SACHA GUITRY : 60 mots d’esprit d’anthologie

Alexandre Georges-Pierre Guitry, dit Sacha Guitry, est un comédien, dramaturge, metteur en scène de théâtre, réalisateur et scénariste de cinéma, né le 21 février 1885 à Saint-Pétersbourg et mort le 24 juillet 1957 à Paris. Il est l’auteur d’une centaine de pièces de théâtre qu’il a adaptées pour certaines au cinéma (33 films dont Le Roman d’un tricheur, Désiré, Mon père avait raison, Quadrille, Ils étaient neuf célibataires, La Poison, Si Versailles m’était conté, Assassins et voleurs…).

Taxé parfois de misogyne, Sacha Guitry avait plutôt une certaine idée de la femme, celle d’un homme du XIXe siècle, la couvrant de cadeaux et l’idolâtrant, à cent lieux des idées féministes. Travaillant tout le temps, il délaissait et lassait ses propres épouses, cinq au cours de sa vie, auxquelles se sont ajoutées d’innombrables maîtresses. L’essentiel dans l’amour, pour lui, demeurait dans la séduction par les mots et l’esprit.

Admirer, c’est aimer sans espoir de retour… Ce n’est pas un échange…
Aimer des défauts, c’est prendre leur défense.
Avec tout ce que je sais, on pourrait faire un livre… il est vrai qu’avec tout ce que je ne sais pas, on pourrait faire une bibliothèque.
Ayez du talent, on vous reconnaîtra peut-être du génie. Ayez du génie, on ne vous reconnaîtra jamais du talent.
C’est une grave erreur de croire que plus on est beau, plus on plaît aux femmes. Combien en ai-je vu de femmes qui trompaient des hommes beaux avec des hommes laids !… Pour avoir des femmes, ah ! c’est bien moins compliqué qu’on ne pense… Pour plaire aux femmes, il faut tout simplement s’en occuper…
Ça c’est vu: des gens qui ne pouvaient pas se quitter tellement ils se disputaient bien ensemble.
Ça ne se donne pas, les leçons, ça se prend…
Ce qui m’étonne c’est que des gens puissent mal jouer la comédie – alors que, tous, ou presque tous, ils la jouent du matin au soir – et quelquefois si bien !
Ce qui ne me passionne pas m’ennuie.
Ce qui ne tolère pas la plaisanterie supporte mal la réflexion.
Ce qui prime tout dans la vie, c’est l’argent. Sans argent, il n’y a pas de bonheur possible, et, jusqu’à une certaine limite, l’argent fait le bonheur. Cette limite varie selon les besoins de chaque individu. Il ne faut pas manquer d’argent, et il ne faut pas en avoir beaucoup trop. Parce que ceux qui en ont beaucoup trop se le font prendre par ceux qui n’en ont pas assez – et s’ils ne se laissent pas prendre leur argent, ils deviennent odieux.
Ce qui probablement fausse tout dans la vie c’est qu’on est convaincu qu’on dit la vérité parce qu’on dit ce qu’on pense.
Dans la conversation, gardez-vous d’avoir le dernier mot, le premier.
Elle : Je t’aime ! Lui : Moi aussi, je m’aime.
Elle s’est donnée à moi – et c’est elle qui m’a eu.
En fait, je n’ai qu’une prétention, c’est de ne pas plaire à tout le monde. Plaire à tout le monde, c’est plaire à n’importe qui.
Et, si j’étais le gouvernement, comme dit ma concierge, c’est sur les signes extérieurs de feinte pauvreté, que je taxerais impitoyablement les personnes qui ne dépensent pas leurs revenus.
Être assez intelligent, c’est n’être pas assez intelligent précisément. Être à moitié quoi que ce soit d’ailleurs est inutile – car c’est toujours l’autre moitié qui fait défaut.
Être parisien, ce n’est pas être né à Paris, c’est y renaître.
Être riche, ce n’est pas avoir de l’argent – c’est en dépenser.
Fais rire le public. Dissipe son ennui. Et s’il te méprise et t’oublie sitôt qu’il a passé la porte, ça ne fait rien. On oublie toujours ceux qui vous ont fait du bien.
Femmes, je vous adore – comme on adore une édition originale : avec ses fautes.
Flirter avec une femme, c’est courir après elle jusqu’à ce qu’elle vous rattrape.
Généralement les gens demandent des conseils et puis ils ne les suivent pas !
Il arrive un âge où tout à coup l’on s’aperçoit que le physique que l’on a ne correspond plus très bien aux habitudes que l’on prend, aux idées qui vous viennent, aux sentiments que l’on éprouve…
Il est bon de lire entre les lignes, cela fatigue moins les yeux.
Il est très délicat de se dérober à l’honneur que vous fait une femme en s’offrant à vous.
Il faut dépenser pendant qu’on est jeune l’argent qu’on gagnera quand on sera vieux.
Il faut être amoureux de la femme qu’on aime. J’entends pas là qu’il faut la courtiser comme si jamais on ne l’avait eue – qu’il faut la convoiter comme si elle était la femme d’un autre. Il faut se la prendre à soi-même.
Il faut laisser à Dieu le bénéfice du doute.

Suite de l’article, page 2

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