IMAGES D’ÉPINAL : leur histoire, les collections, l’expression

Une image d’Épinal est une estampe sur un sujet populaire aux couleurs vives. Vendues autrefois par les colporteurs, les images d’Épinal doivent leur nom à Jean-Charles Pellerin, premier imprimeur à éditer en série ce type d’image basé à Épinal. L’expression «?image d’Épinal?» est entrée dans le langage commun désignant une vision édulcorée, traditionnelle et naïve qui ne s’attache qu’ au bon côté des choses.

Son histoire

En 1796, Jean-Charles Pellerin, maître cartier, fonde à Épinal une imagerie. La présence dans la région de cartiers, de dominotiers (conception et fabrication de feuilles de papiers peints de motifs géométriques ou floraux), de ressources forestières et fluviales  facilite son entreprise.Artisanale, l’imagerie d’Épinal va devenir peu à peu une véritable industrie.

À l’origine, l’imagerie utilise la gravure sur bois (xylographie), l’impression de la feuille s’effectuant avec une presse à bras «?Gutenberg?». Le coloriste applique les différentes couleurs au pochoir à l’aide d’une brosse ronde.

De 1829 à 1845, l’imagerie va célébrer avec succès l’empereur Napoléon Bonaparte, sa famille, ses maréchaux, ses armées et ses victoires, participant à la construction du mythe napoléonien.

Vers 1850, l’invention des pierres lithographiques va révolutionner l’impression offrant de grandes possibilités aux artistes.

Au milieu du XIXe siècle, sous l’influence des Pensées de Rousseau les enfants commencent à être sollicités comme consommateurs (poupées à monter, soldats…).

À partir de 1896, les «?devinettes?» connaissent un grand succès. Il s’agit de rechercher un objet caché grâce à un texte explicatif sur la nature de l’objet ou du personnage à découvrir. 

Ces images sont alors souvent distribuées par les parents ou à l’école comme bons points.

Au début du XXe siècle, l’imagerie est connue dans le monde entier. Les pantins, les théâtres de papier, les constructions ou les sujets militaires lors de la Première Guerre vont connaitre une grande diffusion.

Sa production va peu à peu décliner au cours du XXe siècle et connaître un coup d’arrêt avec un dépôt de bilan dans les années 1980. L’imagerie d’Épinal sera reprise par la suite par des entrepreneurs de la région.

Un patrimoine exceptionnel

Le bâtiment de l’imprimerie Pellerin, certaines machines de production, la collection de 1?344 bois gravés sont inscrits au titre des monuments historiques.

L’Imagerie d’Épinal dispose d’un fonds iconographique de plusieurs centaines de milliers d’images et de plus de 6?000 pierres lithographiques des XIXe et XXe siècle. L’ensemble de ce patrimoine est aujourd’hui la propriété de l’entreprise privée Imagerie d’Épinal qui a créé un musée de l’image d’Épinal pour diffuser auprès du public ce patrimoine d’exception.

L’Imagerie contribue à la vie artistique et à la transmission de son savoir-faire grâce à ses actions de mécénat auprès de l’École supérieure d’arts de Lorraine (ESAL).

En août 2014, un label spécifique «?Images d’Épinal?» a été créée garantissant le respect des codes des images d’Épinal : une imagerie populaire, inscrite dans son époque et qui peut être narrative, historique, événementielle, ludique, politique, éducative, entre autres. Ce label marque la volonté de valoriser un savoir-faire historique reconnu.

L’entreprise Maison Images d’Epinal est labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant » (EPV). Ce label est une référence, une marque de reconnaissance de l’État mise en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.

Du fait de son immense succès populaire,  une «?image d’Épinal?» signifie au sens figuré une vision positive et naïve, proche du cliché ou du stéréotype.

« Une image vaut mille mots ».

COnfucius

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