CARNAVAL DE MOHACS (HONGRIE) : un carnaval fédérateur classé au patrimoine de l’humanité

Carnaval le plus important de Hongrie, classé au Patrimoine immatériel de l’humanité, les festivités des Busó à Mohács se déroulent du jeudi précédant le Mardi gras jusqu’au Mardi gras. À cette occasion, les habitants de la ville célèbrent la fin de l’hiver, mais aussi l’expulsion des Turcs en 1687. Expression à la fois d’une ville, d’un groupe social et d’une nation, le carnaval joue un rôle fédérateur majeur.

Ses origines

Le , les forces de l’Empire ottoman, menées par Soliman le Magnifique s’opposent à celles du royaume de Hongrie, commandées par le roi Louis II dans la localité de Mohács. En quelques heures, les Hongrois sont balayés et s’enfuient vers les marais. Louis II, meurt noyé avec son cheval. Les chefs de l’armée et la moitié des soldats sont mis à mort (20 000 victimes).La victoire des Ottomans va entraîner la partition de la Hongrie entre l’Empire ottoman, l’Autriche et la Transylvanie. Le traumatisme de la grandeur perdue du royaume indépendant de Hongrie est souvent comparé à celui du traité de Trianon (1920) qui amputera le pays des deux tiers de son territoire.

Mohács sera néanmoins le théâtre d’une victoire, en 1687, quand les armées autrichiennes et germaniques refouleront les Ottomans vers le sud.À l’origine de la célébration, une première légende dit qu’à la suite de l’occupation de la ville par les ottomans, les habitants de Mohács auraient fui trouvant refuge dans les marécages et les bois voisins. Une nuit, alors qu’ils discutaient autour du feu, un vieil homme apparut de nulle part et leur aurait dit : «?N’ayez crainte, votre vie va bientôt bien tourner, vous allez retourner chez vous. En attendant, préparez-vous à la bataille. Sculptez des armes et des masques effrayants et attendez une nuit d’orage. Un chevalier masqué viendra à vous. » Le vieil homme disparut aussi soudainement qu’il était arrivé. Les réfugiés suivirent ses paroles. Quelques jours plus tard lors d’une nuit d’orage, un chevalier surgit et leur ordonna de mettre leurs masques et de retourner à Mohács en faisant le plus de bruit possible. Ils l’écoutèrent. Les Ottomans furent si effrayés par les bruits, les masques et l’orage qu’ils crurent être attaqués par des démons et s’enfuirent de la ville avant le lever du soleil.

Une légende plus ancienne et moins populaire indique que lors des festivités les Busó ne feraient pas fuir les ottomans, mais l’hiver.

Les Busó, protagonistes principaux du Carnaval, sont des hommes vêtus de costumes effrayants (grands manteaux en peaux de mouton et pantalons en lin blanc) portant des masques en bois aux couleurs vives et couronnées de cornes d’animaux (bélier, bouc ou bœuf gris hongrois).

Certains viennent de pays voisins (Croatie et Serbie, Croates de Šokci, Slovénie locales et Pologne).

Le festival comporte plusieurs temps forts :

  • un concours de costumes pour les enfants,
  • une exposition d’art artisanal de masques ,
  • l’arrivée de plus de 500 Busó dans des canots sur le Danube pour un défilé parcourant la ville accompagnée de chars fantastiques tirés par des chevaux ou motorisés.
  • Les impressionnants Busó défilent dans toute la ville, les habitants agitant des crécelles à leur passage. Les Busó s’amusent à effrayer les jeunes filles et se rassemblent sur la place du village pour des danses folkloriques près du bûcher qui s’enflammera à la nuit tombée.
  • la mise à feu d’un cercueil symbolisant l’hiver, 
  • un grand feu de joie sur la place principale de la ville,
  • des festins et de la musique à travers la ville.

La fête, prenant de plus en plus d’ampleur, se prépare dans les écoles de la ville plusieurs semaines à l’avance. La technique de sculpture des masques se transmet de génération en génération. Un musée dédié à la culture du carnaval de Mohács a ouvert récemment ses portes.

La semaine du carnaval, la population de Mohács triple, les spectateurs venant de toute la Hongrie et de pays voisins pour participer à cette fête locale au retentissement national.

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