MICRO-MANAGER : du petit chef toxique au manager terrain de haut vol

Selon Harry Chambers, auteur d’un «?guide de survie au micro-management?», près de 8 cadres sur 10 aux États-Unis auraient déjà eu à faire à un micro-manager. Associé généralement au petit chef incompétent qui veut tout contrôler, s’attache au détail et oppresse ses collaborateurs, le micro-management est source de démotivation pour les collaborateurs et d’inefficacité pour l’entreprise. S’il n’est pas combattu, ce désengagement peut mener à des maladies psychiques graves.

De quoi s’agit-il??

Le micro-management est un style de management caractérisé par un contrôle et une influence excessive sur les collaborateurs, une délégation insuffisante, un souci obsessionnel du moindre détail.

Le micro-manager pense généralement être un bon manager, responsable, ayant les mains dans le cambouis, en quête de perfection.

Comment reconnaître un micro-manager??

Il s’agit d’un manager qui a :

  • une grande difficultĂ© Ă  dĂ©lĂ©guer : persuadĂ©s d’être les meilleurs, ils noient les collaborateurs d’instructions, leur interdisant d’interprĂ©ter?;
  • un gout extrĂŞme pour le dĂ©tail?; 
  • une insatisfaction permanente des rĂ©sultats obtenus?;
  • un niveau de contrĂ´le renforcĂ© avec un gout prononcĂ© pour les reportings (suivi en quasi-temps rĂ©el de l’avancement des projets)?;
  • l’imposition de ses propres urgences dĂ©sorganisant l’exĂ©cution des tâches de ses collaborateurs?;
  • des difficultĂ©s pour communiquer : rĂ©tention d’informations ou rĂ©unionnite avec expression unilatĂ©rale?;
  • la non-conscience ou le dĂ©ni de leur comportement.

Quelles en sont les causes??

Elles peuvent être liées au manager lui-même :

  • incompĂ©tence (absence d’apprentissage ou incapacitĂ© Ă  manager),
  • souci du dĂ©tail poussĂ© Ă  l’extrĂŞme (esprit très analytique perdant la vue globale)
  • insĂ©curitĂ©, manque de confiance en soi voire perversion narcissique ou manifestation de troubles obsessionnels compulsifs.

ou résulter de pressions extérieures :

  • pression forte sur les dĂ©lais,
  • pression croissante sur la performance,
  • instabilitĂ© du poste de manager,
  • culture oppressante de l’organisation,
  • lourdeur de l’environnement rĂ©glementaire,
  • tactique managĂ©riale pour Ă©liminer les collaborateurs indĂ©sirables.
  • un climat de stress et un sentiment d’insĂ©curitĂ© inhibant toute prise de responsabilitĂ©,
  • une dĂ©motivation,
  • une absence de confiance en soi,
  • une sous-performance de l’équipe,
  • un dĂ©sengagement jusqu’à provoquer des maladies psychiques.

Comment s’exerce le micro-management positif tel que pratiqué par des leaders exceptionnels tels que Jeff Bezos, Bill Gates…?

Pour certains, le micro-management bien pratiqué peut devenir un atout pour l’entreprise. 

Cela nécessite d’avoir la capacité de surveiller et de contrôler chaque étape d’un processus sans oppresser ou empêcher l’autonomie et l’engagement. 

De nombreux entrepreneurs accompagnent de près, fournissent des conseils détaillés et des commentaires correctifs sans peser sur la motivation de leurs collaborateurs, qui apprécient leur expérience et leur proximité. Certains se définissent comme des nanomanagers positifs (Elon Musk).

En particulier, ces micro-managers :

  • communiquent en permanence avec leurs collaborateurs, leur fournissent des conseils et s’assurent que le rĂ©sultat est Ă  la hauteur d’attentes communes?;
  • portent une attention particulière au dĂ©tail («?le diable est dans le dĂ©tail?») et aux inconvĂ©nients Ă©ventuels, capables de prĂ©voir et de prĂ©venir, s’efforçant d’empĂŞcher ou d’attĂ©nuer tout rĂ©sultat nĂ©gatif?;
  • cherchent Ă  former, encadrer et dĂ©velopper le potentiel de leurs collaborateurs, Ă  amĂ©liorer leurs compĂ©tences ou s’appuyer sur leurs talents. Ces micromanagers positifs cherchent Ă  contrĂ´ler les rĂ©sultats, non les collaborateurs?;
  • savent quand pousser, prendre du recul et donner un peu d’espace Ă  leurs collaborateurs, connaissant leurs forces et faiblesses de leurs collaborateurs?;
  •  savent prendre les bonnes dĂ©cisions lorsqu’ils dĂ©lèguent?;
  • adaptent leur style Ă  chaque collaborateur, cherchant Ă  faire participer toutes les personnes impliquĂ©es?;
  • ajoutent de la valeur du fait de leur expĂ©rience et de leurs talents.
  • Évaluer son propre comportement (facteurs d’inquiĂ©tude pour le manager, implication, valeurs et croyances…)?;
  • Essayer de comprendre son manager, ses objectifs, son point de vue et rechercher un objectif commun afin de crĂ©er un climat de confiance susceptible de procurer plus d’autonomie?;
  • Communiquer frĂ©quemment : 
    • prĂ©senter des rapports dĂ©taillĂ©s,
    • informer de façon proactive sur l’état d’avancement des taches et celles prĂ©vues Ă  court terme,
  • Prendre les devants: anticiper ou proposer de gĂ©rer certaines tâches ou projets ;
  • Attaquer le problème Ă  la source : 
    • nĂ©gocier des dĂ©lais plus rĂ©alistes ;
    • discuter des attentes de son manager si la pression n’est pas justifiĂ©e (faire comprendre la situation de façon diplomatique, le micro-manager n’étant pas forcĂ©ment conscient des effets nĂ©gatifs sur votre productivitĂ©) ;
  •  Apprendre Ă  gĂ©rer sa frustration pour faire face Ă  des remarques pas toujours constructives.
  • Rester professionnel en toutes circonstances.

Suivant la personne et le style de la personne qui l’exerce et les contraintes extérieures, le micro-management peut s’avérer un goulot d’étranglement ou un atout considérable pour l’entreprise. Émanant de leaders charismatiques bienveillants, il serait plus facilement accepté, perçu positivement, facteur d’engagement et de performance pour l’ensemble des collaborateurs.

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