Le marché de l’art contemporain est un marché difficile à appréhender. Illiquide, multiple (diversité d’artistes et d’expressions), concentré entre les mains de quelques intervenants et ultra spéculatif, il déroute amateurs d’art et passionnés de culture ou d’expressions artistiques.
En quoi consiste-t-il ?
Il s’agit d’un marché primaire, de gré à gré. Un marché secondaire ne peut se mettre en place qu’après confirmation du statut de l’artiste, de nombreuses années plus tard.
Certains observateurs estiment que 80% des oeuvres vendues dans des foires ne pourront être revendues au dessus de leur prix d’achat (et ce malgré un prix d’achat moyen de plusieurs milliers d’euros).
Schématiquement, en dessous d’un prix de vente de 5000 €, il s’agit d’un marché coup de cœur, à vocation décorative, le parcours professionnel des artistes entrant peu en ligne de compte. Au-dessus de 5000 €, galeristes, marchands, prescripteurs et maisons de vente sont déterminants dans la fixation des prix.
Il peut exister un décalage important entre la valeur actuelle à chaud d’une oeuvre et sa valeur future. Cette dernière dépend de l’évolution des modes artistiques et à plus long terme de sa valeur fondamentale.
De fait, la valeur à court terme est une valeur par nature spéculative.
Comment est déterminée la valeur actuelle?d’un artiste contemporain ?
La valeur est sujette aux choix commerciaux et esthétiques des galeristes et des marchands d’art, aux mouvements de mode et à l’assentiment d’institutions partageant souvent les mêmes intérêts ou le même corpus critique. Une communication adaptée sur les réseaux sociaux peut également contribuer à une notoriété passagère.
À titre d’illustration, les portraits façon pop art, les mélanges aléatoires de matière, les dérivés du street art sont légions sur le marché. Un grand merci à Marilyn ou à Picasso pour leur coup de pouce à la célébrité ponctuelle de nombreux artistes !
Les ovnis artistiques ultra décoratifs, ultra spectaculaires, relevant de prouesses techniques sont également en vogue. Plus proches de chefs d’œuvres de compagnons du devoir par leur haute technicité, ils impressionnent sur le plan plastique et décoratif.
Le tech art (art assisté par les nouvelles technologies) semble appelé à un grand avenir du fait de ses possibilités infinies. Il colle parfaitement aux besoins et aux nouvelles perceptions des nouvelles générations. Cet art transhumain ou homme / machine pourrait prochainement terrasser toutes les formes d’art humain…
Pour en revenir aux fondamentaux, qu’est-ce qu’un grand artiste ?
Il s’agit d’un artiste ayant:
- une vision, une créativité et une inventivité hors du commun;
- un univers très personnel;
- un style unique;
- une technique hors pair qui a évolué avec l’expérimentation et les exigences de représentation vers une technique unique;
- une capacité de réinvention, de réécriture quel que soit le sujet du plus complexe au plus banal;
- une capacité à procurer une émotion insondable, inexplicable, indicible.
Outre l’originalité stylistique et technique, le caractère précurseur, l’émotion, la performance et le génie sont les ingrédients indispensables pour qu’une oeuvre artistique résiste au temps et prenne de la valeur.
Bien entendu, il y a de la place pour toutes les expressions artistiques, géniales ou pas. Avec le temps une hiérarchie des valeurs s’installe corrigeant les effets spéculatifs, les institutionnalisations erronées ou de circonstance.
Malheureusement, la correcte valorisation des artistes n’intervient qu’à la fin de leur carrière artistique ou à titre posthume. Le cycle de valorisation est en effet décalé par rapport au cycle de vie de l’artiste.
De fait, rares sont les grands artistes Ă voir de leur vivant la valeur actuelle de leur travail rejoindre sa valeur vĂ©nale et Ă pouvoir en tirer profit.Â
Citation sur l’art :
« L’art aide à vivre. »
Eric-Emmanuel Schmidt