Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant d’adultes indépendants retournent vivre chez leurs parents. Très rare en Europe de l’Est ou en Asie, impensable il y a quelques années encore en Europe occidentale, ce phénomène dit « boomerang » entre progressivement dans les mœurs. Considéré par les parents comme inévitable et transitoire, il est encadré par des règles de cohabitation entre adultes.
Comment définir cette «?génération?» boomerang??
Il s’agit d’adultes entre 25 et 49 ans forcés de retourner vivre chez leurs parents après une période d’indépendance.
Ce phénomène diffère de celui du départ tardif du foyer des enfants («?phénomène Tanguy?»).
En France, 35 % des 25-34 ans vivant chez leurs parents auraient déjà fait l’expérience d’un logement indépendant et 7 % des 30-49 ans seraient déjà rentrés chez leurs parents.
Même si ce phénomène est transgénérationnel ( génération X, Xennials et Millennials), la tranche d’âge 24-35 ans est la plus concernée (35 % pour le se sexe masculin et 21 % pour le sexe féminin).
Cette «?génération?» boomerang est parfois appelée génération «?nidicole?», «?kangourou?» ou «?hôtel Mama?».
Pour quelles raisons ces adultes devenus indépendants retournent-ils vivre chez leurs parents ?
Elles sont multiples, que ce soit:
- un échec dans les études, une réorientation en termes de formation ou une reconversion professionnelle?;
- le temps de trouver un emploi à la fin des études?;
- le temps de rembourser un crédit études?;
- une rupture conjugale (difficultés économiques et problèmes affectifs)?;
- un licenciement économique suivi d’un épuisement des droits?à chômage?;
- un retour provisoire le temps d’accéder à la propriété?;
- une démarche solidaire d’aide aux parents ayant des soucis de santé ou d’ordre professionnel?;
- une perte de confiance en soi, une peur de l’engagement et une perte d’autonomie conduisant à rechercher la tutelle parentale.
Comment ce retour au foyer est-il vécu par les enfants et les parents??
Pour les enfants, trois cas de figure se présentent habituellement :
- il y a ceux qui sont de retour pour mieux repartir, ayant un projet viable en perspective,
- ceux qui n’ont pas de projet mais qui reviennent avec la ferme intention de repartir le temps de se refaire,
- et ceux qui sont traumatisés, en situation d’échec professionnel ou sentimental.
Dans les deux premiers cas de figure, les enfants gardent une certaine fierté du parcours accompli. Dans le dernier cas, ce retour est généralement mal vécu (retour en arrière, échec cuisant). S’ajoutant au traumatisme initial, il peut entraîner une dépendance voire une régression de l’enfant adulte.
Pour les parents, ces retours, ces besoins de refuge et de reconstruction affective ou professionnelle sont de plus en plus largement admis. Ils deviennent même la norme du fait de la précarité affective et professionnelle.
La famille s’apparente à une «?famille accordéon?» dont les membres évolueraient au gré des à coups économiques et affectifs.
Comment se passe cette nouvelle cohabitation entre adultes??
Dans les premiers temps, même si elle est bien comprise, cette nouvelle cohabitation ne va pas de soi.
D’un côté, les enfants doivent respecter les habitudes, les règles de vie au quotidien et l’intimité de parents souvent à la retraite. De l’autre, les parents doivent veiller à ne pas réinstaurer les rapports infantilisants du passé.
Pour faciliter le «?re-vivre ensemble?», ils doivent s’entendre sur un contrat de vie définissant les règles de cette nouvelle cohabitation, entre vie familiale et colocation (participation aux taches ménagères ou aux dépenses, règles d’allées et venues à toutes heures ou d’invitation de tiers…).
Ce phénomène boomerang, dont l’ampleur dépend du milieu social d’origine (les plus défavorisés étant les plus touchés), traduit une nouvelle solidarité familiale entre les générations. Forcée au départ, elle est bien vécue si elle est passagère.
Après des décennies d’éclatement familial, la famille est redevenue ce refuge naturel, cet environnement sûr, connu et chaleureux où les parents servent de repère.
Impactant directement la qualité de vie des parents, ce retour à la maison des enfants adultes n’est néanmoins concevable que s’il est transitoire, au risque de créer de fortes tensions et de dégrader les relations parents-enfants adultes.
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