Le mouvement artistique aborigène moderne
Le « mouvement artistique aborigène » proprement dit est né dans les années 1970 sous l’impulsion d’un professeur anglais Geoffrey Bardon qui poussa les élèves de la communauté de Papunya (centre de l’Australie) à reproduire sur des murs, des panneaux ou de la toile les motifs du Temps du Rêve.
Selon le critique Robert Hughes, « le dernier grand mouvement artistique pictural du XXème siècle était né… »
Les représentations sacrées porteuses de pouvoir et d’histoire étant réservés aux initiés, différentes techniques (comme le pointillisme) furent utilisées par les artistes pour préserver leur caractère secret et n’en montrer que la partie profane.
Le succès fut tel que les ventes d’art aborigène culminèrent jusqu’à 200 Million $ par an durant les années 1990-2000. Après avoir longtemps été ignoré, la flambée commerciale de cet art permit aux communautés aborigènes de se reconstituer et de diffuser dans le monde entier une version temporelle de leur culture millénaire.
Considéré comme l’héritage d’une civilisation en voie d’extinction, cet art fut néanmoins catégorisé par le marché de l’art comme « art ancien, ethnographique »…
Progressivement cantonné dans les stéréotypes, les techniques et les motifs standardisés, le marché donne la part belle aux artistes « historiques », laissant peu de place à une création aborigène contemporaine.
Rares sont les marchands à se risquer à soutenir de jeunes artistes. Les grands initiés porteurs de la tradition picturale millénaire disparaissant sans transmettre leur art, la vitalité et le renouveau de l’art aborigène d’ Australie sont plus que jamais en question. D’autant que les communautés aborigènes disséminées dans le pays, souvent isolées et porteuses de leurs propres traditions, sont menacées par les gouvernements régionaux de regroupement près des grandes villes.
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