Souvent réfréné pour des raisons d’éducation, de culture ou de pression sociale, l’acte de pleurer est un aspect très important du comportement humain. Ressenti comme apaisant par 85 % des femmes et 73 % des hommes, il présenterait différents bienfaits d’ordre psychologique et physiologique. Au Japon, des séances collectives de pleurs appelées «rui-katsu?» sont organisées depuis 2013. Elles sont censées éclaircir l’esprit et réduire le stress.
Qu’est-ce que la «?larmothérapie?»??
La larmothérapie ou thérapie par les pleurs (ou «?rui-katsu?» en japonais) consiste en des séances de pleurs collectifs anonymes provoqués par l’exposition à des contenus «?déchirants?» tels que des courts métrages ou de la poésie.
Ces séances de sanglots et de pleurs collectifs au sein de «?clubs des pleurs?» aideraient à évacuer le stress et à éclaircir l’esprit.
Pleurer est-il bon pour la santé??
Tout le monde verse des larmes, en moyenne 45 fois par an pour les femmes, et 7 fois pour les hommes. Les femmes pleurent plus que les hommes pour des raisons physiologiques (la testostérone inhibant l’expression des sentiments sous forme de pleurs au profit de la colère ou du mutisme), d’éducation et de culture.
Dans 9 cas sur 10, pleurer aiderait à se sentir mieux, à réduire le stress et à conserver l’organisme en bonne santé.
En effet, il existe différents types de larmes :
- les larmes de réflexe (sous l’effet d’une irritation chimique ou physique) et les larmes de lubrification lissent et protègent la cornée en éliminant certaines bactéries, certains corps étrangers et les toxines. Elles sont produites par les petites glandes?lacrymales;
- les larmes d’émotion, produites par la glande lacrymale principale, sont plus concentrées en protéines (opiorphine, antidouleur et antidépresseur naturel) et en hormones (ACTH, ocytocine et prolactine) associées à la réduction du stress.
À la frontière du corporel et du psychique, les pleurs ont une fonction d‘alerte. Exprimant une souffrance, une anxiété, ils sont liés au désir de consolation et d’affection remontant à l’enfance.
Non seulement les larmes ont une action bénéfique sur la santé, mais l’ensemble du processus a une valeur cathartique de libération des tensions, de recherche d’attention et de réconfort affectif.
Comment se déroule une séance??
À Tokyo, elle se déroule dans une salle de conférences à la lumière tamisée, au sortir du travail. Personne ne se connaît, mais chacun vient avec la même intention : pleurer.
Pour s émettre en condition, l’organisateur fait écouter des contes d’amours mortes ou d’enfance meurtrie. Puis, une succession d’histoires de dévotion familiale ou animalière, de catastrophes naturelles, de promesses plus fortes que la maladie, sont projetées sur grand écran, un peu comme au cinéma.
Différentes déclinaisons de ce concept lacrymogène existent :
- des «?chambres à pleurs?» munies de mangas, de films larmoyants, de mouchoirs ultra-doux, de démaquillant, de masques pour les yeux;
- Sur le lieu de travail, il est possible de recourir aux services de jeunes et beaux hommes, spécialisés en «?thérapie des pleurs?» (les ikemen). Ceux-ci passent des vidéos larmoyantes et sortent des mouchoirs de leur poche pour essuyer personnellement les larmes ruisselantes de la gent féminine.
Selon le promoteur de cette thérapie, la présence d’une personne attirante en pleurs jouant le rôle de consolatrice des mouchoirs à la main serait susceptible d’exalter les sentiments et de renforcer les effets bénéfiques des crises de larmes.
Des pleurs provoqués ont-ils les mêmes effets bénéfiques sur la santé??
Selon les adeptes de la larmothérapie, provoquer des pleurs produirait les mêmes effets bénéfiques que des larmes spontanées, le corps étant pris par l’émotion.
Dans une société japonaise où cacher ses émotions, sa colère et sa tristesse est considéré comme une vertu, pleurer en groupe de façon anonyme en toute impunité serait un excellent moyen de se débarrasser de son stress et de s’aérer l’esprit.
Réaction humaine à la tristesse et à la frustration, pleurer est un signe de bonne santé, réduisant le risque de maladie cardiovasculaire et d’autres troubles liés au stress.
Pleurer, c’est communiquer, partager avec les autres quelque chose de soi, de ses émotions, un message lourd de sens… destiné à être entendu.