Notion formulĂ©e dans les annĂ©es 1950, lâintelligence artificielle ou I.A. connait depuis les annĂ©es 2000 un fort dĂ©veloppement acadĂ©mique et applicatif. Dans une Ăšre centrĂ©e sur lâexpĂ©rience utilisateur, le recours Ă lâintelligence artificielle sâavĂšre indispensable.
AprĂšs avoir investi 12,5 Mds $ dans lâI.A.en 2017, les gĂ©ants de la technologie et de lâindustrie prĂ©voient dâaccroĂźtre leurs investissements de 50% par an dâici 2022, lâEtat français y consacrera 1,5 Mds ⏠durant la mĂȘme pĂ©riode.
Quâest ce que lâintelligence artificielle ?
Lâintelligence artificielle ou « IA » regroupe lâensemble des thĂ©ories, techniques et technologies rĂ©alisant des machines capables de simuler lâintelligence humaine et dâaccomplir des tĂąches rĂ©servĂ©es aux humains (apprendre, comprendre, rĂ©soudre, raisonner, planifier âŠ).
Cette intelligence est dite « artificielle », car elle « simule » les processus cognitifs humains tels quâils sont apprĂ©hendĂ©s de façon partielle.
Quelles sont les disciplines impliquĂ©es dans lâIA ?
Programme multidisciplinaire, elle met en jeu les mathĂ©matiques (logique, optimisation, analyse, probabilitĂ©s, algĂšbre linĂ©aire) les neuro-sciences, lâinformatique et les connaissances spĂ©cialisĂ©es des domaines auxquels on souhaite lâappliquer. Grace au dĂ©veloppement des technologies de Big data et dâapprentissage machine, l âI.A. permet  la mise au point dâautomates rĂ©solvant des problĂšmes plus rapidement et prĂ©cisĂ©ment que les humains grĂące Ă leur puissance de traitement de lâinformation.
Les algorithmes dâI.A. reposent sur des approches trĂšs variĂ©es : analyse sĂ©mantique, reprĂ©sentation symbolique, apprentissage statistique ou exploratoire, rĂ©seaux de neurones, etc.
Quels sont les diffĂ©rents niveaux dâIA ?
- lâIA dite « faible » consiste en la programmation dâoutils numĂ©riques Ă lâaide dâalgorithmes en vue dâaccomplir une ou plusieurs tĂąches prĂ©cises plus ou moins complexes. La machine va se contenter dâimiter le comportement humain en calquant et en reproduisant son raisonnement. Câest cette forme dâIA qui se dĂ©veloppe principalement aujourdâhui.
- lâIA dite « forte » vise Ă dĂ©velopper des machines capables dâapprendre elles-mĂȘmes le comportement adĂ©quat Ă observer grĂące Ă lâapprentissage et la comprĂ©hension de la logique sous-jacente issue de lâexpĂ©rience. La machine va non seulement ĂȘtre capable de rĂ©soudre nâimporte quelle tĂąche prĂ©cise mais aussi de dĂ©terminer quelle tĂąche est Ă effectuer dans une situation donnĂ©e. Cette approche en est au stade expĂ©rimental.
Quelles sont les principales technologies développées ?
Lâintelligence est gĂ©nĂ©ralement associĂ©e Ă lâapprentissage.
Celui-ci permet Ă une entitĂ© dâexĂ©cuter une tĂąche, dâamĂ©liorer ses performances avec lâexpĂ©rience mais aussi dâapprendre Ă accomplir de nouvelles tĂąches et acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences.
Comme il est impossible dâĂ©crire un programme fonctionnant dans toutes les situations, lâapprentissage dit « machine » a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©. Ce type dâapprentissage (filtrer les contenus, ordonner les rĂ©ponses Ă une recherche, sĂ©lectionner des informations ou faire des recommandations aux utilisateurs) est au coeur de tous les systĂšmes dâI.A. des grandes entreprises telles que les FAANG.
Quels sont les diffĂ©rents types dâapprentissage machine ?
- lâapprentissage automatique (ou « machine learning« )
Ce type dâapprentissage tente de modĂ©liser les processus cognitifs (acquisition de connaissances sur lâenvironnement) Ă partir de lâanalyse dâexpĂ©riences passĂ©es et non de rĂšgles formelles logiques.
Le processus se déroule en deux temps:
- une phase dâapprentissage : ajustement des paramĂȘtres du modĂšle Ă partir des donnĂ©es fournies,
- une phase dâinfĂ©rence : la tĂąche fixĂ©e est rĂ©alisĂ©e à partir des paramĂštres appris.
On a recours Ă plusieurs techniques:
- lâapprentissage supervisĂ©: durant la phase dâapprentissage, on soumet des donnĂ©es catĂ©gorisĂ©es Ă la machine. Par gĂ©nĂ©ralisation, elle doit ĂȘtre ensuite capable de reconnaitre une catĂ©gorie dans des donnĂ©es non catĂ©gorisĂ©es.
- lâapprentissage non supervisĂ©: on soumet Ă la machine des donnĂ©es non catĂ©gorisĂ©es. Elle Ă©tablit les catĂ©gories en phase dâapprentissage et doit ĂȘtre capable par gĂ©nĂ©ralisation de reconnaitre une catĂ©gorie dans de nouvelles donnĂ©es non catĂ©gorisĂ©es.
