Entre enfance et adolescence, la pré-adolescence est une phase délicate de première émancipation, de prise de pouvoir de l’enfant sur lui-même, qui s’accompagne de défis et d’angoisses. De plus en plus précoce, déroutante pour les parents confrontés à l’alternance de comportements enfantins et quasi-adolescents, elle nécessite écoute et échanges accrus ainsi que règles souples.
Qu’est-ce que la pré-adolescence ?
Il s’agit d’une étape du développement humain entre l’enfance et l’adolescence qui prend fin généralement au début de la puberté. Même si elle varie suivant les personnes, elle intervient entre 8 et 13 ans.
Si elle est de plus en plus précoce ou prématurée, c’est en grande partie du à l’avancement de l’âge de la puberté (3 ans en un siècle).
Comment se manifeste-t-elle ?
Correspondant aux premières modifications physiologiques, elle prend la forme de changements de comportement, de tendances à:
- ne pas écouter,
- se déconnecter de ses parents (utilisation d’objets numériques tels que le téléphone, la tablette, les écouteurs…),
- répondre, pour défier l’autorité parentale,
- refuser de faire ce que les parents leur demandent pour tester leurs limites (en particulier lors du coucher),
- dire des gros mots,
- mentir,
- avoir des secrets.
Que signifie-t-elle ?
Dans cet entre-deux, les jeunes cherchent à s’affirmer, à s’individualiser.
Ils ont une vision du monde plus réaliste, plus mature et sensible que lorsqu’ils étaient jeunes enfants. Ils développent un sentiment d’identité et d’indépendance accru.
Manifestant une pensée plus libre, ils proposent à leurs parents de faire certaines activités, tout en étant davantage dans la négociation que dans la revendication.
Ils adoptent les codes culturels de leur génération. Cette sensation d’appartenance à une génération, une classe d’âge, outre la famille, est la première étape vers la construction de leur propre identité.
De fait, ils actionnent les vecteurs d’individualisation à leur disposition. Ils choisissent des vêtements rattachés à leur génération et leurs idoles. Ils décorent et se retranchent dans leur chambre . Ce monde personnel, genré, affiche leurs personnalités ou leurs artistes préférés. Ils écoutent leur propre musique et multiplient les échanges avec leurs amis.
Certains rencontrent des difficultés psychosomatiques ou se lancent dans des jeux dangereux sans vraiment en être conscients.
Quelle réponse parentale apporter durant la pré-adolescence ?
Entrant dans une première phase d’affirmation de soi, le pré-adolescent réclame un peu plus de flexibilité de la part des parents. Il n’est pas en opposition avec l’identité familiale. Il demande un éloignement relatif de ses parents pour pouvoir grandir en étant plus libre.
Durant cette pré-adolescence, il importe que les parents:
- soient à l’écoute,
- restent vigilants,
- évitent d’être trop impliqués ou trop distants,
- encouragent son autonomie et valoriser ses réalisations,
- encadrent et gardent le contrôle tout en expliquant inlassablement les règles de vie,
- le nourrissent de connaissances sans le surcharger d’activités extra scolaires,
- le protège et lui assure leur concours en cas de besoins.
Une attitude positive envers l’enfant qui ne demande qu’à grandir et à apprendre est fondamentale. Mener vers l’autonomie jour après jour, année après année, est l’essence même du rôle de parent. Cela nécessite d’accompagner le préadolescent dans ses envies, ses besoins et ses initiatives d’individualisation, d’assurer son indépendance sous conditions.
A l’heure des première modifications psychologiques, des premiers pas seul dans la rue et des premières discussions entre amis, le préadolescent est confronté à de nouvelles émotions, de nouveaux liens ou modes de pensée. Il n’a pas forcément le recul nécessaire pour en parler ou contrôler ces montagnes russes de l’émotion.
Souplesse, adaptation, échange et modération sur tous les plans, en particulier émotionnel, sont indispensables pour permettre à son enfant de franchir le cap de cette première phase d’individualisation.