La langue française est riche de nombreuses expressions, remontant pour certaines à des temps anciens, qui, utilisées correctement, enrichissent l’expression écrite et également orale. Ces expressions existent souvent dans d’autres langues sous des formulations proches ou différentes.
EXPRESSION / SIGNIFICATION
- À beau mentir qui vient de loin
- On peut facilement raconter des mensonges (et être cru) quand ce qu’on dit n’est pas vérifiable.
- À bouche que veux-tu
- Abondamment, à profusion.
- À bras-le-corps
- Avec les bras passés autour du corps (d’un autre), fermement, avec une grande énergie, en s’y attelant sérieusement.
- À bras raccourcis
- En donnant des coups violents. Pour attaquer ou agresser.
- À bride abattue
- Sans aucune retenue. Très rapidement, à toute vitesse.
- À cheval donné on ne regarde pas la bride / la bouche / les dents
- Il faut toujours être content d’un cadeau reçu. On ne doit pas critiquer un cadeau, quand bien même aurait-il un défaut.
- À force de crier au loup
- À force de donner de fausses alertes… l’alerte véritable n’est plus écoutée.
- À l’usage du dauphin
- Se dit d’un texte – expurgé de ce qui pourrait choquer le public auquel il est destiné ; adapté pour les besoins d’une cause.
- À la mode de Bretagne
- Désigne des parents éloignés à qui on donne des noms de proches parents (cousin, tante…). Marque une relation lointaine entre deux choses.
- À la petite semaine
- Sans réflexion préalable, ambition ou vision à long terme.
- À Pâques ou à la Trinité
- À une date indéterminée. Jamais.
- À plein badin
- À toute vitesse.
- Acheter/vendre chat en poche
- Conclure un marché sans voir/montrer l’objet de la vente (avec le risque de se faire duper).
- Adieu, veau, vache, cochon, couvée
- Formule généralement citée lorsqu’on doit, avec déception, faire une croix sur ce qu’on espérait.
- Aller (à quelqu’un) comme un tablier à une vache / comme des guêtres à un lapin
- Lui aller très mal.
- Aller à Tataouine
- Aller très loin, au bout du monde. Aller en enfer.
- Aller / battre à Niort
- Nier.
- Aller sur la haquenée des cordeliers
- Se déplacer à pied, un bâton à la main.
- Amis jusqu’aux autels / jusqu’à la bourse
- Très amis, tant qu’il n’y a rien de contraire à la religion / qu’il n’est pas question de prêt d’argent.
- Apporter de l’eau au moulin (de quelqu’un)
- Donner involontairement des arguments à son interlocuteur au cours d’un débat. Fournir des arguments permettant d’étayer une opinion.
- Attendre quelqu’un comme les moines l’abbé
- Ne pas attendre une personne.
- Attendre sous l’orme
- Attendre très longtemps, en vain.
- Au creux de la vague
- Dans une mauvaise situation psychologique, économique…Au bas de sa popularité (pour un artiste).
- Au diable vauvert
- Extrêmement loin.
- Au doigt mouillé
- Très approximativement. De manière très imprécise / empirique.
- Au marc le franc
- Proportionnellement, au prorata.
- Au ras des pâquerettes
- Sans intérêt, sans envergure. Désolant.
- Au royaume / pays des aveugles, les borgnes sont rois
- Un médiocre paraît remarquable parmi des gens sans valeur. Il est facile pour un ignorant de briller parmi de plus ignorants que lui.
- Autant que faire se peut
- Dans la mesure du possible. Autant que possible.
- Aux petits oignons
- Avec beaucoup de soins et/ou d’attention. Parfait, très bien.
- Avaler des poires d’angoisse
- Subir des traitements cruels. Vivre des situations très désagréables.
- Avoir des jambes de faucheur / faucheux
- Avoir des jambes très longues.
- Avoir des oursins dans la poche / le porte-monnaie
- Être avare.
- Avoir des yeux de lynx
- Avoir une excellente vue, le regard perçant. Par extension, y voir clair dans les affaires ou dans le comportement des autres.
- Avoir du chien
- Pour une femme, avoir un charme un peu canaille, du sex-appeal.
- Avoir du pain sur la planche
- Avoir beaucoup de travail, de tâches à accomplir.
- Avoir du sang de navet
- Manquer de vigueur ou de courage.
- Avoir l’air de revenir de Pontoise
- Avoir l’air confus, troublé. Ne pas comprendre ce qui se passe.
- Avoir l’estomac dans les talons
- Avoir très faim.
- Avoir la foi du charbonnier
- Avoir une conviction absolue, inébranlable et naïve.
- Avoir la tête près du bonnet
- Se mettre facilement en colère.
