Henri de Toulouse-Lautrec est un peintre, dessinateur, lithographe, affichiste et illustrateur français, né le 24 novembre 1864 à Albi et mort le 9 septembre 1901, au château Malromé, à Saint-André-du-Bois.
Sa vie résumée
Henri de Toulouse-Lautrec est issu d’une des plus vieilles familles aristocratiques de France descendante des puissants comtes de Toulouse. Il est le fils du comte Alphonse de Toulouse-Lautrec-Monfa et d’Adèle Tapié de Céleyran, cousins au premier degré; les mariages entre cousins dans la noblesse se faisant couramment au XIXè siècle pour éviter la division des patrimoines.
Les Lautrec sont de grands amateurs d’art. Le grand-père est un dessinateur accompli. Charles, son oncle, amateur éclairé, l’encourage dans sa petite enfance, tout autant que son père Alphonse, dessinateur, peintre et sculpteur à ses heures.
Henri fait preuve d’un talent exceptionnel très jeune, notamment pour les caricatures, remplissant de nombreux carnets d’esquisses.Ses deux parents se séparant très tôt pour incompatibilité d’humeur, il s’installe avec sa mère à Paris et entre au prestigieux Lycée Fontanes (lycée Concordet). Il est atteint d’une maladie liée à la consanguinité qui affecte et fragilise ses os. À l’âge de quatorze ans, il fait une chute et se brise le fémur gauche. L’année suivante, il se brise le fémur droit qui le laisse estropié et aggrave son retard de croissance : il ne dépassera pas la taille de 1,42 m. Son tronc est de taille normale, mais ses membres sont courts.
Obtenant son baccalauréat en 1881, il décide d’abandonner ses études et de devenir artiste. Il est soutenu par son oncle et René Princeteau, ami de son père, qui le forme pendant près de six ans. Il entre ensuite dans l’atelier du célèbre peintre de salon Léon Bonnat puis de Fernand Cormon où il rencontre Émile Bernard et Vincent Van Gogh.
En 1884, il s’installe à Montmartre et fait la connaissance d’Edgar Degas à qui il vouera une grande admiration. Obtenant le soutien financier de sa famille, il poursuit sa formation artistique. Il commence à fréquenter assidûment le cabaret le Mirliton appartenant à Aristide Bruant où il rencontre Claude Monet ainsi que le moulin de la Galette.
En 1886, il illustre pour les revues Le Rire, Le Paris Illustré et dessine les couvertures de la revue Mirliton. En 1889, il réalise sa première exposition personnelle.
En 1891, il s’initie à la photographie.Il se passionne pour la lithographie, croisant à cette époque Edvard Munch. Devenu un habitué du Moulin Rouge, il crée sa première affiche pour le Moulin-Rouge et connait tout de suite la célébrité, l’emmenant à créer de nombreuses autres affiches. Il commence alors à fréquenter les maisons closes et s’adonne exagérément à la boisson, généralement de l’absinthe mélangée à du cognac.
En 1896, il réalise sa deuxième exposition personnelle à Paris. Sa santé commençant à décliner, il fait différents séjours au Havre à Bordeaux et à Arcachon. En 1898, il expose à Londres et est sujet à des délires de persécution. En 1899, il illustre les Histoires Naturelles de Jules Renard. Déprimé, angoissé, il est pris de crises d’éthylisme.
Interné, il part en convalescence en province. En 1900, il se querelle avec sa famille, perd le goût de la vie et sombre dans l’alcoolisme.En 1901, il quitte définitivement Paris. Le 9 septembre, jour de sa mort à seulement 36 ans, alors que son père est présent, Henri aurait dit cette phrase : « Je savais que vous ne manqueriez pas l’hallali ».
