nord-Ouest, vers Montvalent, où elle rejoint la Dordogne.
Le Gouffre de Padirac s’est formé après la mise en place des galeries souterraines. Cette ancienne salle souterraine creusée par des circulations d’eaux a vu son plafond s’ouvrir suite à une succession de climats très froids favorisant l’éclatement de la roche.
Un passé légendaire
Une première légende raconte qu’alors que Saint Pierre parcourait sur sa mule la voie romaine entre Autoire à Montvalent il vit apparaître le diable qui lui imposa une épreuve avec pour enjeu les âmes des damnés qu’il venait de sauver. Satan frappa le sol avec son talon et fit apparaître un gouffre. D’un bond extraordinaire, la mule de Saint-Pierre franchit l’obstacle condamnant le diable à disparaître dans le gouffre qui prit le nom de porte des Enfers. Autrefois, les bergers y lançaient des pierres pour entendre l’écho venant des abîmes, persuadés que ce trou gigantesque était l’œuvre de Satan.
Une autre légende dit qu’à la fin de la guerre de Cent Ans, les Anglais y enfouirent dans un butin dans une peau de veau qui suscita depuis de nombreuses vocations d’explorateurs.
Durant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, le gouffre servit de refuge aux habitants du causse de Gramat. Lors d’une violente crue de la rivière au XIXe siècle, une communication s’est ouverte entre le fond du puits et les galeries souterraines.
Vers 1870, le comte Murat descendit à la suite d’un pari dans le puits d’entrée dans un grand panier muni de cordes sans remarquer le petit orifice conduisant à la grande galerie de la rivière souterraine.
En 1889, Édouard-Alfred Martel, inventeur de la spéléologie moderne, découvrit la rivière souterraine du Gouffre de Padirac. Il parcourra par la suite et typographiera 2750 m de galeries.
En juillet 1937, William Beamish, président de la Société d’exploitation du Gouffre de Padirac, prolongera de 400 m la reconnaissance du cours de la rivière souterraine.
Le 22 juillet 1947, du colorant sera versé en grande quantité dans la rivière faisant apparaître deux exsurgences près de la Dordogne sous le village de Montvalent.
De nombreuses expéditions vont se succéder au cours du XXè siècle cartographiant environ 42 km de galeries, malgré la longueur des navigations et la succession des difficultés.
La longueur de la rivière souterraine est de 20 kilomètres et sa profondeur varie de 50 cm à 6 m sur la partie visitée, la température de l’eau est constante à 12 °C, celle de la grotte est toujours de 13 °C.
Son exploitation commerciale
En 1898, commença l’aménagement du gouffre. Un escalier métallique fut conçu et installé, l’inauguration officielle ayant lieu le 10 avril 1899 sous la présidence du ministre de l’Instruction publique Georges Leygues. Dès 1900, l’éclairage électrique fut installé, une petite centrale électrique alimentant le gouffre. Depuis les années 1930, l’accès à la rivière souterraine se fait par ascenseur, le reste de la visite se faisant à pied (environ 1?300 m) et en barque (1?000 m).
2,5 km de galeries, sur les 42 km explorés, peuvent être visités de la fin mars au début du mois de novembre.
Les curiosités naturelles
Après les 207 marches de l’escalier métallique de style Eiffel (des ascenseurs sont également disponibles), lorsqu’on arrive au fond du gouffre et quand on lève les yeux, “on se croirait dans un télescope”, écrivit Martel.
En longeant la galerie de la Source, on rejoint l’embarcadère pour la visite en canot sur la rivière Plane.La ballade sur l’eau émeraude bordée de falaises ocre fait apparaître une succession de concrétions monumentales, telle la stalactite de la Grande Pendeloque (60 m).
Lorsque l’on entre dans la salle du Grand Dôme, on découvre une cathédrale minérale dotée d’une voûte de plus de 90 m de hauteur.
En s’y rendant, on peut aussi admirer la Pile d’assiettes : un empilement de feuilles de calcaire créées avec le temps par les gouttes d’eau tombant du plafond.
La galerie étroite du Pas du crocodile ouvre sur le lac des Gours, un ensemble de vasques formées par des retenues de calcite d’une blancheur immaculée miroitant dans l’eau turquoise translucide.
Le 9 juillet 1889, la merveille naturelle qu’Edouard-Alfred Martel parcourait sur un canot dans le silence et l’obscurité à la lueur d’une lampe s’offre à présent en partie aménagée à près de 500?000 visiteurs par an, méritant à elle seul un voyage dans le Quercy.