- Avoir le coeur sur la main
- Être généreux.
- Avoir le compas dans l’œil
- Savoir apprécier correctement des distances, des proportions sans prendre de mesures.
- Avoir le dos au feu et le ventre à table
- Être confortablement installé, avoir ses aises pour faire bonne chère.
- Avoir les deux pieds dans le même sabot
- Être embarrassé, incapable d’agir. Être passif, sans initiative.
- Avoir les yeux plus gros que le ventre
- Ne pas être capable de manger tout ce qu’on a demandé à se faire servir. Avoir plus d’appétit apparent que réel. Voir trop grand, exagérer ses capacités.
- Avoir un appétit d’oiseau / manger comme un moineau
- Manger très peu.
- Avoir un chat dans la gorge
- Être enroué.
- Avoir un coeur d’artichaut
- Tomber facilement et souvent amoureux.
- Battre la campagne
- Déraisonner, divaguer, délirer. Parcourir le terrain de chasse dans tous les sens pour faire lever le gibier. Parcourir de grandes étendues à la recherche de quelque chose ou quelqu’un.
- Battre sa coulpe
- Se repentir. Reconnaître ses torts.
- Bayer aux corneilles
- Regarder en l’air, rester sans rien faire.
- Bête à manger du foin
- Complètement idiot, stupide.
- Bête comme chou
- Très facile à faire ou à comprendre, enfantin.
- Bisque ! Bisque ! Rage !
- Formule enfantine destinée à faire enrager un adversaire et à s’en moquer.
- Blanchir sous le harnais
- Exercer longtemps le même métier. Acquérir une expérience reconnue dans un domaine.
- Boire comme un templier
- Boire avec excès.
- Boucler la boucle
- Se retrouver à son point de départ, là ou dans l’état où on était lorsqu’on a commencé quelque chose. Terminer quelque chose.
- Brûler ses vaisseaux
- Accomplir un acte après lequel tout recul, tout revirement est impossible. S’engager dans une entreprise, prendre une décision en s’interdisant de revenir en arrière.
- Brut de décoffrage / de fonderie
- Tel quel, en l’état. À l’état de projet, de brouillon.
- C’est bonnet blanc et blanc bonnet
- Se dit de choses présentées comme différentes, mais en réalité très similaires.
- C’est fort de café !
- C’est exagéré, excessif, insupportable.
- C’est l’hôpital qui se moque / se fout de la charité
- S’utilise lorsque quelqu’un se moque, chez un autre, d’un défaut qu’il a lui-même.
- C’est l’horloge du palais (qui fait comme il lui plaît)
- Se dit à propos d’une horloge déréglée.
- C’est le cadet de mes soucis
- Cela ne m’importe pas, ne m’intéresse pas du tout, m’est égal.
- C’est le chien de Jean de Nivelle (qui s’enfuit quand on l’appelle)
- S’utilise pour désigner quelqu’un qui se dérobe quand on a besoin de lui ou un lâche.
- Casser du sucre sur le dos (de quelqu’un)
- Dire du mal (de quelqu’un) en son absence.
- Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces
- On n’apprend pas la ruse (ou les pièges de son métier) à un homme plein d’expérience.
- Chacun son métier et les vaches seront bien gardées
- Si chacun ne se mêlait que de ce qu’il connaît parfaitement, tout irait pour le mieux.
- Compter les étoiles
- Entreprendre une action impossible.
- Contre vents et marées
- Malgré tous les obstacles.
- Couper l’herbe sous le pied
- Frustrer quelqu’un d’un avantage attendu en le devançant. Empêcher quelqu’un de réussir dans une entreprise en le supplantant.
- Courir deux / plusieurs lièvres à la fois
- Mener de front plusieurs activités, poursuivre plusieurs objectifs, avoir plusieurs partenaires amoureux (au risque de tout faire imparfaitement).
- Cousu de fil blanc
- Très grossier et visible (pour un procédé). Extrêmement prévisible (pour une histoire).
- Cracher dans la soupe
- Afficher du mépris pour ce dont on tire avantage, critiquer ce qui permet d’assurer sa subsistance.
- Crier haro (sur le baudet)
- Manifester publiquement son indignation ou sa réprobation envers quelqu’un ou quelque chose. Désigner quelqu’un (parfois injustement) à la vindicte populaire. Accuser un innocent, désigner un bouc émissaire.
- Croire dur comme fer
- Croire très fermement, sans pouvoir être détrompé.
- Croiser les doigts
- Conjurer le mauvais sort. Faire les vœux les plus ardents pour le succès d’une affaire.
- Damer le pion
- Surpasser / l’emporter sur (quelqu’un).