Son art
Dans sa jeunesse, ses dessins ressemblaient à des caricatures. Selon sa formule, « les crayons c’est pas du bois et de la mine, c’est de la pensée par les phalanges ». Par la suite, il s’est servi de photos de ses modèles ou de personnages comme base de certaines œuvres, la spontanéité et le sens du mouvement de ses compositions viennent souvent de l’instantané photographique.
En tant qu’illustrateur, il a réalisé des affiches devenues célèbres et illustré des chansons, interprétées dans les trois grands cabarets parisiens de l’époque : le Moulin-Rouge, le Mirliton d’Aristide Bruant.
Les femmes connues qu’il a représentées sont Jane Avril, la chanteuse Yvette Guilbert, Louise Weber, plus connue comme La Goulue, danseuse excentrique qui a importé le cancan d’Angleterre en France ou Suzanne Valadon, modèle, peintre et mère de Maurice Utrillo.
Les personnages ou les visages qui l’intéressaient étaient issus de différentes classes sociales : nobles et artistes, écrivains et sportifs, médecins, infirmières et figures pittoresques de Montmartre.
Plusieurs œuvres montrent des prostituées qu’il considère comme des modèles de spontanéité et de naturel.
Passionné par le milieu du cirque qui lui rappelle l’anticonformisme de son cercle familial, il est attiré par les postures des animaux et les corps en mouvement, ces corps qui s’imposent une douleur quotidienne au gré des répétitions. Lui-même corps souffrant, il ressent une forme de proximité avec ces corps souffrants.
Peintre du postimpressionnisme, précurseur de l’expressionnisme, illustrateur de l’Art nouveau et admirable lithographe, ses oeuvres représentent avec curiosité, mais, sans sentimentalisme ou fascination, la vie dans les cabarets et théâtres montmartrois ou parisiens, celle dans les maisons closes qu’il fréquente ou les spectacles de cirque.
Malgré une vie courte, marquée par la maladie et l’alcoolisme, son œuvre est très vaste (737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies et environ 5 000 dessins).
Un chef d’œuvre : «La danse au Moulin Rouge»
«La danse au Moulin Rouge», aussi appelée «Bal au Moulin Rouge», est un tableau peint en 1890 qui mesure 115 × 150 cm et est conservé au Philadelphia Museum of Art à Philadelphie.
Cette composition représente une scène de danse au Moulin-Rouge et dépeint l’ambiance du cabaret, défilé incessant et bruyant d’hommes et de femmes déambulant sur la grande scène de bal qui occupait à l’époque la plus grande partie du cabaret. Les personnages sont majoritairement des hommes aux costumes trois-pièces sombres, excepté quelques femmes, dont une dame en rose au premier plan, et une danseuse au centre du tableau.
L’homme en noir à la gauche du tableau est Valentin le Desossé, ou Edme-Étienne-Jules Renaudin, célèbre danseur et contorsionniste de l’époque, partenaire de la danseuse, La Goulue. Longiligne, les jambes arquées, vêtu de noir et portant un haut-de-forme à la mode de l’époque, il apprend des pas de danse à une nouvelle danseuse. une jeune femme rousse à la robe beige, aux jupons blancs et aux bas écarlates. On aperçoit ses mollets et les bottines à talons indispensables pour danser le chahut-cancan, précurseur du French Cancan.
En parallèle à la danseuse, une femme de la bourgeoisie en robe rose à la silhouette droite et altière tranche avec celle de la danseuse tout en courbes et en mouvement. Cela témoigne que le cabaret est un lieu de mixité sociale.
L’arrière-plan est occupé par une foule représentative des années 1890 et de la mode de l’époque: les hommes portent des complets trois-pièces et des hauts-de-forme ou des chapeaux melon, incontournables en soirée.
La femme en noir de face serait une danseuse célèbre du Moulin Rouge, Jane Avril. À droite, l’homme à la barbe blanche près du bar serait le père de Toulouse-Lautrec
Citation :
« L’automne est le printemps de l’hiver. »
Henri de Toulouse Lautrec