Bien que non fondées scientifiquement et d’efficacité douteuse, les cures et les eaux « détox » (detox water) vantées par certains médias ou pratiques thérapeutiques alternatives connaissent un fort engouement. Stimuler les capacités de détoxication de l’organisme et les molécules impliquées (glutathion et vitamine C) font néanmoins partie des objectifs majeurs de la nutrition du futur.
Qu’est-ce que la détoxication ou « détox » ?
La détoxication ou « detox » est un mécanisme corporel d’inactivation des substances toxiques présentes dans l’organisme (réduction de leur activité par un processus enzymatique ou solubilisation pour favoriser leur élimination rénale).
Outre la pollution extérieure, le métabolisme produit des substances nocives (radicaux libres, acides organiques, etc.) qui sont rendues moins toxiques par oxydo-réduction ou solubilisation. La détoxication inclut aussi les phénomènes d’expulsion dit d' »excrétion » des molécules toxiques de l’intérieur des cellules et des tissus par les enzymes (dont le glutathion S-transférase).
Parmi les autres organes assurant l’excrétion des déchets métaboliques, les poumons exhalent le CO2, la peau élimine l’acide lactique, les reins recyclent le sang (ils filtrent chaque jour environ 180 l de sang, produisant en moyenne 1,5 l d’urine), et le foie produit des enzymes qui catalysent les toxines présentes dans l’organisme.
Cure Detox : info ou intox ?
Le « renforcement » de ces processus naturels par une alimentation particulière n’a aucun fondement médical. Néanmoins, une alimentation saine et régulière, une bonne hydratation et une bonne hygiène de vie favorisent le bon fonctionnement du corps.
L’industrie de la « détox » est basée sur l’idée que le corps accumulerait des « toxines » du fait de son fonctionnement basal, de la pollution de l’environnement, d’une alimentation déséquilibrée ou encore à cause des médicaments. Ce concept marketing est éloigné de la véritable détoxication médicale. Aucune publication scientifique n’a à ce jour étayé l’idée que ce type de traitements pourrait augmenter les capacités détoxifiantes du corps humain.
En 2012, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a examiné les prétendues vertus détoxifiantes d’une soixantaine d’aliments populaires dans ce type de régimes et aucun effet concret n’a été détecté. Dans un rapport antérieur, l’agence alertait sur la surconsommation de diurétiques (certaines plantes et de nombreuses infusions – on parle souvent à ce sujet de « drainage « ) qui stimulent l’action des reins et seraient censés favoriser l’élimination de ces mystérieuses toxines. En réalité, l’abus de diurétiques a surtout pour effet d’éliminer une grande quantité de minéraux et d’oligo-éléments sanguins, et favorise l’anémie, fragilisant ainsi l’organisme.
Dès 2009, le magazine Que choisir Santé dénonçait « L’intox des méthodes détox », et de nombreux médias scientifiques énumèrent depuis les innombrables produits, méthodes et techniques de « détox » toujours plus chers, plus complexes et plus invraisemblables.
Sans fondements scientifiques, les résultats concernant la détoxication sont peu quantifiables (notamment du fait de l’absence de toxine à quantifier) et très critiqués par les biologistes.Selon Edzard Ernst (professeur émérite en médecine complémentaire à l’université d’Exeter), « Il n’existe aucun mécanisme connu – et certainement pas les traitements « detox » – capable de faire en sorte que des fonctions en parfait état dans un corps sain puisse fonctionner mieux. »
En revanche, le fait de passer d’une alimentation déséquilibrée à une alimentation plus rationnelle et une bonne hydratation améliore certainement l’état général des individus. Les eaux « détox » à base d’eau et d’infusions de fruits ou de légumes sont ainsi un excellent moyen de s’hydrater toute la journée sans consommer de sucres ajoutés ou de sodas.
Plus dangereux, la détox sert parfois de produit d’appel pour des endoctrinements plus poussés, tels que les cures de jeûne prétendument thérapeutiques ou les dérives sectaires.
Quant aux vertus expiatoires des excès gastronomiques de la détox, elles reposent sur un fantasme purificateur et sont souvent instrumentalisées par des mouvances sectaires.