Les « éléments », au centre de la fête de la Saint-Jean
L’eau avait une très grande importance à la Saint Jean?; que ce soit du fait de ses propriétés curatives (soins des plaies), thérapeutiques (mal de tête, maux d’yeux, soins de la peau) et magiques (éloigner les malheurs). La tradition de l’eau est associée à la fête du feu, en souvenir dit-on du baptême du Christ par Saint Jean.
Durant cette nuit, elle se transforme magiquement et acquiert des propriétés spéciales et médicinales permettant de guérir tous les maux et de porter de la chance. Les sorcières l’utilisaient pour deviner le futur.
Les herbes : «?Les herbes de la Saint Jean gardent leurs vertus tout l’an?».
Il est de coutume d’aller cueillir certaines plantes couvertes de la rosée à minuit ou au lever du soleil le 24 juin ou «?bouquet de la Saint-Jean?». On cueille sept herbes différentes, aromatiques ou pas, et des fleurs qui ont des propriétés prétendument magiques. On laisse le bouquet dans l’eau pendant la nuit et le lendemain, on le sort et on se lave le visage avec l’eau. On garde le bouquet, le laissant sécher pendu derrière la porte de la maison, pour la protéger des sorcières.
En particulier, l’achillée millefeuille donne force et tonus, soigne les parasites intestinaux?; l’armoise fortifie l’appareil digestif et soigne les troubles féminins?; la joubarbe soigne les problèmes de la peau et protège les maisons de la foudre?; le lierre terrestre soigne les rhumes, les bronchites et protège des mauvais esprits?; la marguerite sauvage soigne la conjonctivite et aide à la cicatrisation des plaies ; le millepertuis soigne les brûlures et les douleurs rhumatismales et la sauge aide à la digestion.
Bien que différentes selon la région où on les ramasse, elles détiennent toutes un pouvoir particulier.
Le feu, le bûcher : «?À la Saint-Jean, les feux sont grands.?»
Autrefois, la flamme ecclésiastique allumée dans les églises partait en cortège sur le lieu de la fête.
Dans certaines régions la tradition de la récolte du bois du bûcher était une quête, appelée «?aubade?», à travers les rues du village, menée tambour battant en musique et en danses pour que chaque villageois participe au bûcher de la Saint Jean.
Le bûcher de la Saint-Jean d’été consiste en une construction savante où les morceaux de bois sont empilés les uns sur les autres pour former une pyramide tronquée. L’absence de pointe signifie que l’être s’arrête en chemin sur la voie vers le sommet. Les différents niveaux de la pyramide représentent autant d’états intermédiaires consumés l’un après l’autre avant d’atteindre l’état proprement humain. Il peut aussi être construit autour du mât coiffé d’herbes de la Saint Jean, permettant aux flammes de monter très haut et au feu de ne pas brûler indéfiniment. Dans la symbolique, on dit que le feu lorsqu’il flambe le long de ce mât et qu’il est haut est «?masculin?». On ne peut envisager de commencer à le franchir que lorsqu’il est «?féminin?» c’est-à-dire quand le mât s’est consumé et s’est écroulé, qu’un cercle de braises rougeoyantes et fumantes, que l’on a réuni en maniant habilement une pelle, est formé.
L’usage de chanter et danser en cercle autour du feu symbolise le mouvement de la «?roue cosmique?».
Sauter par-dessus le feu de la Saint-Jean était aussi un rite très fréquent permettant de se marier dans l’année, de préserver des sortilèges, de porter bonheur ou de «?donner force aux os et préserver des rhumatismes?»… On faisait aussi sauter ou plutôt passer les troupeaux à travers le brasier presque éteint ou bien on menait les bêtes à travers la fumée ou les cendres du feu de la Saint Jean pour les protéger des épidémies le reste de l’année.
Une fois le feu éteint, chacun rentrait chez soi avec un tison. La tradition populaire affirme qu’on pouvait le saisir sans risque, car «?le feu de Saint-Jean ne brûle pas?». Enfermé dans une armoire ou placé près du lit des parents, conservé jusqu’à la Saint-Jean prochaine, il devait préserver la maison de l’incendie, de la foudre et de certaines maladies. On pouvait aussi en placer un morceau dans son champ pour protéger ses récoltes de la grêle, des chenilles et des limaçons. On utilisait jusqu’aux cendres de ce feu de joie, cendres auxquelles on attribuait des vertus bienfaisantes.
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