- lâapprentissage par renforcement ne fait appel Ă aucune base dâexemples en entrĂ©e. Lâapprentissage se fait via des interactions avec lâenvironnement. La machine effectue une action, lâenvironnement change et une rĂ©compense lui est attribuĂ©e en fonction du rĂ©sultat obtenu. La machine dĂ©couvre progressivement les actions qui permettent dâobtenir le meilleur rĂ©sultat. Lâapprentissage par renforcement dĂ©signe la situation oĂč la machine ne reçoit quâun simple signal, une sorte de rĂ©compense.
Lâapprentissage non supervisĂ© et par renforcement sont loin dâĂȘtre encore au point.
Quâest-ce que lâapprentissage profond ou « deep learning » ?
Lâapprentissage profond est construit Ă partir dâĂ©lĂ©ments de calcul disposĂ©s en couches successives et reliĂ©s entre eux par des connexions construites lors de la phase dâapprentissage. Les donnĂ©es dâentrĂ©e sont dĂ©composĂ©es en diffĂ©rentes couches dâabstraction hiĂ©rarchisĂ©e.
Inspirés du fonctionnement du cerveau humain, les réseaux de neurones profonds sont parmi les premiers modÚles à avoir été inventés en IA, dÚs les années 1950.
Le « deep learning » se distingue par :
- son niveau de performance proche du niveau humain, pour de plus en plus de tĂąches, notamment de perception complexe,
- sa gĂ©nĂ©ricitĂ©?: mĂȘme si lâapplication Ă une nouvelle tĂąche nĂ©cessite beaucoup dâajustements, câest lâutilisation dâun ou plusieurs rĂ©seau (x) de neurones profond(s) qui permet Ă chaque fois dâatteindre ce niveau de performance.Â
- lâintuition dans sa capacitĂ© de gĂ©nĂ©ralisation.
Il sâagit dâune forme dâIA oĂč un domaine est rĂ©ellement appris par la machine avec peu ou pas de supervision humaine. En substance, la machine va apprendre sa capacitĂ© de gĂ©nĂ©ralisation et la reprĂ©sentativitĂ© du jeu de donnĂ©es dâapprentissage.Â
Quelles sont les principales applications dâIA ?
Bien que le dĂ©veloppement de lâIA en soit encore au stade primaire, elle fait lâobjet de nombreuses applications en matiĂšre de synthĂšse vocale, de reconnaissance des formes, dâaide aux diagnostics, dâaide Ă la dĂ©cision la traduction automatique, dâautomatisation de taches ou de systĂšmes dâĂ©valuation de risques.
Quelles en sont ses limites ?
Ce qui manque encore aux machines, câest la capacitĂ© Ă apprendre des tĂąches permettant de reprĂ©senter le monde mais aussi de se remĂ©morer, raisonner, prĂ©dire et planifier. Elles ne disposent pas de sens commun et de la capacitĂ© Ă acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences, quel quâen soit le domaine, suivant lâĂ©volution de lâenvironnement.
Deep learning ou algorithmes du machine learning prĂ©sentent une limite propre Ă la thĂ©orie de lâapprentissage statistique. Apprenant Ă partir dâexemples de bonnes et mauvaises rĂ©ponses pour une tĂąche donnĂ©e, la machine apprend selon les cadres qui lui sont donnĂ©es, tel un enfant avec des QCM corrigĂ©s.
Lâintelligence artificielle a un potentiel important mais, limitĂ© par son incapacitĂ© intrinsĂšque Ă se remettre fondamentalement en cause. Elle peut inventer, mais Ă partir de principes donnĂ©s. Principes fondamentaux, nature des erreurs et leur formalisation mathĂ©matique manquent.
Une machine est capable de comprendre un monde relativement structuré alors que le monde familier est déstructuré.
Lâavenir est par ailleurs imprĂ©visible. LâIA repose sur une modĂ©lisation, une comprĂ©hension du rĂ©el Ă un moment donnĂ©. MĂȘme dotĂ© dâun deep learning amĂ©liorant les capacitĂ©s prĂ©dictives du modĂšle en fonction de la rĂ©alitĂ© observĂ©e, lâIA ne pourra jamais prĂ©dire avec certitude ce qui nâest pas encore advenu.
Par ailleurs, lâintelligence humaine est une capacitĂ© Ă prendre conscience des raisons et de lâĂ©motion des autres. SensibilitĂ©, crĂ©ativitĂ©, capacitĂ© Ă dĂ©couvrir et sâinterroger ne se rĂ©solvent pas Ă un ensemble de systĂšmes experts.
La capacitĂ© de conscience, de comprĂ©hension et dâempathie dâune machine par rapport aux autres fait dĂ©faut. Cela pose dâailleurs de nombreux problĂšmes Ă©thiques lorsque la machine est emmenĂ©e Ă prendre des dĂ©cisions de façon autonome.Â
Quels sont les défis à relever ?
On peut citer notamment:
- rendre les algorithmes plus robustes : fonctionnant non seulement dans des conditions spécifiques mais également dans la vie courante,
- améliorer le niveau de compréhension des machines grùce à la détection de micro-signaux,
- sâadapter aux changements de lâenvironnement.
Le dĂ©fi central de lâIA nâest pas dâĂ©quiper lâhomme dâun double cerveau numĂ©rique au fonctionnement rudimentaire et trĂšs parcellaire par rapport au cerveau, dont les mystĂšres restent entiers.
Une bonne cohabitation serait de disposer dâ IA spĂ©cifiques aidant lâhomme ponctuellement Ă rĂ©aliser des taches complexes modĂ©lisables, lâhomme se chargeant de la synthĂšse, de la rĂ©flexion, de lâimprĂ©vu, de lâĂ©motionnel, du crĂ©atifâŠ