AMAZONES : mythe ou réalité ?

Dans la mythologie grecque, les Amazones sont un peuple de femmes guerrières habitant sur les rives de la mer Noire ou en Anatolie. Certains historiens considèrent que ces femmes guerrières appartenaient aux peuples scythes (peuples des steppes occupant une vaste zone allant de l’Ukraine à l’Altaï) et sarmates (peuples de cavaliers nomades des steppes situées entre le Don et l’Oural).

Leur évocation légendaire

L’étymologie populaire reprise durant l’Antiquité décompose le mot  « amazone »en un « a » privatif  et « mazós » ou « sein » en ionien. Textuellement, les Amazones seraient « celles qui n’ont pas de sein ». D’après la légende, les Amazones se coupaient le sein droit pour tirer plus facilement à l’arc, plaquant la corde contre leur thorax.

En iranien, « ha-mazan » signifie  « les guerriers » et en persan « ha mashyai », « les peuplades [des steppes] ». En langue caucasienne, ce terme signifierait « ceux qui ne mangent pas de pain » ou « ceux qui vivent ensemble »

Ce mythe d’une femme guerrière coupant son sein droit trouverait son origine dans une fausse étymologie, les anciens témoignages artistiques ne montrant aucun indice en ce sens.

Selon Aristote, les Amazones, filles d’Arès par la Nymphe Harmonie, étaient un peuple de femmes guerrières vivant près du fleuve Amazone devenu Tanaïs puis le Don.

Lysippé, la fondatrice de leur nation, en déclarant son amour de la guerre et son mépris du mariage, offensa la déesse de la féminité et de la famille Aphrodite. Pour la punir, Aphrodite poussa le propre fils de Lysippé, Tanaïs, à tomber amoureux d’elle. Tanaïs, pour éviter des relations incestueuses avec sa mère, se jeta dans le fleuve et s’y noya. Lysippé, malheureuse, quitta son pays avec ses filles et s’installa près du côté sud de la mer Noire dans une plaine proche du fleuve Thermodon et édifia la grande ville de Thémiscyra. Ses descendantes se divisèrent en trois tribus réparties sur trois cités qui s’emparèrent d’une grande partie de l’Asie Mineure et de la Syrie et fondèrent les villes d’Éphèse, de Smyrne, de Cyrmé, de Paphos et de Myrina. Les Amazones envahirent aussi la Lycie et furent repoussées par Bellérophon ; elles envahirent la Phrygie durant la jeunesse de Priam, roi de Troie.

Les Amazones ne reconnaissaient de filiation que par la mère et Lysippé avait instauré une règle qui astreignait tous les hommes à faire les tâches domestiques, alors que les femmes combattaient et gouvernaient.

En conséquence, on brisait les bras et les jambes des enfants mâles ou on les rendait aveugles afin de les rendre inaptes à la guerre ou aux expéditions.

Pour perpétuer leur descendance, elles s’unissaient une fois par an avec les plus beaux hommes des peuplades voisines. Elles sont décrites comme possédant une chevelure blonde.

Elles possédaient un bouclier léger en forme de demi-lune, une lance, un arc et des flèches caractéristiques des cavaliers des steppes, un cheval, une hache puis ensuite une double hache. Le signal avant la bataille était donné par une sorte de grelot de bronze.

Selon les récits portant sur les héros grecs, Bellérophon, Achille, Héraclès, Thésée ou Priam auraient été confrontés aux Amazones. Priam, le vieux roi troyen, aurait repoussé une invasion d’Amazones. Achille aurait affronté une Amazone venue secourir les Troyens, s’en serait épris avant de la tuer. Pour son neuvième travail, Héraclès se serait emparé de la ceinture de la reine des Amazones (Hippolyte parfois confondue avec Antiope) avant de l’éliminer.

Dans l’Iliade, les Amazones sont décrites comme des figures héroïques positives, des fondatrices ou protectrices de cités. De façon générale, les Grecs en avaient une image plutôt négative, car opposés à toute société matriarcale. Le thème de l’Amazone apparaît régulièrement dans l’art grec. Le combat d’Héraclès contre les Amazones est l’un des thèmes les plus populaires de la peinture sur vases attique à figures noires. Le combat de Thésée est également très fréquent.

A la frontière entre l’histoire et le mythe

Diodore qui était chargé de la vulgate d’Alexandre le Grand, fortement teintée de merveilleux et d’emphase, rapporte une rencontre entre Alexandre le Grand et la reine des Amazones Thalestris (ou Miryna). Celle-ci désirait ardemment avoir un enfant d’Alexandre : « Par ses exploits, il était en effet le plus brave de tous les hommes tandis qu’elle l’emportait sur le reste des femmes par sa force et sa bravoure. Celui qui naîtrait de parents excellents surpasserait donc le reste de l’humanité ».

Même si cette rencontre est considérée comme une fiction par les historiens antiques Plutarque et Arrien, ces derniers relèvent qu’une ambassade scythe aurait rencontré Alexandre à Samarcande en 328 av. J.-C. (un chef de tribu scythe lui offrant la main de sa fille) et qu’Atropatès, le satrape de Médie, aurait fait don à Alexandre de cent femmes scythes qui seraient des Amazones.


Un fondement historique et archéologique?


D’après Hérodote, à la suite de combats avec les Égyptiens vers 2000 av. J.-C. des tribus scythes auraient occupées la Cappadoce en Anatolie. De nombreux guerriers scythes ayant été exterminés, les femmes, auraient pris les armes pour se défendre.

Dans Les Lois qui avaient le droit de chevaucher et de gerroyer, Platon rappelle qu’Hérodote considèrait les Amazones comme des femmes guerrières scythes ou sauromates.

Des fouilles récentes à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan ont mis au jour des tombes de femmes guerrières, probablement des cavalières, enterrées avec leurs armes entre 600 et 200 av. J.-C. . Les tombes étaient richement garnie d’objets et bijoux féminins et de nombreuses pointes de flèches.

Par ailleurs, dans cette région, la tradition dit que, dans les temps antiques, les femmes étaient des archers et des cavalières émérites; leur arc à la forme caractéristique étant identique à celui représenté sur les céramiques antiques. Des analyses génétiques ont attesté qu’une relation proche existait entre les restes humains trouvés dans ces tombes et certaines familles mongoles aux filles blondes. Cette couleur de cheveu était caractéristique des Amazones dans une région où la chevelure brune était quasi exclusive.

Les preuves récentes semblent ainsi renforcer l’affirmation d’Hérodote formulée au Vème siècle av.J.-C. selon laquelle les Amazones seraient des cavalières guerrières appartenant au peuple scythe.

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