Composantes essentielles de l’art du discours, procédés stylistiques d’écriture, formules clés dans les interactions quotidiennes, les figures de style permettent de se singulariser, de retranscrire une vision et une personnalité originale en surprenant, sensibilisant le lecteur ou l’interlocuteur.
De quoi s’agit-il ?
Une figure de style est un procédé d’expression qui s’écarte de l’usage ordinaire de la langue, donnant une expressivité particulière au propos.
En décalage avec l’usage commun de la langue par l’emploi et l’agencement remarquable des mots, elles enrichissent les mots, créant un effet de sens.
Effort de pensée et de formulation, donnant au discours plus de grâce et de vivacité, d’éclat et d’énergie, elles provoquent l’émotion du lecteur.
Les différentes figures de style
Au choix, elles peuvent jouer sur:
- le sens des mots en recourant à l’analogie (comparer) ou la substitution (remplacer),
- la syntaxe (rupture de construction),
- la place des mots, en produisant l’insitance (insister)/ou l’opposition (opposer/contraster),
- les sonorités, relevant de l’art poétique,
- le discours.
COMPARER : Les figures d’analogie
- La comparaison consiste à mettre en relation deux réalités/choses/personnes différentes, partageant des similarités.
Un mot de comparaison (le « comparatif »), lie un comparé à un comparant (objet de la comparaison). La comparaison peut-être simple « L’enfant est plus vif que son père » ou figurative, avec une dimension rhétorique qui met l’accent sur le comparant.
Exemple : « Et cette terre était proche, et elle lui apparaissait comme un bouclier sur la mer sombre» – Homère.
- La métaphore désigne une chose par une autre qui lui ressemble ou qui a une qualité similaire.
Souvent confondue avec la comparaison qui affirme une similitude, la métaphore la suggère. Plus subtile, elle n’utilise pas de comparatif. Il peut s’agir d’une métaphore annoncée où le comparé et le comparant sont présents ou d’une métaphore directe dans laquelle le comparé est sous-entendu, le contexte étant alors très important pour en comprendre le sens. Elle est dite filée lorsqu’elle se poursuit dans le texte.
Exemple : « Il pleut des cordes » (expression populaire française); « Ce toit tranquille, où marchent des colombes»-Paul Valéry
- une image littéraire rapproche deux champs lexicaux similaires ou met en évidence un élément commun dans le but de donner plus de sens à la phrase. Elle peut aussi détourner le sens initial des termes utilisés pour créer une idée neuve.
Exemples : « Le soleil noir»- Gérard de Nerval; « Les souvenirs sont cors de chasse / Dont meurt le bruit parmi le vent » – Guillaume Apollinaire.
REMPLACER : les figures de substitution
- La personnification consiste à attribuer des propriétés humaines à un animal ou à une chose dans le but de les faire parler ou d’agir.
Exemples : « Je vis les arbres s’éloigner en agitant leurs bras désespérés » – Marcel Proust; « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux – Et je l’ai trouvée amère. » -Arthur Rimbaud.
- L’allégorie est une représentation indirecte concrète employant une personne/un être animé ou inanimé/une action/une chose, comme signe d’une autre chose, généralement une idée abstraite ou une notion morale difficile à représenter directement.
Exemples : « Mon beau navire, ô ma mémoire »— Guillaume Apollinaire; L’allégorie de la caverne de Platon; L’allégorie de la mort représentée par un squelette armé d’une faux; L’allégorie de l’angoisse : le tableau « Le Cri » d’Edvard Munch
- un symbole est l’utilisation d’une image en référence à quelque chose. Il permet de donner une image parlante sur une idée ou une chose.
Exemple : « Le poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête » – Baudelaire.
- l’hypallage consiste à lier deux termes grâce à la syntaxe. Epithète impertinente, elle agit par le décalage de la relation logique entre les éléments d’une phrase.
Exemple : « Qu’au son des guitares nomades, la gitane chante l’amour »— Louis Aragon
- un cliché est l’usage d’une image usée, proche du stéréotype.
Exemple : « La neige étend son blanc manteau»
- une synecdoque est utilisée pour exprimer la partie pour le tout, l’espèce pour le genre, la matière pour l’objet ou le concret pour l’abstrait.
Exemple : « Son vélo a crevé » (pour signifier que le pneu du vélo a crevé); « Le bateau crache une fumée noire » (pour signifier que de la cheminée du bateau sort de la fumée)
- une antonomase est le fait d’utiliser un nom propre comme un nom commun ou un nom commun comme un nom propre ou de remplacer un nom par une périphrase.
Exemples : « La capitale de la France » (pour désigner Paris); « Un dom juan » (pour désigner un séducteur); « Le Prince des poètes » (pour désigner Pierre de Ronsard).
- un euphémisme désigne le fait d’atténuer une idée ou une réalité .
Exemple : « Le troisième âge » pour désigner les personnes âgées.
- une litote consiste à dire moins pour suggérer davantage. Elle prend souvent la forme d’une formulation négative et s’oppose à l’euphémisme.
Exemple : « Va, je ne te hais point » (= je t’aime) (Corneille)
- une périphrase est le fait de remplacer un mot par sa définition ou une expression plus longue ayant le même sens. Elle est souvent utilisée dans un but poétique ou métaphorique.
Exemple : « Les filles du limon tiraient du roi des astres assistance et protection » – La Fontaine
- la métonymie désigne une chose par un autre terme qui convient pour la reconnaître . Il existe une relation logique entre l’objet ou l’idée désignée et le terme, créant une relation de cause à effet, de contenant à contenu, de l’artiste pour l’œuvre, de la ville pour ses habitants etc.
Exemple : « C’était au temps où Bruxelles chantait »— Jacques Brel ; « Cent voiles flottent à l’horizon. »
ROMPRE avec la construction courante, jouer sur la syntaxe
- une ellipse consiste à omettre volontaire un mot ou un groupe de mot logiquement nécessaires à la construction de la phrase.
Exemples : « Je n’avance guère. Le temps beaucoup. » – Eugène Delacroix; « La musique souvent me prend comme une mer ! … D’autres fois, calme plat, grand miroir » -Charles Baudelaire
- une asyndète est le fait de supprimer les liens logiques et les conjonctions de coordination dans une phrase.
Exemple : « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu » – Jules César; « Métro, boulot, dodo »
- une anacoluthe est une rupture de la construction syntaxique d’une phrase. La phrase ne suit pas la logique habituelle de la construction syntaxique.
Exemple : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face de la terre en eût été changée. » – Pascal, Pensées.
Aller plus loin :
ET SI ON UTILISAIT DES FIGURES DE STYLE ? Les connaître et les utiliser (2/2) !
Citation sur la langue :
« La figure de style divertit l’expression ordinaire pour le plus grand plaisir du lecteur. »
Sandra Perrot