- Danser devant le buffet
- N’avoir rien à manger.
- De la bouillie pour les chats
- Un travail gâché, mal fait ; un texte mal écrit, incompréhensible. Une chose qui ne servira à rien.
- De pied en cap
- Complètement, entièrement.
- Décrocher / gagner la timbale / le coquetier / le cocotier
- Obtenir une chose disputée, un résultat important. S’attirer des ennuis à force de maladresse.
- Décrocher la timbale
- Obtenir un objet convoité, parvenir à ses fins.
- Déménager à la cloche de bois
- Abandonner discrètement, furtivement son logement.
- Dépouiller / tuer le vieil homme (en nous)
- Se débarrasser de ses mauvaises habitudes. Changer radicalement de vie.
- Des économies de bouts de chandelle
- Des économies dérisoires, sordides.
- Des espèces sonnantes et trébuchantes
- De la monnaie (sous forme de pièces métalliques, pas de billets). Par extension, de l’argent liquide.
- Dès potron-minet
- Dès l’aube, le petit matin, les premières lueurs du jour.
- Dieu reconnaîtra les siens !
- Formule employée chaque fois que sont indifféremment visés des coupables et des innocents. Formule censée justifier une action violente menée de manière arbitraire.
- Dire pis que pendre
- Dire beaucoup de mal (de quelqu’un).
- Dire ses quatre vérités (à quelqu’un)
- Dire (à quelqu’un) ce qu’on pense de lui, franchement et parfois brutalement. Dire (à quelqu’un) des choses désobligeantes ou blessantes, sans ménagement.
- Donner de la confiture à un cochon
- Donner quelque chose à quelqu’un qui ne le mérite pas, qui ne sait pas l’apprécier ou qui n’en a aucune reconnaissance. Gâcher quelque chose.
- Donner des noms d’oiseau
- Injurier, insulter.
- Écrire / envoyer un poulet (à quelqu’un)
- Écrire / envoyer un billet doux (à quelqu’un).
- Embrasser (faire) Fanny
- Perdre une partie sans marquer de point.
- En avoir gros sur le coeur / l’estomac / la patate
- Être très triste, avoir beaucoup de chagrin. Ressentir du dépit, de la rancune.
- En baver (des ronds de chapeau / de citron)
- Être dans une situation (très) pénible. Souffrir, supporter des mauvais traitements.
- En deux coups de cuiller à pot
- Très rapidement, sans difficulté apparente.
- En rester comme deux ronds de flan
- Être stupéfait, ébahi.
- Enfiler des perles
- Perdre son temps (à des futilités, à des niaiseries).
- Enfoncer des portes ouvertes
- Se vanter d’avoir surmonté un obstacle qui n’existait pas. Chercher à démontrer une évidence. Énoncer une banalité en la faisant passer pour une nouveauté ou pour quelque chose ayant de l’intérêt.
- Entre chien et loup
- À la tombée du jour.
- Entre la poire et le fromage
- Entre deux évènements, à un moment perdu. À un moment de conversation libre et détendu, comme on en trouve vers la fin d’un repas.
- Entrer comme dans un moulin
- Entrer sans politesse, sans se gêner. Entrer très facilement.
- Envoyer chez Plumeau
- Renvoyer, éconduire.
- Être à quia
- Ne savoir que répondre, que dire. Rester coi.
- Être aux abonnés absents
- Être absent. Ne pas donner signe de vie, ne pas répondre. Être parti, évanoui, inconscient.
- Être bouché à l’émeri
- Être idiot, obtus, borné. Être incapable de comprendre.
- Être coiffé au / sur le poteau
- Être battu de justesse.
- Être comme l’âne de Buridan
- Hésiter indéfiniment. Ne pas savoir quel parti prendre.
- Être connu comme le loup blanc
- Être très connu.
- Être dans de beaux draps
- Être dans une très mauvaise situation. Être dans une position désagréable ou dangereuse.
- Être (un) grand clerc
- Être très savant.
- Être fleur bleue
- Être sentimental. Par extension, être naïf.
- Être fou à lier
- Complètement fou.
- Être le dindon de la farce
- Se faire duper, se faire avoir lors d’une affaire.
- Être né avec une cuiller d’argent dans la bouche
- Être né riche / dans une famille riche. Ne pas avoir de soucis pécuniaires à se faire pour son avenir, dès la naissance.
- Être pauvre comme Job
- Être très pauvre, dans un dénuement extrême.
- Être piqué de la tarentule
- Être très agité. Éprouver un grand engouement pour quelque chose.
Citation sur la langue française :
« La langue française est une noble gueuse, elle ne souffre qu’on l’enrichisse malgré elle. »
Marcel Prévost